Mother Of All est un projet de death technique et mélodique formé par Martin Haumann, batteur de Final Hour et batteur live de Myrkur entre autres, qui a déjà sorti deux EPs et un split et qui nous livre cette fois son premier album "Age Of The Solipsist". Mais le bougre n'est pas tout seul et se retrouve avec Frederik Jensen aux guitares et un certain Steve DiGiorgio à la basse, rien que ça !

C'est par de l'acoustique que nous accueille "Autumn", une petite feinte qui ne laisse pas voir arriver les blasts qui débarquent juste après. Pour autant, Mother Of All montre de suite son envie de mettre la mélodie en avant, si la violence n'hésite pas à s'exprimer justement avec ces blasts, on sent une forte influence de la scène mélodique suédoise. Mais pas seulement car ce côté plus technique renvoie plus à des sonorités progressives et le mélange des deux donne une musique suffisamment accrocheuse et profonde à la fois. Si le niveau technique est assez élevé et que certaines parties se lâchent un peu, Mother Of All garde l'efficacité en tête et ne se livre jamais à de la démonstration. Certains passages, tout comme la scène death mélodique suédoise, renvoient même à des influences ouvertement heavy metal. "We Don't Agree", avec ses gros blasts et ses riffs techniques, renvoie à Obscura et tricote des parties de guitares complexes pour un morceau en mouvement constant et exigeant. "Curators Of Our World Scope" montre un visage plus hardcore et plus groovy, un break sympa après un tel déluge de blasts et de notes qui permet à la fois de souffler un peu et de donner une variété toujours bienvenue. L'impact et l'efficacité sont maintenues par le fait que la plupart des morceaux sont assez courts et directs, un peu plus trois minutes en général et cinq minutes les premiers et derniers morceaux.

Du coup, malgré la présence de sept morceaux, "Age Of The Solipsist" ne dépasse pas les vingt-neuf minutes et constitue une carte de visite percutante. Je n'ai pas de craintes quant à un éventuel album de plus longue durée dans le futur, Mother Of All montre déjà suffisamment de variété ici pour ne pas risquer de se répéter inutilement. "At The Edge Of A Dream" va carrément lorgner sur les terres du thrash et balance quelques riffs bien vicieux, le spectre sonore est décidément assez large et le groupe ne se refuse aucune incursion extérieure tant que ça envoie du bois. On sent pas mal d'influences modernes aussi d'ailleurs, ce qui est probablement lié au fait que l'autre groupe de Martin Haumann flirte avec le metalcore. Le bagage du bonhomme est assez moderne et on sent donc quelques riffs venant de cette scène-là, même si cela reste globalement bien plus technique, brutal et mélodique par ici. Ces sonorités se mélangent d'ailleurs plutôt avec celles venant de la scène death mélodique suédoise qui a justement inspiré pas mal de ces groupes plus jeunes. "Blood Still Owed" glisse même un passage proche des sing-along typique du hardcore avec ces gros choeurs velus.

Un premier album plutôt sympa et assez court pour Mother Of All qui montre un spectre sonore assez large allant du death mélodique typiquement suédois au metalcore / hardcore en passant par le death technique et brutal. Il va falloir des goûts assez larges et ne pas être réfractaire à quelques influences plus modernes mais le groupe montre déjà de bonnes choses.