Le groupe
Biographie :

Nachtmystium est un groupe américain de metal extrême et rock psychédélique créé par Blake Judd et Pat McCormick en 2001. Le nom du groupe est un mot-valise dérivant de l'allemand "Nacht" (nuit) et de "mystium", ressemblant à l'adjectif latin mysticum. Selon les membres fondateurs du groupe, le terme signifie "Obscurité Environnante". Si le groupe évoluait à ses débuts dans un black metal plutôt classique, leur son a beaucoup évolué pour s'imprégner de sonorités psychédéliques, l'éloignant peu à peu de la scène black metal.

Discographie :

2002 : "Reign Of The Malicious"
2004 : "Demise"
2006 : "Instinct: Decay"
2008 : "Assassins: Black Meddle, Part 1"
2010 : "Addicts: Black Meddle, Part II"
2012 : "Silencing Machine"
2014 : "The World We Left Behind"


Les chroniques


"The World We Left Behind"
Note : 15/20

Vous vous souvenez du "Final Chapter" d'Hypocrisy, l'album qui aurait dû être le dernier mais qu'en fait non ? Ben Nachtmystium vient de nous refaire le même coup, sauf que là où il avait fallu à Hypocrisy quelques années pour changer d'avis, il n'a fallu que quelques semaines à Nachtmystium pour faire de même ! C'est comme ça, il y a des groupes qui ne sont pas vraiment doués en matière de communication. Mais peu importe puisque ce qui nous amène ici c'est la musique, on ne va pas cracher sur d'éventuels albums supplémentaires, pour peu qu'ils soient de qualité bien entendu.

Après un "Silencing Machine" qui renouait avec les racines black du groupe, "The World We Left Behind" remet les sonorités psychés sur le tapis, la différence notable étant que celles-ci sont cette fois mieux intégrées et plus discrètes que sur "Assassins" et "Addicts". Finalement, ce nouvel album est très proche de son prédécesseur, on retrouve à peu près le même mélange entre l'agressivité black metal des débuts et les influences extérieures amenées par la suite. C'est l'équilibre entre les deux qui a été rectifié, cette fois l'agressivité cède un peu de place à la mélodie et aux délires expérimentaux et psychés. Le problème c'est que le groupe fait preuve cette fois d'un peu trop de répétitions à mon goût, car si un morceau comme "In The Absence Of Existence" propose d'excellentes mélodies et sait retenir notre attention pendant 7 minutes, les 8 minutes de "In The Endless Abyss" par exemple me paraissent du coup bien longues. C'est un sentiment que j'ai ressenti plusieurs fois à l'écoute de ce nouvel opus, le fait que certains titres auraient pu être quelque peu raccourcis et gagner en impact. L'album est loin d'être mauvais attention, mais comparé à ses prédécesseurs on ne peut s'empêcher de le trouver un poil en dessous. C'est ça le truc avec les groupes qui nous habituent à d'excellents albums, on en attend tellement qu'à la moindre baisse de régime la déception pointe le bout de son nez.

L'album est donc loin d'être mauvais, c'est juste que par rapport aux trois précédents il y a une légère baisse d'inspiration. Est-ce qu'il est temps pour Nachtmystium d'emprunter une autre voie ou est-ce que ce sont les déboires personnels de Blake Judd qui ont pesé dans la balance, je n'en sais rien, mais le fait est que "The World We Left Behind" est moins marquant que ses prédécesseurs. On en vient du coup à se dire que si le groupe continue finalement sa route, il serait peut-être judicieux qu'il prenne son temps, de quoi se ressourcer et revenir avec un album à la hauteur de ses illustres aînés. Encore une fois, celui-ci s'écoute plutôt bien, mais il manque la maîtrise qu'on pouvait sentir sur "Silencing Machines", cette synthèse quasi parfaite entre les deux grosses périodes de Nachtmystium. Des riffs qui se répètent un peu trop longtemps, des mélodies moins inspirées que d'autres, des morceaux un peu trop monotones, seul le chant de Blake Judd n'a pas subi de changement d'intensité finalement. Il y crache toujours ses tripes et certaines lignes de chant sont vraiment bien foutues, notamment sur "Tear You Down" où il passe de quelques chuchotements à une répétition de "Tear You Down, Set You Free" hurlé tel un mantra. Ce sont en fait ces moments forts qui font regretter le relatif manque de niaque d'autres passages, il y toujours pas mal de bonnes choses sur ce futur ex dernier album et les quelques moments de faiblesse se font d'autant plus remarquer.

Dans l'absolu, ce nouvel album est très bon. Par rapport à ses prédécesseurs, il est un poil en dessous. Si on arrive à en faire abstraction, tout se passe bien, dans le cas contraire, on ne pourra s'empêcher d'y trouver un manque d'inspiration. A voir ce que Nachtmystium va nous livrer dans un futur plus ou moins proche puisque le groupe n'est finalement pas mort, en espérant qu'il ait retrouvé, d'ici là, un peu de patate.


Murderworks
Octobre 2014




"Silencing Machine"
Note : 17/20

Nachtmystium est prolifique ces derniers temps, un album tous les deux ans en plus de l'implication de certains membres dans Twilight par exemple. Le groupe s'est surtout fait remarquer depuis la sortie du très bon "Assassins - Black meddle 1", ils y expérimentaient un mélange entre leurs racines black metal et des influences plus psyché. Le bouchon avait été poussé encore plus loin en matière d'exploration dans les 70's avec son successeur, "Addicts - Black meddle 2". Les voilà donc de retour avec ce "Silencing Machine", et on se demande s'ils sont définitivement quitté la sphère black metal en allant défricher des territoires encore plus inhabituels pour le genre.

Après l'écoute des deux premiers morceaux on serait tenté de dire que le groupe effectue un retour à un metal un poil plus virulent, plus proche de "Assassins" que de "Addicts" pour vous situer un peu la chose. Sauf que si vous avez écouté les deux précédents albums du groupe cités plus haut, vous devez savoir que ces américains aiment brouiller les pistes et prendre l'auditeur à revers. Et c'est exactement ce qui se passe dès "And I Control You" ; beaucoup plus pesant et proche de ce qu'on pourrait appeler des sonorités urbaines. On sent quelques petites pointes de Satyricon dernière période, et une bonne odeur de crasse mélangée à celle de je ne sais quelle substance chimique si "agréable" à nos narines. On est à peine remis que débarque "The Lepers Of Destitution" qui renoue avec la mélancolie que l'on retrouvait déjà sur les précédents albums, des mélodies magnifiques qui s'étalent sur plus de 8 minutes et qui posent un gros contraste avec le début de l'album bien plus crade.

Mais Nachtmystium est un groupe qui aime justement jouer avec l'auditeur, ses influences sont si vastes qu'on ne sait jamais à quoi s'attendre à chaque piste. La seule garantie que l'on a c'est que l'inspiration sera là, parce que contrairement à ce que certaines mauvaises langues ont pu baver ces types ont un talent de composition indéniable. Ils ne sont pas nombreux ceux qui peuvent se permettre de jongler à ce point avec les ambiances sans que cela ne donne un melting pot informe, et pourtant il n'y a rien de vraiment complexe. Les mélodies sont systématiquement simples mais poignantes, et quand le groupe décide de lever le pied pour donner dans un black 'n' roll crade le pied se met à taper le rythme tout seul. D'autant plus que l'album est plus long que les deux précédents, on atteignait à peu près les 3/4 d'heure pour arriver à une heure ici.

Pour ce qui est de la qualité globale j'aurai tendance à dire que c'est un cran au dessus de "Addicts" qui pouvait montrer quelques signes de faiblesse de temps en temps, je trouve qu'on est plus de "Assassins" à tous les niveaux en fait. La qualité y est aussi constante, le ton est globalement plus énervé que sur "Addicts", tout comme il l'était sur "Assassins" etc... Finalement Nachtmystium n'a pas rechangé en profondeur mais a adapté sa formule, c'est le troisième album maintenant qui propose ce genre de mélange et ils commencent à maîtriser la chose. Même si je trouve que les deux derniers albums étaient très bons, certains passages pouvaient donner l'impression d'arriver comme des cheveux sur la soupe. Je vous rassure ce n'est plus cas sur ce "Silencing Machine", tout est à sa place. Alors on perd peut-être en folie et en spontanéité, mais on récupère en cohérence et en qualité. On a quand même quelques surprises, comme ce "Borrowed Hope And Broken Dreams" très proche des vieux groupes de gothique (gothique tout court, Sisters Of Mercy et compagnie).

Finalement on peut dire que Nachtmystium a mélangé tous les éléments présents sur ses deux derniers albums, pas vraiment d'influences nouvelles mais tout ce qu'on a avait déjà entraperçu est encore là et cette fois réuni sur le même album. Tout ça combiné au fait que le metal reprend un peu ses droits cette fois, ça nous donne du Nachtmystium cuvée 2012, la même mais en pas pareil. Alors bien entendu tout ça va nécessiter pas mal d'écoutes si vous n'êtes pas très familier de la musique du groupe ou de leurs influences. Mais bon honnêtement ça vaut le coup, tout comme "Assassins" et "Addicts" si vous les avez loupés. Le reste de la discographie est bon aussi, mais beaucoup plus proche du black metal traditionnel. Depuis le premier "Black Meddle" Nachtmystium expérimente dans tous les sens, il fait faire des sorties de route fréquentes au black metal. D'où l'hostilité rencontrée par certains puristes qui n'aiment pas trop qu'on joue avec ça, pas de bol pour eux ils passent à côté de quelque chose. D'autant que même si la forme n'y est plus vraiment, le fond bien dégueulasse est encore là et n'a en fait jamais quitté la musique du groupe. Il est juste devenu plus sournois, plus vicieux, il prend de faux airs respectables en vous donnant presque envie de siffloter certains passages bien accrocheurs mais ne vous y trompez pas, le venin agit encore (jetez une oreille sur "Decimation/Annihilation" ça devrait vous rappeler quelque chose).

En bref, si vous avez aimé les deux "Black Meddle", foncez, il y a peu de risques que vous soyez déçus, si vous ne connaissez pas encore Nachtmystium je vous conseille de jeter une oreille sur ces deux albums et ce nouveau méfait. Il suffit d'apprécier les groupes un minimum aventureux qui n'hésitent pas à malmener le black metal, de toute façon black ou pas le principe du metal c'était justement de faire un peu ce qu'on veut non ? Ben voilà, Nachtmystium applique ça à la lettre, et tant mieux parce que ça fait du bien d'entendre un groupe de qualité qui apporte quelque chose de plus frais en ces temps d'uniformisation.


Murderworks
Août 2012




"Addicts: Black Meddle, Part II"
Note : 16/20

Bon, il temps de passer aux choses sérieuses. Après son superbe "Assassins: Black Meddle, Part 1", Nachtmystium nous revient avec un album intitulé "Addicts: Black Meddle, Part II". Je tiens tout d'abord à saluer la beauté de la pochette de l'album, qui à mon avis ne laisse pas indifférent et aborde de façon relativement explicite les thèmes abordés dans cet album. L'intro est intrigante à souhait, dans laquelle le chanteur épelle des lettres pendant 1min33, ce qui, après assemblage, forme la phrase : "Nothing hurts more than being born" ("rien ne fait plus mal que d'être né"), évidemment cela rend mieux en Anglais, bref, la tension monte, et puis vient "High On Hate". Puissance, souffrance, cris de détresse, chuchotements, grognements, du black comme on l'aime. Mais ce "Black Meddle Part II" fait-il vraiment suite au précédent "Assassins" ? Je les considèrerais plutôt comme deux albums à part entière, bien distincts l'un de l'autre. On découvre des morceaux où le chant se fait plus clair comme sur "Nightfall" et on décèle des influences punk dans la musique, le tout n'en reste pas moins d'une agressivité redoutable. Les racines de la rancœur, du mal, de la mélancolie, cet album m'évoque tant de choses. Et dire que leur présence au Hellfest est annulée, quel dommage.


Fannie
Juin 2010


Conclusion
Le site officiel : www.myspace.com/nachtmystium