"Todschick"
Note : 18/20
Nouveau pas en avant pour Nachtblut. Près de cinq ans après leur dernière production, Skoll (batterie), Greif (guitare), Askeroth (chant) et Ablaz (basse) dévoilent "Todschick", leur septième album studio, toujours accompagnés par Napalm Records.
L’album démarre de manière assez théâtrale avec "Von Hass Getrieben" et son introduction mélancolique, mais rapidement les riffs accrocheurs apparaissent, suivis par la voix si reconnaissable d’Askeroth qui n’hésite pas à grogner seul ou en compagnie de choeurs et de claviers. Le ton change lorsque la composition éponyme, "Todschick", entre en jeu et nous propose sa rythmique dansante qui créée immédiatement un contraste avec le morceau précédent, mais aussi avec "Nachtgeweiht", le titre suivant, qui reste dans sa mélancolie sombre et adopte des racines Industrial accrocheuses. Les touches symphoniques rendent le son assez majestueux par moments, puis "Das Leben Der Anderen" nous propose un moment de calme avant de revenir à son approche mi-moderne mi-old school sublimée par le chant en allemand.
"Manchmal Kommen Sie Wieder" nous surprendra avec des synthés hypnotisants, mais le ton du morceau est d’abord plutôt solennel avant de se transformer en marche plus lourde, voire même entêtante avant de passer le relai à la courte et remuante "Mein Ist Die Hölle", dont la rythmique explose assez souvent. Les parties vocales sont également beaucoup plus stridentes, mais les leads deviennent malsain avec "Götterstille", création clairement ancrée dans le black metal et sa dissonance qui trouve des teintes très différentes avec ses claviers beaucoup plus libres. On continue dans la folie avec "Kinder Des Zorns" où double pédale et harmoniques sanglantes rencontrent des hurlements terrifiants qui alimentent cette agressivité latente, puis on revient à des tonalités plus douces sur "Stirb Langsam" qui semble infusé de folk metal. Le reste du morceau le confirmera, le rendant assez accessible, puis l’album prendra fin avec "Schneller Als Der Tod", où le groupe nous offre un véritable western sauce gothique secoué de passages plus intenses, mais également adouci par des moments très aériens.
Bien qu’encore assez peu connu dans nos contrées, le style de Nachtblut commence peu à peu à faire des émules et à s’implanter. "Todschick" est un album très rythmé et varié qui ne manquera pas de satisfaire les amateurs de metal gothique poussé à l’extrême !
"Vanitas"
Note : 15/20
Érigé aujourd’hui comme les pionniers du dark metal allemand, certains diront que Nachtblut est au metal gothique du pays de la choucroute ce que Moonspell est à celui du pays des Portugais et de la truelle. Au détail près que Nachtblut est un tantinet plus… euh... folkoriquement extrême à la façon allemande aka plus crucifix, églises et black metal indus ?... L’art est donc sombre et Nachtblut livre désormais un sixième album, "Vanitas". Et avec celui-ci, non seulement nous ne cracherons pas dans les calices ni dans la soupe sainte, mais surtout plus d’un (moi le premier) risque de se retrouver grimé en pape à réciter l’office religieux sauce gotho-Satan.
On évitera toutefois les versions Wish d’un quelconque Papa Emeritus. Quand bien même l’idée de piloter la Papamobile ne me déplaît pas tant que cela, notamment en son utilité pour montrer ses attributs à travers les vitres de plexiglas, revenons sur la musique et ce "Vanitas". Pour un réel aperçu de celui-ci, je ne peux que recommander l’écoute des trois premiers titres post-intro : "Veritas", "Leierkinder", "Das Puppenhaus". Pourquoi ?
"Veritas" balance la face la plus extrême de ce disque et de Nachtblut. Brutalement black metal (grand public tout de même hein, on est pas réellement dans une ruelle sombre dans la banlieue d’Oslo), "Veritas" est une agression directe et efficace.
"Leierkinder" ouvre davantage le côté folk voire pagan de Nachtblut. Bon, on n'est pas non plus chez TrollfesT ou Finntroll, mais cela contraste clairement avec "Veritas". "Das Puppenhaus" propose un côté plus lent, mais bien plus gothique. Pas tellement indus, mais pas tellement étranger à tout ce qui est Neue Deutsche Härte, "Das Puppenhaus" complète le panorama qui nous attend au travers "Vanitas". Le tout jalonné d’orchestrations à l’ancienne (oui, tous ces instruments typés Louis XVI dont j’ignore totalement le nom).
Personnellement, je retiendrais particulièrement "Veritas", "Kaltes Herz" ou encore "Nur In Den Nacht" (mais uniquement pour ses touches de clavier kitsch à souhait). Notons aussi "Schmerz & Lied" avec le featuring de Chris Harms (Lord Of The Lost, Die Kreatur) que nous avons tendance à croiser un peu partout depuis quelques temps (sur les albums de Oomph!, Pyogenesis ou encore avec Lolita Komplex).
Verdict ? Coupable, non coupable de sorcellerie ? Bah… Comme à Salem, t’as qu’à allumer (ton lecteur CD et pas le bûcher toutefois) et tu verras la couleur du truc. Même si je l’avouerai aisément, il y a du bon et du moins bon. Personnellement, "Leierkinder" par exemple fait tâche auprès de mes oreilles dans ce disque. On pourrait donc peut-être résumer ce nouveau Nachtblut ainsi : "Veritas", "Vanitas", "A Ecoutas”, “Parce que c’est sacrément Coulas” mais “Quelques titres à zappas”. Voilà. “Bisoutas”.
"Chimonas"
Note : 11/20
Nachtblut, fondé en 2005, est un groupe de black metal / dark metal originaire d'Allemagne. Leur musique est influencée par des groupes comme Cradle Of Filth ou Dimmu Borgir mais ont peut y déceler quelques traces d'indus tirées de groupes comme Pain.
Deux ans après "Dogma" (2012), Nachtblut retourne en studio et sort l'album "Chimonas" chez Napalm Records. De base la formation ne semble guère intéressante. Elle se fond dans cette masse de groupes de black à tendance symphonique et sombre, en vogue dans les années 2000. Alors que pouvons nous attendre de ce "Chimonas" ?
Nous pouvons déjà constater que la production est beaucoup plus froide et crue que sur les albums précédents où elle était plus compressée et étouffée. Le groupe offre toujours un tas de mélodies kitsch à souhait mais la voix black est plus présente qu'avant. D'entrée de jeu, la violence est de mise. Cependant, elle est contrebalancée par un côté épique de très mauvais goût (que l'ont peut observer dans "Wien 1683").
C'est bien fait. Les morceaux sont cohérents entre eux mais il n'y a absolument aucune originalité. On retrouve le côté martial et un peu électronique de l'indus (dans "Kalt Wie Ein Grab" par exemple) et une volonté de se rapprocher un peu plus du black. La seule esquisse de surprise arrive au milieu du disque avec le titre "Und Immer Wenn Die Nacht Anbricht" qui débute sous forme de valse et qui garde cette construction tout le long. C'est au piano, c'est joli et bien écrit mais, passé la première minute, ça perd vite de sa saveur. Ce trois temps ajoute évidemment un côté "clownesque" glauque et romantique au morceau, ce qui casse un peu le côté surprenant. Cette ambiance est précisément celle à quoi nous sommes habitués avec ce genre de groupes.
Il n'y a pas de morceaux particulièrement intéressants. Ils sont tous construits de la même manière : une intro "symphonique" qui se veut glauque et inquiétante mais qui s'avère plus kitsch qu'autre chose. S'ensuit une succession de couplets / refrains tantôt black tantôt indus et quelques ponts orchestraux. Il y a une petite ambiance mais rien de bien fantastique. En bref, les titres sont assez prévisibles.
Vous l'aurez compris, même si l'album et la production sont loin d'être mauvais en soi, nous n'avons pas affaire à un grand disque. "Chimonas" manque d'originalité et se fond dans un moule déjà maintes fois usé par des groupes qui savent le faire (Dimmu Borgir, Carach Angren...). Nachtblut a un certain potentiel technique et une plume musicale pas désagréable mais ses morceaux ne dénotent pas et ce disque est on ne peut plus fade...
|