"All Is Dust"
Note : 17/20
Neaera n’a pas dit son dernier mot. Le groupe se forge une réputation dans la scène
allemande, puis internationale à ses débuts, mais l’aventure sera stoppée en 2015. En
2018, Benjamin Hilleke (chant), Tobias Buck (guitare, I The Unlord, Our Loss Is Total,
Terra Builder), Stefan Keller (guitare, Our Loss Is Total), Benjamin Donath (basse) et
Sebastian Heldt (batterie, Our Loss Is Total) redonnent vie au projet, qui dévoile un nouvel
album en 2020, suivi par "All Is Dust", leur huitième création, qui sort en 2024 chez Metal
Blade Records.
On attaque avec la solide "Antidote To Faith" et ses influences metalcore vindicatives qui
complètent le death mélodique imposant avec une dimension plus virulente faite de
sursauts de rage. "Pacifier" prend la suite avec une approche saccadée beaucoup plus
martiale, mais également des passages plus majestueux qui créent un contraste avec la
violence du morceau, puis "All Is Dust" s’assombrit pour dispenser ses riffs épais. Les refrains
particulièrement lourds frappent également pour accentuer la fureur du morceau éponyme
avant que le son ne devienne à nouveau plus lumineux avec "Swords Unsheathed" et sa
dissonance aérienne, couplée à quelques parties plus lentes qui renforcent également le
côté froid du morceau. On remarque l’inverse pour "Per Aspera" qui met en avant ses racines
old school pour coller à ses patterns agressifs à la croisée des deux styles évoqués
précédemment, avec tout de même un break mélancolique, mais les racines belliqueuses
reviennent sur "Edifier", titre taillé pour la scène qui affiche fièrement des inspirations
hardcore.
La peine nous envahit peu à peu lorsque débute "In Vain" et son introduction
planante, et elle ne nous quittera pas quand les parties vocales déchirantes entrent à leur
tour en jeu, mais le son s’embrase avant le final et il explosera à nouveau avec la motivante
"Render Fear Powerless" qui sera également parfaite pour fédérer sur scène. Le contraste
avec la partie apaisante permet un mélange intéressant avant que "Dividers" ne vienne nous
molester avec son groove sec propice au mosh, mais que le groupe va à nouveau teinter de
dissonance et de froideur avant de nous agresser une dernière fois grâce à "Into The Hollow"
et ses patterns vifs qui ralentissent à peine sur les refrains.
La popularité de Neaera avait évidemment diminué avec sa pause, mais le retour du groupe
confirme bien sa puissance. "All Is Dust" va vous faire mosher et remuer le crâne
frénétiquement grâce à des racines metalcore efficaces tout en nous lacérant avec ses
influences plus mélodieuses.
"Neaera"
Note : 18/20
Après trois années de séparation, Neaera est de retour sur le devant de la scène. Créé en
2003 sous le nom de The Ninth Gate, les Allemands changent de nom l’année suivante. Et
le line-up ne changera pas d’un poil ! Benjamin Donath (basse), Sebastian Heldt (batterie),
Stefan Keller (guitare), Benjamin Hilleke (chant) et Tobias Buck (guitare) nous ont offert
six albums avant de se séparer en 2015. Mais 2018 est l’année de la renaissance, avec
l’annonce de la reformation ! Et en 2020, c’est "Neaera" qui sort, avec l’aide de Tristan
Hachmeister, leur producteur. Prêts ?
On démarre avec "(Un)Drowned", un titre instrumental introductif qui annonce la tornade à
venir. Et ladite tornade s’appelle donc "Catalyst". Un titre vif, des harmoniques tranchantes, et
des hurlements qui nous avaient manqués. Le death mélodique du groupe est d’une
efficacité redoutable, et la guitare lead perçante nous transporte tout autant qu’elle nous
violente. Même constat pour "False Shepherds", un titre au groove assumé et à la puissance
qui réside dans ces guitares ultra rapides. Côté rythmique, c’est également très solide, et le
duo basse / batterie reste très constant. Le titre ralentit parfois, mais repart de plus belle,
alternant les différentes capacités du vocaliste. On reste sur de la rage pure avec
"Resurrection Of Wrath", et sa rythmique qui nous propulse sur un refrain plus aérien. Le style
du groupe se diversifie, posant même un passage beaucoup plus lourd, mais on reste dans
un death mélodique imposant.
"Carriers" prend un pattern similaire, avec une rythmique lourde et efficace, mais un refrain
plus calme et ambiant, tout en restant dans des sonorités agressives. Un break saccadé
viendra faire remuer des crânes, et on sent que le groupe multiplie encore les influences.
Même constat pour "Rid The Earth Of The Human Virus", un titre aux racines thrash / death old
school assumées et qui se ressentent dans le mix. A nouveau des saccades, de la noirceur,
et de la violence, mais ce sont les inquiétants et sombres riffs de "Sunset Of Mankind" qui
prennent la suite. Le tempo ralentit, mais reviendra finalement à un rythme plus rapide après
nous avoir assommés. Et peu importe la violence de la composition, l’aspect mélodique
n’est jamais négligé, comme sur "Lifeless". Un véritable ouragan qui s’abat inlassablement sur
nous, le tout orchestré par des hurlements viscéraux.
La fin de l’album se dessine sous les riffs d’"Eruption In Reverse", un morceau à nouveau très
planant qui permet d’apprécier à la fois la beauté mais aussi le côté glacial de cette
composition. Le final et sa dissonance apporte une fois de plus un petit quelque chose au
mélange, mais c’est "Torchbearer" qui prend la suite, avec à nouveau des sons dissonants,
une basse grondante et des atmosphères planantes. Dernier morceau, "Deathless" reprend
des sonorités plus martiales mais également une certaine profondeur dans la musique. Le
groupe donne tout ce qu’il a pour une ultime frappe, et ça se sent.
Pour son grand retour, Neaera n’a pas fait les choses à moitié. "Neaera" est un excellent
album, à la fois riche et diversifié. Les influences se multiplient, et leur combinaison donne
un rendu surpuissant. On ne s’en lasse pas.
"Ours Is The Storm"
Note : 12,5/20
Affublé d’une production vraiment bien foutue, Neaera fait un tout droit dans mes tympans. Clairement, le groupe ne cherche pas forcément très loin. Une recette bien concoctée, avec une grosse pincée de basse bien ronde, des guitares tonitruantes et breaks ravageurs et un gros blast qui tache bien comme il faut, et surtout, surtout de la double pédale en-veux-tu-en-voilà.
Bon, les morceaux s’enchaînent, c’est très death dans l’esprit et malgré des compositions qui ne diffèrent pas trop les unes des autres, le tout s’enchaîne bien. On pourra souligner tout de même des breaks qui reprennent bien et relancent bien la machine, guitare au poing.
L’intro passée, et un chant guttural poussant un cri inhumain pour enchaîner directement sur une litanie de 12 morceaux violents, avec certes de la technique, des couilles et des alternances de voix (impressionnantes cela dit en passant), l'ensemble ne touchera probablement que les fans de death metal.
La voix se veut une alternance entre du guttural imposant, profond et un chant criard étrange qui, et ce malgré une certaine constance, est un peu agaçant au bout du compte.
Une basse ronde, dont la production et le son sont vraiment bien amenés, mais un petit bémol, car ces lignes de basse reviennent un peu trop souvent, et l'on retrouve sur quelques morceaux certaines mêmes parties.
"Ours Is The Storm" bénéficie d'une production et d'un mix puissants, maîtrisés, et permettant aux morceaux de dégager une puissance assez intéressante.
Les morceaux s'enchainent, dans une veine death metal, pas forcément novatrice, mais que voulez-vous, plus personne n'invente rien. Le groupe a l'intérêt, dans son style, de faire cela très bien, très puissamment, et de façon maîtrisée. Les musiciens sont loin d'être des manchots, grâce à leur technique avec une grosse mention pour un batteur véritable machine à la double pédale.
En résumé, 12 titres, de la violence, mais rien de bien neuf dans le monde du death metal. Les morceaux s'enchainent et à défaut d'être LA nouvelle révélation, Neaera permet au moins de passer un moment de violence musicale sympathique. Le groupe tombe bien dans le registre des formations ayant assez de qualité technique et un répertoire assez étoffé pour assurer correctement les premières parties "chauffeur de salle" d'une tournée, pour peu que le jeu de scène soit intéressant, mais mériterait d'être plus inventif et créatif pour passer un palier supplémentaire afin de ne pas lasser l'auditoire rapidement.
|