Nachtlieder est un groupe suédois de black metal formé en 2008 par... une femme ? Oh, nous revoilà dans le côté girl power du black metal. Bon, je ne vais pas entrer dans la polémique sur un autre groupe bien connu à présent qui rage depuis plusieurs mois à présent. Même si j’ai bien envie de m’insurger sur le fait qu’un tel "groupe" puisse être considéré comme l’avenir du black metal. Mais là, j’entre justement dans la polémique. Et étrangement, j’ai beaucoup plus confiance en cette Dagny Susanne pour parvenir à s’imposer et à me surprendre. Elle explique d’ailleurs qu’il y a un côté minimaliste dans sa musique qui pourrait amener à hypnotiser l’auditeur, mais que les relants typiquement black sont ce qui permet à ce même auditeur de rester conscient. Le concept est assez tordu, mais ça me plaît. Lançons nous donc dans cet album.

L’album débute avec "Malice, Come Closer" qui impose déjà un rythme de croisière qui me convient. Le travail effectué sur les guitares est remarquable, et on ne peut que saluer la performance de Martrum à la batterie, qui est, si je puis me permettre, un véritable bulldozer. Ce titre est également l’occasion de se familiariser avec les vocaux de la demoiselle qui, même s’ils ne sont pas transcendants, sont d’une efficacité remarquable. Nous débutons donc sur de bonnes bases. Avec "Nightfall", je commence à pouvoir dessiner les contours de la vision artistique de Dagny Susanne. Elle est adepte d’un black metal assez traditionnel et "simple". Cela se remarque notamment dans son travail au niveau de la guitare, qui reste à la fois simple mais paradoxalement savamment calculé. Les vocaux sont intenses et transperçants, et on sent qu’elle est littéralement habitée par sa création. En somme, du très bon black metal. Impression qui est largement confirmée par "Fatale". Suit "Lonely Mortal" qui insiste davantage sur la brutalité inhérente au black. Je suis de plus en plus convaincue par les vocaux, sans doute une question d’adaptation. Et je ne sais pas vraiment pourquoi, mais ce titre en particulier s’est révélé être un de mes coups de coeur. D’un point de vue musical, le mix est parfait, tellement parfait d’ailleurs que les puristes vont sûrement râler sur la netteté du son. Mais les paroles m’ont aussi pas mal inspirée, encore une fois j’ignore pourquoi. Mais un morceau que j’ai fini par apprécier réellement.

Avec "Eve", le tempo change radicalement pour s’approprier un rythme plus lent mais... j’ai envie de le comparer à ses musiques de films où on sait pertinemment que la bestiole approche, et ce grâce à la musique. "Eve" instaure une atmosphère où on ressent comme l’ombre d’une épée de Damoclès. Il y a comme une menace qui plane dans l’air, et c’est une sensation très agréable à l’écoute. Et comme dirait un célèbre quelqu’un (20 graines dans votre réserve à moutarde si vous trouvez la référence), le black metal n’a jamais été créé pour être inoffensif. Il doit être menaçant et percutant, et c’est ce que Nachtlieder réussit à imposer dans ce titre. Le titre suivant, "Silence And Devastation" a un côté old black metal tout à fait appréciable. Et il y a encore une fois une certaine noirceur qui se dégage de ce titre. Tout cet album est sombre. Si je devais imager la chose, je dirais qu’un nuage noir toxique flotte au dessus de votre tête en ce moment précis et que c’est emmerdant pour voir ET pour respirer. En gros. Malaise qui se poursuit avec "Cimmerian Child" qui est un autre coup de coeur personnel sur cet album. L’album va se terminer avec "The Female Of The Species", titre éponyme, et plus long de l’album avec pas moins de 8 minutes de démonstration instrumentale de la part de Dagny Susanne. J’ai toujours admiré les one-man (bon ici female) bands car profondément admirative du travail des multi-instrumentistes. Et là, une nouvelle fois, je n’y ai pas coupé. Huit minutes d’un tempo plutôt lent, mais largement maîtrisé, qui reflète un peu le côté hypnotique dont il était question auparavant.

Je partais en plein doute sur Nachtlieder, et j’en ressors convaincue. Oui, il existe des groupes féminins de black metal qui méritent encore le respect et qui ont une vision totalement acceptable du milieu black. Dagny Susanne s’impose ici sans difficultés. Un album qui pourra diviser, tout est encore une fois affaire de perceptions personnelles. Mais je dirais qu’il s’agit d’un album à tester, ne serait-ce que pour constater que pour cette fois, la Suède écrase littéralement le Danemark.