Le groupe
Biographie :

Napalm Death prend ses racines à Birmingham, au début des années 1980. Leur style de l'époque alors très punk et proche du crustcore peut rappeler Discharge dans l’esprit furieusement anticapitaliste ("Hatred Surge" et les démos précédentes). "Scum", puis "From Enslavement To Obliteration" marquent le virage grindcore dont ils seront les pionniers avec les Américains de Repulsion. Le groupe de terroristes sonores voit alors défiler de nombreux musiciens qui seront à l’origine d’autant d’autres projets (Dropdead, Carcass, Cathedral, Defecation, Extreme Noise Terror, Jesu, Godflesh, Meathook Seed, Terrorizer, Righteous Pigs, Scorn, Brujeria, Unseen Terror, Pain Killer…) et après une incursion dans un death metal plus conventionnel sur "Harmony Corruption", ils trouvent leur style et leur line-up définitif à partir de l’excellent "Utopia Banished" en 1992 : un death-grind extrême et très technique qui gagnera encore en intensité au fil des années. Durant plusieurs albums, ils expérimenteront et incluront diverses influences, dont des sonorités indus, puis reviendront au deathgrind. Cette formation à facettes multiples a su évoluer tout en gardant un fil conducteur avant-gardiste et engagé.

Discographie :

1987 : "Scum"
1988 : "From Enslavement To Obliteration"
1989 : "Mentally Murdered" (EP)
1990 : "Harmony Corruption"
1990 : "Suffer The Children" (EP)
1991 : "Mass Appeal Madness" (EP)
1992 : "Utopia Banished"
1993 : "Nazi Punks Fuck Off" (EP)
1994 : "Fear, Emptiness, Despair"
1995 : "Greed Killing" (EP)
1996 : "Diatribes"
1997 : "Inside The Torn Apart"
1998 : "Words From The Exit Wound"
1993 : "Leaders Not Followers" (EP)
2001 : "Enemy Of The Music Business"
2002 : "Order Of The Leech"
2004 : "Leaders Not Followers Part. II"
2005 : "The Code Is Red… Long Live The Code"
2006 : "Smear Campaign"
2009 : "Time Waits For No Slave"
2012 : "Utilitarian"
2014 : "Our Pain Is Their Power" (EP)
2012 : "Utopia Banished" (Réédition)
2015 : "Apex Predator – Easy Meat"
2020 : "Logic Ravaged By Brute Force" (EP)
2020 : "Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism"
2022 : "Resentment Is Always Seismic - A Final Throw Of Throes"


Les chroniques


"Resentment Is Always Seismic - A Final Throw Of Throes"
Note : 16/20

Napalm Death revient avec "Resentment Is Always Seismic - A Final Throw Of Throes", un nouvel EP légèrement plus expérimental. Depuis 1981, le groupe porté aujourd’hui par Shane Embury (basse, Brujeria, Lock Up, Venomous Concept, Tronos…), Mark “Barney” Greenway (chant, ex-Benediction, ex-Extreme Noise Terror), Mitch Harris (guitare, Defecation, Brave The Cold, ex-Meathook Seed) et Danny Herrera (batterie, ex-Venomous Concept) défend ses idées à travers une violence brute.

Aidés par John Cooke (guitariste live, Venomous Concept, Corrupt Moral Altar) et Russ Russell (Tronos, Absolute Power) pour les effets, le groupe est bien décidé à nous offrir son grindcore avec des influences diversifiées. Avec "Narcissus", on sent une noirceur profonde sur l’introduction qui se transformera finalement en déferlante de rage à la sauce hardcore / punk accompagnée de choeurs oppressants. Mais la base de leur agressivité reste intacte, et elle se retrouve sur "Resentment Always Simmers" qui dévoile des tonalités pesantes et presque occultes, notamment avec cette introduction accrocheuse et étrange. La saturation refait rapidement surface, mais elle reste ancrée dans ces tonalités sombres avant que "By Proxy" ne vienne nous inonder de violence déchaînée avec une courte composition sur laquelle les hurlements sont légions. On retrouve cette violence old school avant de passer sur "People Pie", un titre totalement différent et très groovy sur lequel le groupe accueille Catherine Sharples (Kathika) pour un duo vocal très éloigné de ce que l’on peut attendre des Anglais.

Vous pensiez un jour entendre des choeurs féminins et de la noise chez Napalm Death ? Ce jour est arrivé, mais le groupe repart dans le death metal old school avec "Man Bites Dogged", tout en conservant les racines brutes du grindcore pour des harmoniques cinglantes. Le morceau prend fin avec un chant oppressant, puis "Slaver Through A Repeat Performance" prend la suite en nous arrosant de riffs efficaces et agressifs tout en conservant cette originalité au chant. On comprend immédiatement quel groupe on écoute, mais on sent clairement que l’expérimentation est à la base de ce morceau, puis "Don't Need It" prend la suite avec à peine plus d’une minute de violence brute, celle sur laquelle la fosse va se déchaîner et laisser le groupe faire ce qu’il veut, y compris un solo déjanté. Pour clore l’album, le groupe a décidé de nous offrir une version nettement plus sombre de "Resentment Is Always Seismic", en la confiant aux mains expertes de Shane et son projet de dark ambient / industrial Dark Sky Burial. Peu importe ce à quoi vous vous attendez, vous serez surpris par cette vague de noirceur.

Napalm Death sait manier la violence, il n’y a aucun doute là-dessus. Pourtant, leur dernier album laissait entrevoir des éléments nouveaux, qui sont développés sur "Resentment Is Always Seismic - A Final Throw Of Throes", un EP aussi intéressant que surprenant, qui prouve que l’innovation a du bon.


Matthieu
Février 2022




"Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism"
Note : 17/20

On ne présente plus Napalm Death. Le groupe roule littéralement sur la scène death / grind depuis des années. Créé en 1981 avec des racines punk, le groupe compte à nouveau sur la basse de Shane Embury (Brujeria, Lock Up, Venomous Concept…), les hurlements de Mark “Barney” Greenway (ex-Benediction , ex-Extreme Noise Terror), les guitares de Mitch Harris et John Cooke (Corrupt Moral Altar, Venomous Concept) ainsi que la batterie de Danny Herrera (Venomous Concept). Un artwork provocateur de Frode Sylthe (The Haunted , At The Gates, Saturnus…) pour appuyer leurs propos, et place au son !

On démarre en trombe avec "Fuck The Factoid", un titre dans la plus pure tradition du grind violent et dérangeant des Anglais, la dissonance rencontrant à nouveau des riffs efficaces et bruts. Même constat pour la dynamique "Backlash Just Because". Violence gratuite, rythmes groovy, son tranchant… tout ce que l’on aime dans un titre du groupe. Le groupe nous offre à nouveau de petites explosions de brutalité sous une rythmique à la fois tranchante et énergique avec "The Curse Of Being In Thrall", un titre qui fera probablement des ravages en live. Les musiciens renouent avec ces sons dissonants et dérangeants grâce à "Contagion" avant de laisser le vocaliste se déchaîner à nouveau entre deux riffs. On change d’ambiance avec les sonorités electro de "Joie De Ne Pas Vivre", où l’on découvre également une nouvelle facette de la voix de Barney, avant de revenir à des sonorités plus mélodieuses pour "Invigorating Clutch". Si le début du titre est presque mystique, la suite devient plus sombre et brutale.

"Zero Gravitas Chamber" revient sur une dynamique plus traditionnelle entre un grindcore énervé et un death metal acéré, avant la complexe "Fluxing Of The Muscle". On retrouve des pointes de technicité, ainsi que qu’un chant plus rauque par moments pour accentuer le côté death metal. A nouveau la dissonance est à l’honneur dans la douce et joyeuse "Amoral", un morceau qui change réellement des sons que l’on a l’habitude d’entendre de la part du combo. Pourtant, ce petit virage sonore reste dans l’univers des anglais, qui enchaînent avec la voix introductive de "Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism", le titre éponyme. La violence se saisit à nouveau des musiciens, qui se déchaînent littéralement, s’autorisant quelques passages moins rapides avant de reprendre leur vitesse de croisière à grands coups de batterie. "Acting In Gouged Faith" prend la suite avec des riffs purement death metal sur lesquels Barney nous montre ses capacités vocales avant "A Bellyful Of Salt And Spleen", une composition à nouveau très originale. A la fois surprenant et chaotique, le manifeste s’intègre toutefois à merveille dans l’album et le referme en beauté.

Après près de quarante années d’existence, Napalm Death se renouvelle encore. Si on retrouve des rythmiques évidentes et violentes dans "Throes Of Joy In The Jaws Of Defeatism", le groupe innove grâce à des sonorités dérangeantes qui font leur force.


Matthieu
Septembre 2020




"Apex Predator – Easy Meat"
Note : 18/20

Plus de trois décennies après sa naissance bruyante et tourmenté, le nom "Napalm Death" fait toujours autant trembler de terreur tous ceux qui ont, par hasard ou de leur propre volonté, posé une oreille sur la déferlante grind / death du quartet anglais. Et ce n'est pas près de s'arrêter en 2015 car voici que Barney et sa bande nous livre une nouvelle arme de destruction massive au titre évocateur, "Apex Predator – Easy Meat". Le groupe contenu son parcours discographique s'apparentant, depuis une dizaine d'année, à un sans faute exemplaire, depuis "The Code Is Red... Long Live The Code" sorti en 2005 avec une série d'albums phénoménaux de créativité et de brutalité, et ce, sans renier la qualité intrinsèque des albums sortis auparavant, fin 90's / début 00's, qui sont bons mais moins marquants.

Avec cet opus, Napalm Death est fidèle à lui-même, mais surprend également au niveau composition pure, agrémentant son son de petites idées fort bien trouvées, et intégrant des plans et influences plus saugrenues au vu du style pratiqué, continuant ainsi la logique de diversification qu'il suit depuis quelques temps déjà.

Première chose, "Apex Predator" est un peu plus court que ses grands frères. Bien que possédant en moyenne le même nombre de morceaux, ceux-ci sont plus courts et vont droits au but, faisant fi d'introductions trop longues ou de développements inutiles. Nous sommes ici dans la rage ultime et la concision, ND opérant une sorte de retour à ses fondamentaux. On note aussi l'absence de refrains, comme on pouvait en trouver sur des morceaux comme "On The Brink Of Extinction", "The Wolf I Feed" ou bien "When All Is Said And Done". Les compos évoluent d'elles-mêmes, sans "effort" de structuration (au sens de chanson) et tracent des sillons droits et inexorables comme le tracé d'une balle, du canon à la cible avec tous les dégâts intermédiaires. Le groupe est toujours autant, voire plus, en colère que jamais, ou, pour reprendre précisément les termes de Barney, plus "affecté. Et cela s'entend car c'est à un carnage sonore que nous avons droit. Pointant toujours du doigt les problèmes de notre société occidentale et les déboires humains, l'attention est cette fois portée sur un évènement précis, qui a donné ligne de départ du contenu parolier d'"Apex Predator – Easy Meat", à savoir l'effondrement, au Bangladesh, d'un bâtiment servant d'usine à certaines des plus grandes marques de prêt-à-porter du monde, ayant un nombre effrayant de victimes (plus de 1000 morts), et dont les suites n'ont pas inquiété ou dérangé plus que cela les responsables.

On est surpris par le morceau introductif donnant également son titre au disque (mais qui, après coup, donne une dimension supplémentaire au disque, par rapport au drame précité ayant servi de base inspiratrice). Une voix sourde et grave entonne des incantations, instaurant une ambiance cérémoniale. Puis, le rituel se poursuit avec l'addition de percussions tribales, à la tessiture industrielle. Apparaissent successivement les voix de Barney, Mitch et la basse sursaturée de Shane, dans une grande messe industrielle désaxée. Une ambiance réussie et prenante, qui va crescendo, jusqu'à l'explosion de fureur "Smash A Single Digit", s'apparentant à un bombardement nucléaire sur un pays du Moyen-Orient. La doublette "Smash A Single Digit" / "Metaphorically Screw You" ne fait aucun survivant. Du grind pur jus exécuté de main de maître. "How The Years Condemned", aux riffs tournoyants et hypnotiques, est un titre plus punk, classique, mais reste du pur ND, un petit morceau mid-tempo au feeling très pessimiste, une claque magistrale dans les gencives. Barney y est hallucinant dessus. "Stubborn Stains" est un titre qui, tel un serpent à l'affût, vous saute à la gorge au moment où vous vous y attendez le moins, une tension palpable, menaçante, omniprésente, qui explose à votre visage. Le groupe ne relâche pas la pression avec le titre suivant "Timeless Flogging", et ce n'est pas son genre. Encore un missile envoyé avec brio. Le prochain titre "Dead Slum Landlord" (que le groupe jour depuis un bon moment sur scène) commence de façon plus posée. Barney y pose sa voix de façon différente, chantant presque, dans des inflexions mi-calmes, mi-irritées, puis reprend sa voix plus consensuelle par-dessus des riffs lourds et puissants. "Cesspits" et "Stunt Your Growth" sont deux nouvelles mandales dans la gueule. Nouvelle surprise en la forme de "Hierarchies", morceau contenant une sorte de refrain chanté, déclamé à la façon d'un chant patriotique rendant hommage à des frères disparus. Une tension dramatique se dégage de ce titre. "One-Eyed" délivre son grind / death imparable qui fait du bien avant le morceau final "Adversarial/Copulating Snakes" nuancé mais imprévisible.

Cet album est une magistrale leçon de violence intelligemment composée et parfaitement jouée. La pruduction une nouvelle signée Russ Russell, est plus sale que sur les albums précédents, plus crue, l'auditeur devant davantage se concentrer pour saisir tout ce qu'il se passe, mais cette âpreté, au final, sied très bien au compositions, plus rentre-dedans. Barney y est plus impressionnant que jamais, Mitch semble s'enfoncer plus loin dans les méandres de la démence, ses cris étant plus perçants et criards que dans le passé (on a l'impression qu'ils sont l'œuvre d'un psychopathe échappé de l'asile d'Arkham) tandis que ses riffs sont implacables de précision. Qu'ils soient punk, grind, death ou noise, ils sont toujours d'une grande inspiration. Le son de basse de Shane Embury est à son image, énormé et gras. Enfin, et avant de conclure proprement cette chronique, nous souhaiterions, à notre humble niveau, rendre un tant soit peu justice à Danny Herrera. Le batteur, présent depuis 1991 dans le combo et jouant quasiment tous les albums, est l'un des meilleurs batteurs extrêmes en circulation mais n'est malheureusement jamais cité, dans les référendums, dans les webzines / magazines ou lors de conversations ô combien exhaustives et passionnantes sur notre musique préférée. Histoire de rendre à César ce qui appartient à César.

Les vétérans sont toujours au top de leur forme et font toujours de la résistance. Précurseur d'un genre musical réputé le plus violent de la planète et parrains d'une scène entière qui ne cesse de compter de nouveaux adeptes, La Mort Au Napalm demeure la référence ultime en la matière, gardant un pied bien ancré dans une indéfectible tradition punk hardcore mais sachant constamment évoluer et repousser les limites de son art. Il est admirable de constater que 34 ans après leur formation dans les faubourgs de Birmingham et avec 15 albums studios au compteur, ce prédateur est toujours pertinent, tant musicalement, scéniquement et artistiquement, et a plus que jamais sa place au sommet de la chaine alimentaire des musiques extrêmes actuelles. Barney a beau hurler "How The Years Condemned" sur ce nouvel attentat sonore, Napalm Death n'accuse en aucun cas le poids de l'âge et prouve que le meilleur est encore devant lui, pour le plus grand bonheur de nos organes auditifs.


Man Of Shadows
Janvier 2015




"Utopia Banished"
Note : 16/20

Succédant le tout nouveau "Utilitarian", voici le mythique "Utopia Banished" de 1992 fraîchement remastérisé. A l’époque où le drummer Mick Harris a quitté le groupe pour se concentrer sur son projet de soliste, son remplacement par Danny Herrera a conféré un nouvel aspect rythmique aux albums suivants, encore plus pachydermique et radical.

L'album "Utopia Banished" (1992) marque donc le départ de Mick Harris, leader du groupe à l'époque, pour se consacrer plus intensément à son projet solo, Scorn. Napalm Death prend alors une impulsion radicalement death / grind qui s'imprimera sur la totalité des albums suivants, conséquence des performances de Danny Herrera, qui remplace Mick Harris derrière les fûts, dont l'art de la composition se centre moins sur la recherche de tempos alambiqués que sur l'agressivité des sections rythmiques. La production s'anime d'un esprit résolument indus et déshumanisé, en totale rupture avec le légendaire "Scum" qui s'octroie une production plus goudronneuse et old-school. Dans cet album, les Anglais nous proposent un set qui brille tant par sa pluralité, son agencement et son travail de composition que par sa sauvagerie, de la basse hypra-saturée de Shane Embury dans "Dementia Access", "Juidicial Slime" et "I Abstain" au riffing massif de Mitch Harris dans "Idiosyncratic" et "Got Time To Kill" ; le blast est, quant à lui, instauré comme une vraie ligne directrice : la totalité de l'oeuvre laisse s'exprimer le talent dévastateur d'Herrera. "Distorting The Medium", entre autres, fait persister l'esprit grind qui a initié le parcours de Napalm Death, alors que "Juidicial Slime" s'autorise quelques inflexions death notamment avec un solo final bien surchauffé.

Il est question d’un album globalement très riche, doté d’un plan rythmique placé sous le signe de la nuance et de la vivacité, résultant d’un travail de composition cohérent et d’une efficacité à toute épreuve ; dans cette nouvelle édition, l’accent est mis sur le blast ravageur de Danny, les lignes de basse monumentales de Shane Embury et le timbre hargneux de Barney, le riffing furibard de Pintado et Mitch Harris, par conséquent, semble cette fois très légèrement couvert dans certains morceaux comme "Cause And Effect (pt.2)" et "Christening Of The Blind". Néanmoins, ce remastering fait la part belle à tout le côté agressif et entraînant du death grind Napalmien, ce qui est du plus bel effet. Mention spéciale aux quatre titres bonus qui viennent parachever agréablement l'ensemble, particulièrement avec le très grind "Sick And Tired" et le très entraînant "Malignant Trait".


Delph
Juin 2012




"Utilitarian"
Note : 19/20

"L'utilitarisme est une doctrine éthique qui prescrit d'agir (ou ne pas agir) de manière à maximiser le bien-être global de l'ensemble des êtres sensibles." Wikipédia

En 1988, le très sérieux NME faisait sa couverture avec ce titre "Napalm Death, The Fastest Band of The World". Et bien, force est de constater que malgré les années, rien n’a changé. La révolte maintient en forme apparemment. Le but de Napalm est intact 30 ans après : combattre et dénoncer les injustes d’une société à la dérive où comme l’illustre la pochette les cols blancs piétinent violemment les cols bleux impuissants. En utilisant comme moyen de révolte pacifiste la musique, nos grindeux favoris nous sensibilisent à leurs valeurs et nous alertent encore. Les gars de Birmingham reviennent donc avec un album altruiste et "utile" emplie de argue et de rage. Les pionniers du grindcore en remettent une couche bien épaisse avec ce nouvel album d’une extrême richesse. Tout y est : un son parfait et d’une ampleur reconnaissable entre mille, des compos chargées, inspirées et créatives, des musiciens qui se bonifient avec l’âge et un chanteur qui a encore bouffé de la vache enragée. Non impossible me dit-on, il est végétarien…

Une introduction lourde et pesante pour nous mettre directement dans l’ambiance d’"Utilitarian" avec une agressivité latente contrairement. Puis, c’est le début du matraquage en règle avec cette teinte si caractéristique au son de Napalm Death : naturelle. Et ça ne s’arrêtera plus de tomber. Napalm Death exploite le death, le punk, le hardcore, le grindcore et pourtant arrive à donner une certaine clarté au son et de la puissance tout en gardant l’agressivité. Le grindcore originel incisif s’est plus ouvert sur le death puissant et dévastateur. Mais, il n’y a bien sûr pas que ça chez Napalm. On sent une réelle volonté de créer et d’expérimenter. A ce titre, un étrange guest instrumental sur "Everyday Pox" vient se mêler au chaos ambiant : le saxophone de John Zorn est détourné et se fait strident puis vient se fondre avec la sauvagerie des riffs de guitare dissonants et l’intense batterie. Puis, retour aux racines anarcho-punk de Greenway avec "The Wolf I Feel"  dont vous ne pourrez plus vous passez, c’est certain. Le refrain de ce morceau de punk extrême est tout simplement entêtant avec un passage de chant clair mystique. On reste dans le mystique et le fantomatique avec l’ajout de samples vocaux typés gothiques (à la Morale) sur "Fall Of Our Swords" et "Leper Colony". Barney hurle, aboie sur "Blank Look About Face" avec sa voix grondante de névrotique aliéné. Son discours est toujours aussi fourni. La fin de l’album est une succession de pistes expéditives avec beaucoup de riffs thrash et une puissance de feu ultra brutale. Barney et son grunt autoritaire d’hystérique possédé allié au chant saturé de Mitch nous file la chair de poule et nous retourne les tripes pour mieux nous convier à leur soulèvement et leur révolte.

Cet album est un pur concentré d’énergie brutale et d’agressivité hautement contagieuse. Napalm Death fait encore preuve d’une impressionnante férocité avec une technique impeccable et précise. A cela, il faut rajouter une créativité originale qui manquait dans "Time Waits For No Slave". On reste électrisé par les vocals toujours aussi inhumaines de Barney. On remercie Napalm Death pour ce geste utilitariste. En retour envoyons leur un petit "Don’t Let Them Grind Ya Down" de Motörhead pour que l’inspiration et l’énergie du grind ne les quittent jamais.


Maria & Poots
Février 2012




"Time Waits For No Slave"
Note : 19/20

Napalm Death, rien que prononcer ce nom, je suis sûr d'avoir éveillé l'intérêt des fans de musique extrême, n'est-il pas ? Eh bien oui, les pionniers du grindcore sont de retour avec un nouveau CD. Comme chacun le sait, le groupe a commencé en grindcore pour évoluer avec des influences death pour depuis quelques années nous servir ce qu'on pourrait appeler du grind-death... ou du death-grind... ou du death-grind-core-extrême... ou du... Bon, je vais rester avec le death-grind, je préfère ça !

Quels sont les superlatifs que je pourrais utiliser pour décrire un album de Napalm Death ? Brutal, violent, extrême, furieux, bestial un peu tout ça. Un petit mot sur la pochette : superbe, pas d'autre mot ! Tout d'abord, la production sonore : parfaite ! Tout est parfaitement audible, la batterie a un son énorme, les guitares aussi. Et la voix, Barney, c'est de pire en pire... Quand on voit le bonhomme avant un concert on se dit : "Tiens, il a l'air totalement normal ce type, on dirait pas un métalleux" ! Et une fois sur scène, on se rend compte que c'est un psychopathe et qu'il a une voix de fou furieux. Et ici, c'est une voix de fou malade furieux ! Il gueule de sa voix bien gutturale, et quand il a fini de gueuler, il gueule encore plus fort. 14 titres, c'est ce qui vous attend, et au programme, des riffs hyper rapides et techniques, un rythme ultra speed, des blasts beats, des doubles kicks, ça ne ralentit quasi jamais. Les seuls moments que vous aurez pour souffler seront les blancs entre les pistes. Et même si certains diront que Napalm Death se répète avec cet album, je leurs réponds que non ! Ce sont juste tes oreilles qui sont pourries, mon gars ! Il n'y a aucune chanson à jeter là-dedans, ce sont toutes des monuments de brutalité !

Pour résumer, si vous voulez un album violent, brutal et extrême, foncez ! Si vous êtes fans de Napalm Death ma chronique n'aura servi à rien, vous achèterez de toute manière cet album ! Et si vous aimez la Star Academy, allez vous tirer une balle !


Danivempire
Décembre 2008


Conclusion
L'interview : Barney

Le site officiel : www.napalmdeath.org