Le groupe
Biographie :

Mur est un groupe de post-black metal / hardcore parisien actuellement composé de : Thomas Zanghellini (basse), Julien Granger (batterie / ex-Four Question Marks, ex-Glorior Belli, ex-Darkness Dynamite, ex-Today Is The Day), Benjamin Leclere (guitare / Eyes Front North, Supernaute, ex-D-Morpheüs, ex-Northwinds, ex-Doloriis H'Goth), Benjamin Gicquaud (guitare), Alexandre Michaan (clavier) et Jay Moulin (chant). Mur sort son premier album, "Brutalism", en Octobre 2019 chez Les Acteurs De L'Ombre Productions.

Discographie :

2014 : "Mur" (EP)
2019 : "Brutalism"
2021 : "Truth" (EP)


La chronique


Bien des groupes choisissent d’ajouter à leur style musical de prédilection des touches d’autre genres, parfois proches, parfois totalement opposés, cette hybridation des genres est de plus en plus courante et tend à unifier la musique plutôt que de la diviser, même sur des concepts que tout semblent opposer. Mur est de ces groupes hybrides qui n’ont pas su choisir entre black metal et synthwave et nous proposent donc un savant mélange des deux genres. Ici, l’un ne vient pas seulement apporter quelques touches pour sublimer l’autre, c’est bien les deux genres qui se superposent et se répondent dans un tout tantôt harmonieux tantôt complètement dissonant.

La première chose qui frappe ici sont donc les deux entités musicales qui se côtoient mutuellement, comme si chacune d’elle représentait un concept, le post-black metal prenant position pour l’âme, hurlante et torturée, tandis que la synthwave vient représenter l’esprit, parfois lucide, parfois non et ayant plus conscience du caractère situationnel des évènements que l’âme, qui se résume en un tout. Cela se remarque notamment par le fait qu’au cours de l’EP, on a affaire à un post-black metal qui, s’il est efficace, reste relativement dans les mêmes sonorités au fil des morceaux. On a d’un autre côté une partie synthwave qui progresse beaucoup plus au sein de l’œuvre, pour finalement totalement prendre le contrôle dans "Truth", qui constitue le dernier morceau. On a ainsi affaire à une trentaine de minutes lors desquelles esprit et âme se côtoient, interférant de façon constructive ou destructive au fil des morceaux. Si en un sens l’âme semble toujours plus ou moins torturée, les sonorités évoquées par l’esprit varient beaucoup, même au sein des morceaux, on a notamment dans "Suicide Summer" un passage très jovial, avec des sons très surmixés pour mettre en avant un rythme entraînant qui vient totalement en contraste avec ce que viennent délivrer le chant et les instruments.

Si les morceaux semblent parfaitement isolables les uns des autres musicalement parlant, ils sont cependant reliés par un grand fil conducteur symbolique, présentant un processus d’acceptation de soi par l’esprit malgré une âme en complète décadence qui hurle sa peine et son désespoir, ainsi on verra la synthwave prendre de plus en plus de place dans les morceaux au fur et à mesure que l’EP progresse, le post-black metal étant à son paroxysme au tout début sur "Epiphany", portant même au tout début des riffs très dissonants. Le fait que cela démarre comme cela, sans introduction ni fioriture, démontre bien cette volonté de l’âme de prendre le pas sur l’esprit pour l’entraîner dans sa chute. C’est également particulièrement identifiable à travers la production, les sonorités metal prenant largement les devants dans les deux premiers morceaux.

C’est le titre "Such A Shame" (reprise de Talk Talk) qui va, ici, le plus se démarquer à travers sa structure. Ce dernier se déclinant clairement en trois axes principaux. Venant se positionner en totale opposition avec les morceaux précédents, on a au sein de ce morceau trois axes de post-black très variés entre eux, marqués par des coupures très clivées et parfaitement identifiable. On aura cependant des sonorités synthwave qui seront exactement les mêmes et viendront à chaque fois conclure les axes, imageant ainsi une inversion des rôles avec une âme qui devient progressivement changeante selon le contexte, aidée par un esprit qui s’est moulé sur son schéma. Viendra finalement à la fin, la victoire de l’esprit sur l’âme à travers "Truth" dans lequel le black metal est totalement absent. On a dans ce morceau un sentiment qui rappelle beaucoup des compositeurs bien connus du monde de la synthwave comme Kavinsky.

"Truth" se pose donc comme une véritable quête d’identité qui se caractérise par un combat de l’esprit et de l’âme, les deux entités étant représentées par un genre musical distinct donnant ainsi un hybride assez peu vu auparavant mais diablement fonctionnel. L’utilisation de la synthwave nous rappelle un aspect assez robotique et mécanique de l’être humain, posant ainsi cet EP comme une sorte de Blade Runner musical, qui, comme le film, arrive parfaitement à poser son univers et les problématiques visées.


Praseodymium
Mai 2021


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.murband.com