Le groupe
Biographie :

Mortuary est un groupe de death metal lorrain formé en 1988 et actuellement composé de : Jean-Noël Verbecq (basse / ex-Depraved, ex-Traktor, ex-Wolfen), Patrick Germonville (chant / ex-Sleuth Eyes), Alexis Baudin (guitare / ex-Darwin's Theory?, ex-Abyss, ex-Machine Gun Kelly), Yohann Voirin (batterie / ex-Pareo Mortuus) et Gautier "Goat" Merklen (batterie / Mercyless, ex-Akthesis, ex-Dehumanize). Mortuary sort son premier album, "Hazards Of Creation", en 1996 chez Triangle Productions, suivi de "Eradicate" en 1998 chez Pavement Music, de "Agony In Red" en 2003 chez Anvil .corp, de "G.O.D. (Glorify Our Destroyers)" en Avril 2010 chez Manitou Music, de "Nothingless Than Nothingness" en Janvier 2016 chez Goregeous Productions, de "The Autophagous Reign" en Novembre 2019 chez XenoKorp, et de "Sublime The Decline" en Octobre 2023 chez Adipocere Records.

Discographie :

1996 : "Hazards Of Creation"
1998 : "Eradicate"
2003 : "Agony In Red"
2004 : "Welcome To The Morgue" (Compilation)
2010 : "G.O.D. (Glorify Our Destroyers)"
2016 : "Nothingless Than Nothingness"
2019 : "The Sapiens Order" (EP)
2019 : "The Autophagous Reign"
2020 : "The Old Skull Reign" (EP)
2023 : "Sublime The Decline"


Les chroniques


"Sublime The Decline"
Note : 17/20

En 2019, Mortuary nous avait déjà bien ramoné la tronche avec "Sublime The Decline" qui trouvait le moyen d'être encore plus brutal que ses prédécesseurs qui ne faisaient pourtant pas dans la dentelle. Tout ça ne suffisait visiblement pas puisque le groupe est de retour avec "Sublime The Decline" et qu'il est encore monté d'un ou deux crans à tous les niveaux !

On retrouve évidemment ce mélange death / thrash avec une petite louche de grind, donc tout ce qu'il faut pour en prendre pleine la gueule. Et ne vous inquiétez pas pour ça, vous allez effectivement vous faire rouler dessus sans ménagement ! On ne perd pas de temps avec "Somewhere To Nowhere" qui ouvre l'album avec un gros hurlement et des rafales de blasts, une entrée en matière on ne peut plus brutale qui remet très vite les pendules à l'heure ! Je ne sais pas ce qu'ils ont bouffé chez Mortuary mais apparemment ça donne une sacrée patate, parce que ce nouvel album ne relâche quasiment jamais la pression et nous malmène du début à la fin. Les mélodies sont certes toujours là, le groove aussi, les passages plus mid-tempo et plus puissants sont toujours là pour nous briser la nuque également. Mais l'intensité de l'ensemble et la brutalité des morceaux sont encore monté à un niveau supérieur et on se fait défoncer de tous les côtés pendant trois bons quarts d'heure. Sachant que le groupe est retourné aux Hertz Studios, vous imaginez bien que le son est une fois de plus gros, puissant et boosté aux hormones lui aussi. Nous sommes plusieurs à dire que Mortuary aurait déjà mérité plus de succès depuis longtemps, la qualité de ses albums ne date pas d'hier et le groupe a bouffé assez de live pour ne plus avoir à faire ses preuves. Il leur manque peut-être un peu de visibilité, quelques bonnes opportunités ou quelques contacts peut-être, mais musicalement tout est là depuis une sacrée paire d'années et "Sublime The Decline" le prouve une fois de plus. Le morceau-titre déploie d'ailleurs des ambiances rarement entendues chez Mortuary avec des mélodies qui installent une certaine mélancolie derrière les riffs de bûcheron et les rafales de blasts. "Some Meat To Eat", quant à lui, pose des ambiances plus froides avec des leads presque black metal avant de rappeler la furie habituelle du groupe.

Mortuary frappe fort avec ce nouvel album puisque en plus d'être d'une intensité et d'une brutalité impressionnantes il arrive à poser des ambiances particulières et à garder la patte historique du groupe. Pour faire simple, cet album a une âme et surnage tranquillement au milieu de tous ces groupes qui blastent fort mais sonnent de manière générique. Quelques très bons soli se promènent aussi sur ce nouvel album, comme par exemple sur "Screens And Mirrors" qui trouve en plus le moyen de nous balancer un groove brutal très efficace qui devrait en faire headbanguer plus d'un. L'écrasant "Oxygene" n'est pas mal non plus dans le genre brise vertèbres avec son mid-tempo écrasant et son ambiance étouffante. L'introduction parfaite à "Specimen" qui ne dure même pas trois minutes et ressort les influences grindcore pour achever les derniers survivants et tout raser définitivement ! D'ailleurs, je me répète, mais allez voir le groupe en live s'il passe près de chez vous, c'est là qu'il est chez lui et si les albums vous mettent déjà une claque c'est là que vous allez vraiment prendre cher ! En tout cas ce n'est pas "Sublime The Decline" qui va faire retomber la pression en attendant, ce nouvel album est une boucherie du début à la fin et Mortuary mériterait vraiment de vraiment percer cette fois tant ce nouvel album met une claque à quasiment tout ce qui sort en brutal depuis quelques années. Il ne suffit pas de blaster comme un porc pendant une heure et de placer des plans techniques pour faire du bon brutal, sans un minimum de travail sur la composition on finit par se faire chier devant un matraquage stérile qui en perd sa puissance. Mortuary sait gérer l'équilibre et place juste ce qu'il faut de groove, de mélodies, de sonorités différentes pour encore amplifier l'impact de morceaux déjà bien énervés.

"Sublime The Decline" est donc une fois de plus un excellent album de la part de Mortuary qui se montre encore plus brutal que sur "The Autophagous Reign". Il serait temps que le groupe reçoive la reconnaissance qu'il mérite parce qu'avec ce nouvel album il colle une belle fessée à une bonne partie de la scène brutale !


Murderworks
Novembre 2023




"The Autophagous Reign"
Note : 16/20

Formé en 1989, Mortuary fait partie des vétérans de la scène extrême française et nous délivre cette année son sixième album, "The Autophagous Reign", cette fois chez XenoKorp. Voilà un groupe qui fait preuve d'abnégation depuis très longtemps et qui sort ses albums dans une discrétion que le groupe ne mérite pas, espérons donc que cette nouvelle signature lui mette un coup de projecteur et voyons ce que la bête a dans le ventre.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas, Mortuary donne dans un death metal assez méchant et brutal parsemé de riffs thrash et de passages mélodiques plus accrocheurs. Donc globalement ça tabasse bien, ça écrase tout mais ça ne sombre jamais dans le bourrinage intensif et le blast à outrance. Il y a une certaine mesure qui vient du fait que le groupe mise sur l'efficacité et l'impact plus que sur l'esbrouffe ou la démonstration technique. Et pour les avoir vus live il y a une paire d'années, je peux vous dire que sur scène ça envoie le pâté comme il faut ! "Delete/Replace" ouvre d'ailleurs l'album de façon bien thrashy et balance de bons gros blasts histoire de nous accueillir comme il se doit et d'annoncer tout de suite que ça ne rigole pas par ici. D'ailleurs, ça ne rigole tellement pas que ce morceau d'ouverture ne dépasse pas les deux minutes et constitue donc une espèce d'introduction en mode grindcore. "The Sapiens Order" est donc le premier morceau d'une durée classique et envoie lui aussi du lourd à gros renforts de riffs thrashy par dessus le death là encore. Mortuary est donc bien méchant sur ce nouvel album et ces quarante-sept minutes ne vont clairement pas faire de prisonniers. On entend un Mortuary teigneux qui a envie de rentrer dans le tas même s'il n'avait pas l'habitude de faire dans la broderie auparavant. "Disposable" avec ses blasts ultra rapides nous balance encore une fois des réminiscences limite grind et évidemment le morceau est une boucherie totale. C'est paradoxalement le premier morceau à apporter une petite dose de mélodie par le biais d'un solo plutôt sympa et qui crée du coup une petite respiration entre deux cassages de nuque.

"Eternal" glisse discrètement quelques dissonances bienvenues pour créer une ambiance plus glauque et malsaine au milieu d'un morceau bien brutal et thrashy. "The Autophagous Reign" est en tout cas un des albums les plus intenses du groupe puisque ses prédécesseurs laissaient plus de place à la mélodie pour certains et offraient un peu plus de respirations pour d'autres. Là, en dehors de quelques passages plus lourds ou plus mélodiques, on se prend quand même un tabasse en règle et le groupe ne prend pas de gants pour décrasser les tympans. C'est sur "Memorial In Vivo" et "Monuments" que Mortuary prend le temps de se poser un peu pour deux morceaux dépassant les sept minutes et offrant par conséquent des ambiances plus nuancées et des riffs plus techniques. Bon, comme on ne se refait pas, ça bourre bien quand même mais ce sont les deux morceaux les plus variés et les plus nuancés de l'album, c'est dire à quel point le reste vous rentre dans le lard ! On trouve un break bien groovy suivi d'un breakdown destructeur sur "Memorial In Vivo" qui devraient laisser quelques vertèbres par terre en live d'ailleurs. Le pire, c'est que ce morceau débute et se termine sur une partie au piano donc autant vous dire qu'après quelques secondes, quand le morceau démarre, la surprise est assez brutale ! Pareil pour la suite puisque le groupe enchaîne sur un "Cheptel" bourrin à souhait n'atteignant même pas les deux minutes. Je ne sais pas qu'ont mangé les membres du groupe mais cette fois ils ont l'air vraiment énervés et mon petit doigt me dit que ceux qui vont les croiser en live vont prendre cher.

Un nouvel album sur lequel on reconnaît la patte Mortuary mais en version remontée à bloc pour un album qui héritera probablement du titre d'album le plus brutal de leur discographie. En tout cas, "The Autophagous Reign" balance encore une fois une bonne dose de death méchant et brutal assaisonné de thrash pour un esprit presque grind dans ses moments les plus nerveux. Autant dire que si vous cherchiez quelque chose pour vous décrasser les tympans vous êtes bien tombés !


Murderworks
Novembre 2019




"Nothingless Than Nothingness"
Note : 16/20

Un quart de siècle après sa formation dans les bas-fonds de la Lorraine, les papys (c'est affectueux) du death mMetal français Mortuary, sont toujours là. Et leur soif de sang et de larsens est plus vive que jamais. Malgré les galères, les longues et pénalisantes périodes de silence discographiques et un succès d'estime important mais ne leur permettant pas d'accomplir la carrière qu'il mérite, le groupe nancéen en a toujours dans le ventre et ce n'est pas prendre de grands risques que de dire que l'hospice est encore loin.

Mortuary retourne aux affaires de la seule façon qu'il connaisse : par la brutalité, la rage et... la brutalité ! Chaque morceau de "Nothingless Than Nothingness" est comme recevoir une avalanche de coups de poing par un Rocky Balboa enragé aux gants ensanglantés de votre propre fluide rouge. Les Mortus semblent plus déchaînés que sur "G.O.D.". Et s'il ne rivalise pas tout à fait avec "Agony In Red" question barbarisme insoutenable (on se souvient de compos hyper vicieuses et d'une performance hallucinante de Dirk "la Pieuvre" Verbeuren à la batterie) le groupe n'a pas à rougir face aux formations plus jeunes et techniques foisonnant sur la scène actuelle.

L'âge, Mortuary ne connait visiblement pas. Emmenés par la batterie-pilloneuse de Yohann Voirin et la voix inimitable de Patrick Germonville qui gueule comme un fou-furieux, les morceaux sont d'une vélocité incroyable. Preuves irréfutables, les dévastateurs "Empty", "Tube" et "Yesterdead" Les plus vieux fans seront ravis d'entendre ou de réentendre le titre "Morbid Existence", paru sur la toute première démo du groupe, "Rejected By Death" en 1989. Ce morceau n'a pas pris une ride comparé au style plus mature des autres compositions et se fond parfaitement dans cet ensemble. Son refrain déclamé furieusement et son côté thrashy old school est un bonheur. Le punk "Pleasuffering" fait également vibrer la fibre old school nous animant.

Mais Mortuary ne fait pas que tabasser et violenter nos oreilles. Il sait aussi faire preuve d'une certaine finesse d'écriture et démontre une réelle habilitée à développer des atmosphères glauques et maladives... L'introductif "Only Dead Witness" est tout en ambiances et en changements de rythme abruptes et déroutants, passant d'une lourdeur et d'une noirceur super heavy à des blasts de malade, le tout servi par une interprétation évoquant les moments les plus sombres de la folie. Une sorte d'invitation dans les méandres tourmentées d'un esprit dément. Ces moments glauques se retrouvent plusieurs fois au cours de l'album de façon régulière, tempérant la violence des morceaux très courts et intenses mentionnés plus haut, et apportant des rebondissements intéressants. La trame sonore et émotionnelle est agencée de façon très intelligente dans le tracklisting, chose rare dans le metal, et rend l'écoute plus captivante. Ainsi, les morceaux que sont "Above", "K" et le grandiose et ultime "Kingdom" sont détenteurs de moments forts, mélodiques et torturés (très beau travail sur les guitares, soli et leads, d'Alexis Baudin) où l'esprit succombe.

Enregistré aux Studios de la Forge par Pierre "Gorgor" Shaffner", batteur de Phazm, l'album bénéficie d'une mise en son redoutable et puissante ; claire et sans défaut ; sachant rendre à la fois justice à la brutalité crue dégagée par le groupe en concert et au travail réel et considérable d'écriture, de mise en place instrumentale et de développement d'ambiances, qui pourrait passé inaperçu de prime abord devant un telle déferlement de violence. Les détails guitaristiques (riffs, soli, lead diverses, travail sur deux guitares) sont nombreux et les passages mélodiques et mélancoliques se fondent si subtilement, et sans que l'on se rende compte dans cette déflagration sonore globale, que l'on ne peut qu'applaudir. Et si, personnellement, on n'apprécie toutefois guère le son de batterie, trop lisse et assez proche du son de batterie concocté pour le dernier album de Wheelfall, aussi produit par Gorgor, mais qui lui sied mieux et lui donnait une personnalité, c'est une belle réussite pour le producteur qui devrait vite se faire un nom.

La seule déception de taille provenant de "Nothingless Than Nothingness" est qu'il sort six ans après "G.O.D.". Mais tout cela est balayé d'un revers de tornade dès les premières secondes du disque. Tous les amateurs de bonne charcutaille certifiée France doivent se ruer sur cette monstrueuse déferlante de morceaux death / thrash brutal et enfin accorder le rang de Maître revenant légitimement aux Nancéens. Souhaitons maintenant que leur nouveau label, Goregeous Productions ne les lâche pas et leur apporte la stabilité et la reconnaissance à travers l'Europe.


Man Of Shadows
Février 2016


Conclusion
L'interview : Jean-Noël Verbecq

Le site officiel : www.facebook.com/mortuarynancy