Le groupe
Biographie :

Morta Skuld est un groupe de death metal américain formé en 1990, séparé en 1998, reformé depuis 2012, et actuellement composé de : Scott Willecke (guitare / See also: ex-Profane), Dave Gregor (guitare, chant / ex-9mm Solution, ex-MS2), Eric House (batterie / ex-Jungle Rot), John Hill (basse / Ov Sombre Flesh, The Parish, ex-Forever Sleep, ex-SpeedStab, ex-Eternal Silence, ex-Murmur, ex-Onus, ex-Crown of Contempt, ex-Zen Bar Fight) et Tim Beyer (guitare / Decivilize, Dusk, ex-Profane, ex-Candy Machine Guns). Morta Skuld sort son premier album, "Dying Remains", en Février 1993 chez Deaf Records, suivi de "As Humanity Fades" en Février 1994, de "For All Eternity" en Novembre 1995 chez Peaceville Records, de "Surface" en 1997 chez System Shock, de "Wounds Deeper Than Time" en Février 2017 chez Peaceville Records, de "Suffer For Nothing" en Septembre 2020, et de

Discographie :

1993 : "Dying Remains"
1994 : "As Humanity Fades"
1995 : "For All Eternity"
1997 : "Surface"
2014 : "Serving Two Masters" (EP)
2017 : "Wounds Deeper Than Time"
2020 : "Suffer For Nothing"
2024 : "Creation Undone"


Les chroniques


"Creation Undone"
Note : 17/20

Morta Skuld poursuit sa résurrection. Créé en 1990 aux Etats-Unis, le groupe se fera un nom dans la scène death metal avant de cesser ses activités en 1998, après quatre albums, deux splits et deux démos. En 2012, Dave Gregor (guitare / chant) se remet en marche et c’est avec Eric House (batterie, ex-Jungle Rot), Scott Willecke (guitare) et John Hill (basse) qu’il annonce douze années plus tard la sortie de "Creation Undone", le septième album du combo, qui sort chez Peaceville Records.

Dès "We Rise We Fall", le premier titre, on sent que le groupe n’a pas perdu ses racines, dévoilant une approche old school sauvage du death metal avec des riffs efficaces complétés par une touche de groove par moments. Le chant suit cette dynamique écrasante menée par une double pédale massive, puis le groupe enchaîne avec une touche plus sombre sur l’introduction de "The End Of Reason", suivie par une vague de violence brute qui deviendra beaucoup plus saccadée par la suite, tout comme sur "Painful Conflict" qui démarre immédiatement après sans une once de pitié et qui nous matraque en permanence. Le groupe ne marque pas plus de pause avec "Unforeseen Obstacles" et sa rythmique inarrêtable ponctuée d’éruptions vocales et d’harmoniques tranchantes, mais également de parties plus groovy comme on en retrouve sur "Perfect Prey" qui développe également une approche perçante des guitares pour compléter ses riffs accrocheurs.

On notera une pointe de technicité sur "Soul Piercing Sorrow" et ses parties effrénées, créant un contraste avec les moments les plus imposants et légèrement plus lents bourrés de palm mutes, alors que c’est la dissonance qui est à l’honneur sur "Into Temptation", rassemblant des riffs rapides et assommants. Le solo macabre donne une toute autre teinte à cette assaut, qui continue avec une touche de mélancolie sur "Self Destructive Emotions", ce qui n’empêchera pas le titre de se montrer solide par moments ou d’enchaîner avec des harmoniques torturées puis d’accélérer en passant à "Oblivion" et ses éruptions de rage maîtrisées entre deux mosh parts bien senties. Le son s’éteint progressivement pour laisser "By Design" apporter cette touche grasse et pesante sur un rythme étouffant pour clore l’album tout en incluant parfois quelques parties plus énergiques afin de maintenir la pression.

Les vétérans de Morta Skuld ont encore de beaux jours devant eux, nous prouvant avec "Creation Undone" que leur death metal est toujours aussi efficace, agressif et oppressant qu’il ne l’était il y a trente ans. Une belle capsule temporelle.


Matthieu
Février 2024




"Suffer For Nothing"
Note : 16/20

Morta Skuld fait partie de ces groupes revenus d'entre les morts puisque leur retour s'est fait avec "Wounds Deeper Than Time" en 2017, album qui succédait à "Surface" sorti en... 1997 ! Tout pile vingt ans pour revenir aux affaires avec un death metal toujours aussi écrasant et typé old school évidemment. Cette fois, c'est donc "Suffer For Nothing" qui prend le relais pour nous écraser avec son death bulldozer.

Un petit roulement de batterie et "Extreme Tolerance" nous rentre dans le lard direct avec un pilonnage de blasts à la Suffocation qui montre que le groupe n'est pas revenu pour rigoler et qu'il montre les crocs plus souvent que par le passé. Sur les anciens albums, on entendait un death plus proche d'Obituary par exemple avec pas mal de mid-tempos, des riffs bien lourds et sales et pas trop de blasts pour booster la bête. Là, le groupe en envoie d'entrée de jeu et balance du coup un death plus nerveux même si toujours old school et bien crasseux comme le veut la tradition. Morta Skuld a donc gardé son identité mais a eu l'intelligence d'évoluer avec son temps et d'apporter quelques petites nouvelles choses à son death. Pas de quoi révolutionner son style non plus mais juste ce qu'il faut pour ne pas rester coincé dans le passé et dynamiser un peu sa musique. D'ailleurs, "Abyss Of The Mind" revient à ce fameux death rouleau compresseur bien lourd avec la grosse double en soutien. "Dead Weight", quant à lui, alterne passages mid-tempo écrasants avec de bons gros blasts qui démontent pour un morceau bien brutal et percutant. Morta Skuld est revenu en forme et présente maintenant un death plus brutal, plus direct et plus varié voire même un poil plus technique. En tout cas, tout ça est très efficace et le savoir-faire ne fait aucun doute, comme quoi même le death metal c'est comme le vélo ça ne s'oublie pas et même après vingt ans de pause, le groupe prouve qu'il n'a rien perdu de sa patate. Il en même gagné au passage puisque, comme je le disais, le groupe s'est rarement montré aussi frontal et violent.

Je tiens à signaler le jeu de batterie d'Eric House qui a le don de placer la partie qu'il faut là où il faut et qui fait globalement un très bon boulot sur ce nouvel album. Le mélange entre les accélérations à gros coups de blasts, les passages bien lourds et ce fameux groove typiquement old school rendent "Suffer For Nothing" très efficace et le fait que l'album ne dépasse pas les quarante minutes lui assure un impact indéniable. Le court instrumental "Forbidden" bien placé en milieu d'album permet de faire une petite pause mélodique que nos tympans soient pris d'assaut une fois de plus par "Godlike Shell" qui ne prend pas de gants et nous rentre dedans avec la finesse d'une division de blindés avec là encore un tir d'artillerie avec de bons gros blasts bien bourrins. "Machines Of Hate" qui clôt l'album porte très bien son nom et entre sa brutalité et ses ambiances un peu plus malsaines il termine ces quarante minutes de fort belle (ou plutôt sale) manière. Si certains groupes peuvent être suspectés de vouloir surfer sur le regain de popularité du death depuis les années 90, Morta Skuld n'en fait pas partie et montre avec ce nouvel album qu'il sait encore faire parler la poudre. L'album bénéficie en plus d'une bonne production avec un son puissant mais qui ne sombre pas dans la plupart des dérives actuelles et garde une petite patine old school pas déplaisante.

Morta Skuld est de retour en forme et "Suffer For Nothing" est très efficace en plus de montrer un groupe qui a su évoluer avec son temps tout en restant fidèle à ses racines. On se retrouve avec un death toujours typé old school mais plus varié, plus violent, plus puissant, bref du Morta Skuld version Monsieur Plus.


Murderworks
Octobre 2020




"Wounds Deeper Than Time"
Note : 14/20

Morta Skuld est un groupe de death metal américain formé en 1990. Le groupe se sépare à la fin des années 90 après avoir sorti quatre albums, le dernier datant de 1997. Le groupe a depuis fait son come-back, et revient avec un tout nouvel album "Wounds Deeper Than Time", et un nouveau line-up. Viennent se joindre à David Gregor, chanteur / guitariste fondateur, Scott Willecke (guitare), AJ Lewandowski (basse), et Eric House à la batterie. L’album sortira le 17 Février chez Peaceville Records.

Comme vous avez pu le lire plus haut, Morta Skuld s’est formé pendant l’explosion du death, et a côtoyé des monstres du genre tels que Morbid Angel, Death ou encore Obituary. Malgré le changement quasi total de line-up, il y a de grandes chances pour que ce nouvel opus soit du bon gros death old school. Le premier titre, "Breathe In The Black", ne saurait être plus représentatif. Ça commence fort ! Le premier riff est puissant, et la basse, presque plus forte que les guitares, est claquante. La voix de David est en équilibre parfait ; ni trop gutturale, ni trop criarde, elle est tout à fait adaptée au son travaillé du morceau. La production est bien plus clean que je ne l’aurais cru. On voit que les années ont passé, et que les méthodes d’enregistrement ont évolué ! On continue avec "Hating Life" et "My Weakness", deux excellents morceaux au death encore plus énervé, naviguant avec finesse et dextérité entre les nombreux changements de structure et de rythme. Le chant, quant à lui, est percutant et semble vouloir nous entraîner dans son monde un peu sombre et malsain.

C’est incontestablement de très bon titres que Morta Skuld nous propose jusque là. Les bases sont posées, et elles sont solides. Le groupe est d’une précision remarquable, tout est net et parfaitement coordonné. Trêve de discussion, "In Judgment" nous en met plein les oreilles, avec de la basse retentissante et cette fois des riffs plus crades, qui nous rappelle davantage les jeunes années du death metal. Encore un titre où la mélodie est très présente, tant dans les instruments que dans la voix. Chaque morceau a son caractère, et sa propre histoire à nous raconter. "Scars Within" ne fait pas dans la dentelle non plus, sa puissance et son groove sont parfaits pour le pit. Un beau et mélodique solo de guitare vient tout de même nous apaiser, la pression redescend un peu pour mieux remonter. Le morceau est bien construit dans son ensemble, sans pour autant être excellent, très honnêtement. Ce point est assez récurrent dans cet album, il convient de le dire. La plupart des titres sont bons, oui, mais peut-être pas assez pour devenir les futures classiques du death, ou sans aller jusque là, pour qu’on les écoute sans s’en lasser.

L’avant-dernier titre, "Devour The Chaos", est dans la même veine énergique, tout en étant entraînant. La basse n’est pas étrangère à cela, on l’entend rebondir avec légèreté durant tout le morceau, son rôle dans la qualité de l’album en général est loin d’être négligeable. "Becoming One Flesh" constitue une parfaite continuité, dans le genre "batterie qui se pose là" et riffs groovy. Il ne se place pas dans le top, mais il est appréciable. Le chant suit parfaitement les guitares, le morceau est le résultat d’une forte osmose entre les membres du groupe, c’est presque palpable. L’album se conclut par un solo à plusieurs guitares, en clair et saturées, harmonieux, et surtout inattendu.

Vingt ans se sont écoulé entre "Surface", le dernier album de Morta Skuld, et celui-ci. De l’eau a coulé sous les ponts depuis, comme on dit. Cependant, David Gregor a tenu a préserver l’identité du groupe, à savoir death old school US. On peut dire que le "nouveau" Morta Skuld fait ça avec brio, "Wounds Deeper Than Time" semble sortir des décombres de la fin du vingtième siècle. Il apporte cependant sa petite touche de modernité grâce à la production propre et carrée, il n’y a pas un cheveu qui dépasse. Il a ses quelques titres qui sortent du lot, les trois premiers, vraiment efficaces, et "In Judgment". Bien que les autres soient sympathiques, ils s’essoufflent rapidement et ne se démarquent peu voire pas du tout les uns des autres. On reste dans la même constante tout au long de l’opus, on aurait aimé voir un peu plus de folie et d’originalité.


Candice
Février 2017


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/mortaskuld