Si vous aimez le bon gros death baveux à la suédoise, vous êtes tombés au bon endroit avec ce premier album de Necrom. "All Paths Are Left Here..." revisite en effet les riffs riches en cholestérol des Entombed, Dismember et autres Grave pour un death metal évidemment lourd, gras et pas spécialement accueillant.

Necrom ne se limite pourtant pas qu'à émuler une vieille recette de death metal puisque "Dagon" nous fait entendre très vite que l'ambiance va être bien plus sombre, inquiétante et presque funèbre par ici. Des claviers fantomatiques introduisent ce morceau qui finit évidemment par partir sur ces bons vieux riffs grovvy et gras qui ont fait la renommée de la scène suédoise avec un son qui se rapproche de la fameuse pédale HM-2. L'ambiance générale reste toutefois plus sombre, plus froide et plus inquiétante même quand le groupe fonce dans le tas et balance du groove dans ses riffs. Pour un morceau qui porte le nom d'une nouvelle de Lovecraft, cette ambiance est à propos et elle l'est encore plus pour du death metal. "Fathers Will Feast" se montre plus teigneux et plus agressif en nous rappelant les premiers Dismember et "Food For Worms" sort des mélodies typiques des mêmes Dismember avec le groove et la rage des premiers Entombed. Notons l'excellent jeu de Lev Kurgansky qui répond ici au nom de Leviathan's Eternal Vessel et qui pose des parties bien plus inspirées que ce que l'on entend habituellement dans du death old school. Necrom se démarque aisément du reste des groupes qui reprennent cette formule à la fois par ses ambiances vraiment noires, morbides d'un côté et une agressivité plus marquée de l'autre. Contrairement à certains qui restent bloqués sur le mid-tempo, Necrom met une bonne dose de rage dans son death et se fait suffisamment puissant pour que le bon équilibre soit maintenu. Il glisse aussi pas mal de mélodies dans ses leads qui contribuent à cette fameuse ambiance de caveau, en plus des quelques claviers qui interviennent sporadiquement.

Des claviers qui rendent d'ailleurs l'entame de "Walls Have Hands" bien glauque avec une ambiance digne d'un film d'horreur bien sale. Une ambiance glauque que l'on retrouve sur "The Light Has Never Been Here" lui aussi doté de ces fameux claviers et qui développe même un climat désespéré, fantomatique voire hanté au milieu de ce death toujours aussi groovy et old school. Un contraste intéressant qui démarque une fois de plus Necrom de tout le reste de cette scène revival. On sent l'amour du genre mais aussi un propos peut-être plus sérieux que chez ses confrères, il y a une âme sur "All Paths Are Left Here..." que tous les groupes de death old school n'ont pas. "Templars Are Coming", quant à lui, est le morceau le plus lourd et écrasant de l'album et vous roule dessus sans ménagment avec une puissance qui n'est pas sans évoquer les maîtres incontestés de l'écrasage de tronche à savoir Bolt Thrower. Et comme Necrom maîtrise décidément l'art du contraste, c'est évidemment le morceau le plus teigneux et brutal de l'album qui suit celui qui se montre le plus lourd. "Tomahawk Of Bone" ne prend pas de gants et sort le bon vieux up-tempo qui tabasse pour trois petites minutes directes et bien nerveuses. Si la production laisse ce grain baveux aux guitares, elle évite elle aussi de singer les gros classiques du genre et garde un côté plus froid qui convient très bien à ces ambiances plus morbides que la moyenne. Necrom réussit à faire du neuf avec du vieux et à ressortir les bonnes vieilles recettes suédoises tout en leur ajoutant une âme différente, une personnalité propre à ces Ukrainiens qui laissent à "All Paths Are Left Here..." leur empreinte glaciale.

Necrom frappe fort avec un premier album qui arrive à garder le gras et le groove du death old school suédois et à lui ajouter une personnalité plus froide, plus inquiétante et morbide. "All Paths Are Left Here..." saura évidemment comment parler aux vieux de la vieille mais ne se limite pas à ça et nous fait entendre une ambiance particulière qui nous laisse à penser qu'il y aura de bonnes choses à entendre sous ce nom.