Le groupe
Biographie :

Nami est un groupe de metal progressif originaire d'Andorre, formé en 2007, et actuellement composé de : Ricard Tolosa (basse), Sergi "Bobby" Verdeguer (batterie), Bernat Argemí (guitare), Filipe Baldaia (guitare), Roger Andreu (chant). Le premier album, Fragile Alignments, sort au printemps 2011 chez Klonosphère / Season Of Mist.

Discographie :

2011 : "Fragile Alignments"


La chronique


Il y a des groupes comme ça qui sortent de nulle part, dont vous n'avez jamais entendu parler et qui vous retournent la tronche en deux temps trois mouvements. Nami fait partie de ceux là, en même temps en faisant partie de la Klonosphère j'aurais dû m'en douter. Ils viennent d'Andorre et nous livrent leur premier album "Fragile Alignments".

Et on est pris à la gorge dès le premier morceau totalement instrumental et commençant l'album calmement, c'est le voyage dès le départ. C'est magnifique dès le début et on s'attend à se balader dans des contrées paisibles tout en profitant du paysage qui nous est offert, mais cette impression sera de courte durée. L'orage arrive dès "The Inner Man : Materia", contretemps et cassures rythmiques à gogos nous évoquant un certain Meshuggah, et le coup de grâce dans les dents avec le gros riff qui débarque surmonté par les growls d'ours du chanteur. Pour vous situer un peu le style du groupe on pourrait appeler ça du death progressif : agressivité, technique et mélodie font très bon ménage sur ce premier album de Nami ("Tiens tu l'as eu où cet album ?" - "Oh c'est un ami qui me l'a filé"........ désolé j'ai pas pu m'en empêcher).

En un seul morceau ces dingues ont quand même réussi à me faire penser à Meshuggah, Death voire même à des Atheist, autant dire que leur musique est subtile et fouillée. Et comme les morceaux sont en général assez longs vous avez le temps d'être désarçonnés et d'halluciner sur le nombre d'idées et de plans différents qu'ils arrivent à caser en 7 minutes sans paraître incohérents. D'ailleurs alors qu'on se dit qu'on a cerné le style du groupe, le voici qui nous prend à revers dès le troisième titre qui va jouer sur les plates bandes d'un groupe qui pourrait évoquer un mélange entre Tool et Opeth (surtout dans le chant le croisement en fait).

En tout cas c'est une fois de plus très beau et on se dit que ces petits nouveaux ont décidément un talent certain pour la composition, et on est encore une fois surpris de voir le morceau dériver en death technico-progressif avant de revenir sur de l'acoustique en voix claire. Ces mecs sont clairement cinglés et s'amusent à continuellement brouiller les pistes, juste histoire de paumer l'auditeur 5 minutes tiens. Le pire c'est que quand c'est beau ça l'est vraiment, avec des guitares cristallines et une voix claire et douce qui vous prend par la main pour vous promener un peu dans le monde du groupe. Et à l'inverse quand les mecs s'énervent le son de gratte suit, toujours puissant avec ce grain de crasse qui vous montre bien que la rigolade est finie.

En tout cas je crois pouvoir dire que les moins aguerris dans le domaine vont vite se paumer là dedans, cet album est un vrai jeu de piste et on change constamment de style ou d'ambiance. Si vous êtes friand comme moi de ce genre de friandises vous allez vous régaler, parce que c'est clairement le haut du panier là et le groupe a les moyens de ses ambitions. Les membres sont effectivement des monstres de technique, qui au contraire des frimeurs qui en mettent partout, jouent avec une étonnant subtilité et une finesse qu'on aimerait bien retrouver plus souvent sur des premiers albums. La prod' est elle aussi très bonne puisque le mix a été confié aux bons soins du talentueux Jens Bogren, et si vous connaissez son boulot vous savez à quoi vous attendre.

Les grands amateurs de musique unidimensionnelle vont clairement tirer la gueule, Nami a de multiples influences, adore piocher un peu partout et vous le fait savoir. En fait tout l'album est résumé dans sa pochette, toutes les couleurs et toutes les émotions se mélangent harmonieusement dans le même fourreau et cohabitent joyeusement le temps des quelques 58 minutes que dure ce "Fragile Alignments". Le seul aspect commun à tout l'album est une sorte de climat mélancolique qui règne sur tous les morceaux, et il se fait forcément plus présent sur les passages les plus calmes et mélodiques de la galette.

Je m'égare peut-être dans cette heure avancée de la nuit, mais ce "Fragile Alignments" m'a surtout évoqué une impression générale de pureté (finalement assez justifiée puisque l'espace et l'univers ont une place importante dans les thèmes évoqués). Je ne saurais comment l'expliquer mais cela m'a paru flagrant à l'écoute de l'album, comme si rien ne venait parasiter cette pulsion qui vous pousse à vous exprimer, cette force invisible qui finit par vous convaincre de vous livrer au travers de vos compositions. Toujours est-il que pour un premier essai c'est presque un coup de maître, et je vous conseille fortement de jeter une oreille sur ce nouvel arrivant qui ne devrait pas tarder à faire parler de lui. Nami est un groupe qui a les moyens de mettre pas mal de monde à genoux, et le jour où arrivera le deuxième album je crois qu'il va falloir se préparer à une confirmation fracassante. C'est en tout cas tout le mal que je leur souhaite, tout en félicitant une fois de plus la Klonosphère d'avoir de savoir dénicher de tels éléments.


Murderworks
Juin 2011


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.myspace.com/namiband