"Cerecloth"
Note : 17/20
Voilà huit ans que nous attendions le nouvel album de Naglfar, et voilà que les Suédois
nous l’offrent ! Intitulé "Cerecloth", il est le septième album du groupe, composé de Kristoffer
W. Olivius (ex-bassiste, actuellement chanteur, Bewitched, ex-Setherial), Andreas
Nilsson (guitariste, Malakhim, Occasum) et Marcus E. Norman (guitariste, claviériste et
bassiste, Ancient Wisdom, Bewitched). Pour le live (ainsi que l’enregistrement de l’album),
la formation compte également sur Alex "Impaler" Friberg (basse, Firespawn,
ex-Necrophobic) et Efraim Juntunen (batterie, Guillotine, Persuader).
On commence directement avec "Cerecloth", un morceau à la courte introduction angoissante
qui nous envoie directement nous faire déchiqueter par des riffs rapides et mélodiques. Les
Suédois n’ont absolument pas perdu la main, et ce premier titre ne confirme, entre
hurlements rauques et rythmique truffée de leads perçants. Sans transition on enchaîne
avec "Horns", une deuxième rafale toute aussi mélodique et puissante que la précédente.
Cette ambiance oppressante assurée par les vociférations du vocaliste et les riffs noirs mais
ininterrompus du groupe est toutefois très prenante. Une introduction entre basse, batterie et
nappes de clavier fantômatiques pour "Like Poison For The Soul", un titre légèrement plus
majestueux et glacial. Le son semble distant et moins agressif. Le chant se marie également
à la perfection avec cette ambiance aérienne, et on retrouve ce même aspect sur "Vortex Of
Negativity". La fureur revient bien vite avec un blast massif, mais les riffs des musiciens
traduisent à nouveau un côté froid du black mélodique des Suédois, qui est très agréable à
écouter. La guitare lead se démarque d’un coup, et donne un sursaut épique au morceau,
qui finira par ralentir peu après sa moitié.
On pioche à la fois dans un son old school et dans une accélération plus moderne pour "Cry
Of The Seraphim", un morceau différent des autres mais qui conserve ce voile mystérieux que
le groupe dépose lentement depuis le début de l’album, alors qu’on revient dans une fureur
sans limite pour "The Dagger In Creation". J’ai eu la sensation d’être littéralement pris dans un
typhon mélodique tranchant lors de ce morceau, avec pour oeil du cyclone le solo. Mais la
rythmique revient nous balayer une dernière fois avant de nous laisser avec "A Sanguine
Tide Unleashed". Plus court que les autres titres, il n’en est pas moins violent, bien au
contraire. Quelques breaks viennent donner un aspect plus brut au morceau, et c’est après
un final soudain que démarre "Necronaut". Peu de hurlements sur ce titre mélancolique, et
une progression dans l’intensité qui démarre par un son clair. Le riff avance et se transforme
finalement en lente complainte, mais le titre est court et après quelques vociférations c’est le
dernier morceau qui débute. Intitulé "Last Breath Of Yggdrasil", il réunit à la fois cette
ambiance froide et ces mélodies perçantes que les suédois savent parfaitement manier. Et
c’est après cinq minutes de fureur que le groupe laisse place à l’outro, qui referme ce
chapitre.
Naglfar a su récompenser notre patience avec "Cerecloth". Sur ces neuf titres, certains sont
clairement au-dessus des autres, mais l’ensemble reste très bon, et le black mélodique peut
compter sur l’un des maîtres en la matière pour assurer la pérennité du genre. Quant aux
lives, ils sont trop peu nombreux mais excellents.
"Téras"
Note : 13/20
C'est je l'avoue avec une certaine appréhension que j'ai écouté pour la première fois ce nouvel opus des Suédois de Naglfar. Grand amateur d'albums tels que "Sheol" et "Pariah", j'avais noté une évolution certaine sur "Harvest", plus rapide, mais quelque part aussi plus éloigné de ce qui faisait la musique du groupe à proprement parler quelques années auparavant. Alors, retour aux sources ou continuité dans l'évolution, je vous dirai ce qu'il en est vraiment de ce petit dernier nommé "Téras"... Ce qui est sûr en tout cas, c'est que j'attends de Naglfar qu'il me séduise à nouveau !!!
Après un morceau d'introduction assez intéressant et tout à fait dans le ton "Naglfar", le groupe nous dévoile sur « "Pale Horse" une facette encore plus brutale que sur ses dernières sorties. Voilà donc nos Suédois en train de blaster sur un morceau finalement assez répétitif et rehaussé d'une mélodie plutôt lancinante mais bien éloignée des mélodies flamboyantes de l'époque qui faisaient de Naglfar un pur produit Suédois !!! Et même si on retrouve la musicalité qui nous est chère sur le morceau suivant, il est indéniable que les Suédois ont pris goût au blast, lorgnant parfois du côté d'un Marduk période "World Funeral"...
Sur "The Monolith", Naglfar nous offre un morceau mid-tempo de très bonne facture, envoûtant à souhait mais là aussi très loin des fougueux albums cités précédemment... Certes, le groupe a été victime de quelques changements de line-up, mais la base reste malgré tout identique et n'explique donc pas véritablement ce changement de registre assez surprenant. Et en fait, ce nouvel album restera basé jusqu'au bout sur cette alternance de morceaux blastés et de morceaux mid-tempo... Choix surprenant même si le principal intérêt est de donner du relief à un album qui en a bien besoin !!!
Car en effet, le son n'est à mon sens pas du tout à la hauteur sur ce nouvel album !!! Faible sur "Pariah", il permettait de profiter pleinement de chaque instrument... Sur "Harvest", Naglfar avait trouvé un bon compromis donnant beaucoup de puissance aux nouveaux morceaux !!! Mais sur ce "Téras", les Suédois ont voulu jouer la surenchère comme ils l'ont fait avec les blasts... Et le problème majeur est une batterie trop en avant, proche de la saturation, et couvrant autant la basse que les lignes de guitare, élément essentiel jusque là dans la musique de Naglfar !!! Là où les mélodies auraient dû nous envoûter tout en apportant un élément de relief indéniable aux morceaux, la batterie couvre tout et rend de par le son l'ensemble on ne peut plus brouillon...
Finalement, c'est sur les morceaux mid-tempo où la batterie est moins fournie que les Suédois s'en sortent le mieux, le reste de l'album étant gâché par des blasts abusifs même si rapides à souhait... Et même si l'on essaye de faire abstraction de ce problème, les parties guitare en général, et les mélodies en particulier font pâle figure par rapport à ce à quoi le groupe nous avait habitué !!! Ce nouvel album tourne très vite en rond et un sentiment de lassitude s'installe bien trop rapidement, nous faisant presque regretter un "Harvest", album qui m'avait semblé en demi-teinte à l'époque...
En voyant ainsi Naglfar marcher par moments sur les plate-bandes de Marduk voire de Dark Funeral, même si on est heureux de voir qu'on a toujours affaire à du black-metal Suédois, on s'aperçoit assez vite que le groupe n'est pas armé pour faire face à ses concurrents !!! Naglfar avait trouvé sa voie, son style et était selon moi sur une pente ascendante... En voulant évoluer, le groupe s'est malheureusement perdu en route et se retrouve maintenant fondu dans une masse informe de groupes mélodiques alors qu'il n'y a pas si longtemps, le groupe brillait d'une lumière radieuse !!!
Je me souviens encore du groupe en ouverture d'un Dark Funeral affaibli par un Emperor Magus Calligula malade... Naglfar avait littéralement laissé leurs compatriotes dans l'ombre !!! De même au Party San comme on peut le voir sur le DVD bonus de "Harvest"... Des morceaux taillés pour la scène, une play-list de fou offrant à un public avide un show surpuissant qui aurait fait headbanguer n'importe quel paraplégique !!! Mais sur son terrain, Dark Funeral est imbattable et Naglfar l'apprendra à ses dépends s'ils retournent ensemble...
Bref, ce "Téras", même s'il est plein de bonne volonté, reste définitivement en demi-teinte !!! L'avantage, car il y en a un, c'est qu'il me permet de désormais apprécier "Harvest" à sa juste valeur... Les musiciens du groupe sont talentueux, on le sait, mais on les voit ici à court d'inspiration, ce qui est fort regrettable !!! En s'éloignant de leur style de prédilection, ils se sont aussi éloignés de leur public... Le Naglfar flamboyant d'autrefois est aujourd'hui meilleur sur le mid-tempo que sur le blast !!! Or si le groupe n'est pas au niveau de ses compatriotes sur la rapidité, il se retrouve en concurrence directe avec bon nombre de groupes sur le mid-tempo... Difficile alors, malgré tant d'années d'expérience, de sortir du lot !!! Dommage...
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