Le groupe
Biographie :

Morbid Angel est originaire de Tampa et de Floride et fondé en 1983 par le guitariste Trey Azagthoth. Leur musique est un mélange, assez unique dans son genre, de complexité et de brutalité. C'est l'un des groupes phares du genre death metal avec les groupes Possessed et Death. En 1986, le groupe commence à enregistrer des démos en studio, finalement publiées plusieurs années plus tard sur l'album "Abominations Of Desolation". Cependant, le groupe n'était pas satisfait de cet enregistrement (qui fut finalement édité en 1991, mais est à considérer selon Trey Azagthoth comme une démo et non comme un album). Le premier album studio officiel du groupe est "Altars Of Madness", sorti en 1989, qui a obtenu un immense succès sur la scène metal. Cet album a fait gagner le groupe en popularité, il marque en même temps l'émancipation complète du genre death metal par rapport à ses origines et influences thrash metal. L'opus suivant, "Blessed Are The Sick", sort en 1991. Cet album marque un début de virage au niveau des thèmes du groupe. En effet, les paroles d'"Altars Of Madness" sont centrés sur le satanisme, l'occultisme et l'anti-christianisme, alors que les paroles de celui-ci incluent également des références à la mythologie mésopotamienne, thème qui deviendra de plus en plus présent au fil des albums. Cet album confirmera le succès grandissant du groupe, ainsi que le début de la reconnaissance populaire du genre, qui était resté jusqu'à ce jour dans l'underground musical. L'album "Covenant", sorti en 1993, est le plus grand succès commercial du groupe, et un des plus grands succès pour un album de death-metal tous groupes confondus. L'année 1996 marque le départ de David Vincent, chanteur et bassiste du groupe, soit quelques mois après la sortie du quatrième album, "Domination". Il sera alors remplacé par Steve Tucker. Les albums sortis pendant la période en présence de Steve Tucker comprennent "Formulas Fatal To The Flesh", "Gateways To Annihilation" et "Heretic". David Vincent revient au sein de Morbid Angel en 2004. L'album intitulé "Illud Divinum Insanus" sort le 6 Juin 2011 chez Season Of Mist. Le 15 Juin 2015, le batteur Tim Yeung annonce son départ du groupe pour des raisons financières. Trois jours plus tard, le guitariste Destructhor annonce également son départ du fait que le groupe souhaiterait travailler avec quelqu'un de plus local. Le lendemain, David Vincent annonce lui aussi son départ pour cause de divergences musicales. En Janvier 2017, le groupe recrute le batteur Scott Fuller et le guitariste Dan Vadim Von, et sort "Kingdoms Disdained" le 1er Décembre chez Silver Lining Music.

Discographie :

1986 : "Abominations Of Desolation" (Démo)
1989 : "Altars Of Madness"
1991 : "Blessed Are The Sick"
1993 : "Covenant"
1995 : "Domination"
1996 : "Entangled In Chaos" (Live)
1998 : "Formulas Fatal To The Flesh"
2000 : "Gateways To Annihilation"
2003 : "Heretic"
2011 : "Illud Divinum Insanus"
2017 : "Kingdoms Disdained"


Les chroniques


"Kingdoms Disdained"
Note : 18/20

Alors qu'on les disait finis, et qu'ils rappellent un ancien membre, Morbid Angel vient nous prouver que nous avions tort. Le paysage death metal ne peut compter sans la bande de Trey Azagthoth (guitare). Alors qu'il fonde en 1983 l'un des pionniers du death, Trey a dû faire face à de nombreux changements de line-up. Mais maintenant, Steve Tucker (basse / chant) est revenu, évinçant David Vincent, et les Américains se sont entourés de Vadim (guitare) ainsi que de Scott Fuller (batterie) pour achever l'enregistrement de "Kingdoms Disdained", leur dixième album. A mi-chemin entre old school et renouveau, le successeur du très critiqué "Illum Divinum Insanus" sera-t-il l'album que tous les fans attendent ?

On débute sur "Pile Of Little Arms", un titre axé violence pure. La rythmique plaira sans aucun doute aux amateurs des débuts, alors que la voix de Steve Tucker semble revenir d'entre les morts. Les riffs s'enchaînent avec une précision divine, et les blasts de Scott Fuller collent parfaitement au style brut du groupe. Plus poussé encore, "D.E.A.D." prouve que le groupe ne prend plus de pincettes avec ses compositions. Des harmoniques sanglantes ponctuent une rythmique à la fois lourde et rapide, pendant que quelques pointes de technicité font leur apparition. "Garden Of Disdain" joue un peu sur le côté old school lent et gras pour séduire, mais la totalité des amateurs du groupe s'y retrouvent. Changement d'ambiance avec "The Righteous Voice" et ses triolets dévastateurs qui comptent sur une basse mise en avant pour accentuer l'aspect rocailleux du groupe pour séduire, alors que "Architect And Iconoclast" revient aux sources du death metal. Quelques passages plus calmes sont à prévoir, mais je suis certain que ce morceau sera responsable de nombreuses courbatures en live. Le solo final nous déchiquette proprement avant de nous lâcher sur "Paradigms Warped", un autre titre qui joue sur l'aspect old school du groupe. Bien que plus martial, cette rythmique satisfait largement l'amateur de death qui sommeille en moi, et je me retrouve à hocher inconsciemment la tête. Les passages que l'on pourrait associer à des breaks sont présents seulement pour permettre aux autres membres de se reposer avant "Pillars Crumbling", un autre titre violent. Une fois de plus, c'est la basse qui mène cette composition, et ce n'est pas moi qui m'en plaindrais, au vu du mix absolument sublime que le groupe nous offre. "For No Master", le titre suivant, jouera uniquement sur la vitesse d'exécution avec des riffs plutôt basiques, mais qui tournent tout seuls, alors que "Declaring New Law (Secret Hell)" apporte une vraie atmosphère pesante. L'introduction est réellement oppressante, et la libération ne sera que partielle, puisque toute la rythmique joue sur cette ambiance instaurée dès les premières notes. Même le solo conserve cette attitude. Ce ne sera pas le cas de "From The Hand Of Kings" qui repartira sur une base rapide afin de sévir plut fortement. Les musiciens semblent se donner à fond sur cette rythmique inspirée, et ce n'est pas le solo criard qui prouvera le contraire. Le dernier titre, "The Fall Of Idols", est une parfaite conclusion. Toujours avec des riffs enflammés, les Américains n'ont plus rien à prouver, mais ils continuent à abattre leurs cartes comme au premier jour. C'est à se demander quelle puissance surnaturelle inspire les compositeurs tellement leurs rythmiques sont faites pour motiver des foules.

Si vous êtes en manque d'inspiration, cet album est fait pour vous. Si vous avez du mal à vous lever le matin, ou que vous allez à reculons à la salle de sport, cet album vous conviendra. Le retour aux sources de Morbid Angel ne leur a apporté que du bien, et les fans peuvent se rassurer : l'épisode qui les a déçus est passé. Leur son est clair, authentique et pur, mais aussi gras, violent et redoutable.


Matthieu
Décembre 2017




"Illud Divinum Insanus"
Note : 01/20

Morbid Angel... un univers à part entière, une âme, une discographie magistrale, une aura particulière émanant de chaque album... les éloges ne manquent pas pour qualifier ce groupe phare de la scène death qui s'imposa dès ses débuts grâce aux prouesses techniques de Pete Sandoval mais aussi grâce à son jeu à la fois lourd, brutal, complexe et incisif, et à ses thématiques occultes et mystiques perceptibles à travers sa musique, ce qui l'a très tôt élevé au rang des dieux incontestables du death. Autant dire que ce dernier album a fait l'objet d'une longue attente du côté des fans,et on se demandait constamment à quoi allait bien ressembler "Illud Divinum Insanus" ("which means in Latin 'those insane Gods'", a-t-on récemment entendu commenter Evil D de sa belle voix grave, fraîchement réintégré au line-up), même si l'artwork, plutôt insolite pour le genre, nous laissait perplexes.

"Illud Divinum Insanus" se révèle être un album déstabilisant, mais pas dans le bon sens du terme : on a affaire à une véritable rupture avec l'esprit originel de Morbid Angel ; le death old-school sauvage et puissant dont on se souvient laisse place à une sorte d'indus tapageur, insipide et épileptique comme nous le montrent le débit vocal et l'arrière-plan "instrumental" (si on peut qualifier ainsi cette succession de martèlements répétitifs et ultra-bidouillés) du deuxième morceau sobrement baptisé "Too Extreme!" après une intro qu'on pourrait croire copiée sur la bande originale d'un quelconque jeu de PS3 (l'intro s'intitule "Omni Potens", ou "Celui qui a tous les pouvoirs"... en l'occurrence, ce qu'était Morbid Angel avant de pondre cette daube infâme). Les vestiges qui subsistent de l'époque où le groupe faisait encore du death sont bien moindres et à peine palpables sous cette production plate et aseptisée. On notera quand même "Existo Vulgore" comme le morceau qui serait le moins adéquat pour une rave party de batcaves, sans être apte pour autant à faire vibrer les plus irréductibles fans. On regrette, entre autres, le manque récurrent de complexité des compos ; l'alternance entre des séries de soli affolants et créatifs, des refrains accrocheurs, des nuances rythmiques inattendues et des riffs travaillés et efficaces, dans les précédents albums, avait tendance à nous laisser complètement désarmés par tant de maîtrise et d'authenticité. Ici, tout semble linéaire et synthétique, sans texture. On aurait pu apprécier certains soli bien maîtrisés si la structure générale du morceau n'avait pas été aussi mécanique et lassante, on aurait pu apprécier, à certains passages, la technique de Tim Yeung si la production n'avait pas été aussi creuse. En tous les cas, n'espérez même pas retrouver du bout des doigts cette magie noire qui caractérisait la musique de Morbid Angel depuis "Altars Of Madness" jusqu'à "Gateways To Annihilation". "Illud Divinum Insanus" est indiscutablement le résultat d'expérimentations foireuses de la part de "ces Dieux givrés", en dépit d'un nouveau line-up qui semblait prometteur, même si le départ définitif de Steve Tucker et le silence total sur le statut actuel de Pete Sandoval au sein du groupe nous ont laissé supposer qu'il y avait une couille dans le pâté.

Je suis par ailleurs consciente de ne pas avoir respecté la déontologie en tant que critique en m'arrêtant à "Radikult" par souci pour ma santé auditive... Mais vous me comprendrez quand vous y aurez jeté une oreille à votre tour ! En résumé, je dirais que ce délire indus ne sied guère à Morbid Angel, qui a visiblement balancé aux oubliettes la devise suivante : "Death Metal is the law". Combien de temps avant que ce groupe revienne dans le droit chemin et fasse redécouvrir aux fans ce dont il est réellement capable dans le bon sens du terme ?


Delph
Juin 2011


Conclusion
Le site officiel : www.morbidangel.com