Il y a longtemps, fort, fort longtemps.... à l'époque d'une vieux fanzine Dark Medieval Times, j'avais reçu le premier album de Naer Mataron, un album appelé "Up From The Ashes", sorti en 1998, à l'époque chez le label Black Lotus Records, label grec également il me semble, comme Naer Mataron. Un label qui a fermé depuis, mais qui avait signé quelques bons albums comme Astarte entre autres... Ce premier album ne cassait pas vraiment trois pattes à un canard.... d'où mon manque d'intérêt sur la carrière de Naer Mataron.... Les années ont passé, on arrive quand même au sixième album, sans compter les EPs, et les compils... Je sais que même en ayant eu un œil observateur de loin, Naer Mataron a fait son trou et a pu avoir une certaine reconnaissance de la part du public au fur et à mesure de ses productions... Une reconnaissance relativement bonne tout de même, assurée notamment par le pénultième album qu'était "Praetorians"... Maintenant l'idéologie extrêmiste qu'on peut leur donner, ou qu'ils peuvent avoir, j'en n'ai rien à foutre, c'est de la musique de Naer Mataron dont on va parler. Au même titre que Nokturnal Mortum suscite la polémique alors que leur musique est vraiment bien écrite... Bref... Donc un sixième album, et ma foi, quel bon album.

Les Grecs continuent de s'inspirer d'un esprit très guerrier, puisant ses sources dans ses origines, avec maintenant le leader Kaiadas à la basse et aux vocaux, Vicotnik étant parti, Indra aux guitares et Asmodeus Draco Dux à la batterie... Et après avoir fait un rapide tour de la question au niveau flashback, on peut largement constater que le black metal de Naer Mataron n'est plus vraiment d'actualité, et que c'est du gros death metal très sombre et puissant qui ressort des entrailles de ce "Long Live Death". Produit, mixé et masterisé par Wojtek et Slawek Wieslawscy aux Hertz Studios, le son passe comme un caterpillar au milieu d'un champ jardin de botaniste. C'est excessivement massif, et ça réduit en miette le moindre monceau d'espèce animale ou végétale encore en vie... Il est sombre, noir, très noir, même si les riffs envoient un death metal hyper agressif et massif, on ressent cette noirceur dans les thèmes.

Bordel, ça poutre vraiment efficacement, la voix de Kaiadas, passe comme un lettre à la poste, avec un grain très bas, sur des accords eux aussi très bas. Les morceaux restent évidemment très épais, pas beaucoup d'espace, et cette opulence d'épaisseur est mise à profit pour amener les passages mid-tempo dans un registre hyper malsain et conquérant. Il n'y a qu'à écouter la terrifiante "I Am Lucifer, Messenger Of Your Death", un titre d'anthologie question pesanteur, opacité très "evil". Ouais, Naer Mataron a abandonné son black metal, sans doute qu'il va perdre des copains, dans son changement de sillage, mais qu'est-ce qu'on s'en fout... Behemoth a fait la même chose, et ça leur a plutôt réussi non ? C'est clair que là, on n'a peut être pas le style d'écriture d'un Behemoth, mais plus une carrière à la Christ Agony... Mais qu'importe, Naer Mataron a pris une assurance décès, et en matière de death metal, ça paraît plutôt utile...

Il y a quand même des riffs qui tâchent super bien la moquette comme "The Cult Of Doom And Dagger", "Goat Worship", même s'il y a quelques réminiscences black metal, ainsi que sur "Faceles Wrath Of Oblivion", on en prend plein la face du début jusqu'à la fin... Et si Melechesh possède un son inspiré par sa Mésopotamie, on sent bien que les conflits helléniques sont mis en musique par Naer Mataron, "Parade Into Centuries" (clin d'oeil à Nightfall ?) ouvre les vannes à ce niveau-là, on distingue à travers les blasts en furie, cette petite mélodie typiquement de chez eux, il n'y a plus qu'à mettre le casque et partir au combat... Pendant trente-six minutes, ça part à une allure folle, les blasts sont quasi permanents, mais ça reste tout de même très personnel, indépendamment du fait que par moments quelques inspirations américaines se font sentir... Trente-six minutes qui en l'occurrence paraissent plutôt courtes, vu comment l'album a été rondement bien amené et qu'on ne s'ennuie pas une seule seconde... "Long Live Death" est sans doute l'album du renouveau pour Naer Mataron, l'album du changement de cap, mais le pari est réussi car cet album est brutalement démoniaque !!!