Le groupe
Biographie :

Moonspell est un groupe de gothic metal originaire de Brandoa, Amadora, au Portugal. Mais bien que principalement rattaché au gothic metal, leur style musical fluctue aussi selon les chansons ou les albums entre le black metal, l'avant-garde metal et le death metal. Du fait de son succès au niveau international, Moonspell est considéré comme le représentant de la scène metal portugaise. Formé en 1989 sous le nom de Morbid God par Fernando Ribeiro (chanteur), Ares (bassiste), et deux autres musiciens, le groupe officiait initialement dans le registre black metal. Leur style musical va par la suite évoluer au fur et à mesure de la sortie des démos et des EPs. En 1992, le groupe est rebaptisé sous son nom actuel. La sortie de l'album "Irreligious" en 1996 marque l'un des premiers succès du groupe : le titre "Opium" est inclus dans diverses compilations et sa vidéo est largement diffusée. Au cours de la période 1998–2000, Moonspell s'oriente dans une veine plus expérimentale avec "Sin/Pecado" et surtout "The Butterfly Effect". Sorti le 24 Avril 2006 chez SPV, "Memorial" marque un certain retour à leurs racines black qu'ils mêlent intimement aux ambiances et aux couleurs gothiques qui ont fait la popularité du groupe. Le neuvième album studio du groupe, intitulé "Alpha Noir", est sorti le 27 Avril 2012 chez Napalm Records, épaulé dans sa version collector par son antithèse : "Omega White". Le 3 Novembre 2017, Moonspell sort un concept album intitulé "1755". L'album suivant, "Hermitage", sort en Février 2021.

Discographie :

1995 : "Wolfheart"
1996 : "Irreligious"
1998 : "Sin/Pecado"
1999 : "The Butterfly Effect"
2001 : "Darkness And Hope"
2003 : "The Antidote"
2006 : "Memorial"
2008 : "Night Eternal"
2012 : "Alpha Noir / Omega White"
2015 : "Extinct"
2017 : "1755"
2021 : "Hermitage"


Les chroniques


"Hermitage"
Note : 18/20

Pleine lune ou pas, Moonspell revient. Depuis 1989 (sous le nom de Morbid God), le groupe mené par Fernando Ribeiro (chant, Orfeu Rebelde, ex-Dæmonarch) nous présente "Hermitage", qui poursuit leur évolution sonore. On retrouve bien évidemment Pedro Paixão (claviers, Orfeu Rebelde, ex-Dæmonarch), Ricardo Amorim (guitare, ex-Dæmonarch) et Aires Pereira (basse, Malevolence), mais cet album est le premier depuis le départ de Miguel Gaspar (batterie), remplacé par Hugo Ribeiro (Desolate Plains) en 2020.

Ceux qui suivent Moonspell depuis longtemps les ont connus en tant que groupe de black metal impie, majestueuse formation gothique aux accents death metal bruts, puis plus récemment les Portugais nous ont conté une partie de l’histoire de leur pays avec des accents sombres et symphoniques. Le groupe va plus loin et part désormais dans un metal gothique assez ambiant aux touches douces et envoûtantes, illustrées par Arthur Berzinsh (Cradle Of Filth). "Hermitage" est un album qui incite au voyage, non seulement grâce à son illustration, mais aussi aux tonalités aériennes qui surgissent dès "The Greater Good". Les hurlements du frontman se font rares, laissant la plupart du temps place à une douce voix claire portée par des riffs travaillés, tout comme sur "Common Prayers", une composition assez sombre mais entraînante. L’instrumentale nous envoûte, laissant pleinement place aux sonorités gothiques, puis c’est "All Or Nothing" qui prend la suite, avec des accents blues. "Hermitage", le titre éponyme, est un peu plus énergique, mais conserve cette langueur oppressante et attrayante à la fois, créant un contraste sur lequel le groupe joue énormément.

Le groupe continue dans sa nouvelle direction musicale avec "Entitlement", un morceau qui tire vers le post-rock et ses effets sonores aériens qui se muent en un voile de mélancolie, tout en prouvant la créativité du groupe, puis les claviers nous enveloppent sur "Solitarian". Le morceau est exclusivement instrumental, et permet à tous les musiciens de s’exprimer pleinement avant de reprendre dans des tonalités lourdes et entêtantes avec "The Hermit Saints", un titre qui semble faire une transition parfaite entre leur nouvelles influences et les précédentes, offrant une intensité sans pareil, mais également une accessibilité impressionnante pour quiconque ne connaîtrait pas le groupe. "Apophthegmata" joue à nouveau sur celle dualité entre la nouvelle douceur et cet aspect lourd, majestueux et sombre que le groupe cultive depuis ses débuts, puis la longue "Without Rule" débute. Le titre résume plutôt bien leur nouvelle approche musicale, se basant sur des sonorités planantes qui piochent dans une large palette de styles pour créer ce son intrigant et vrai avant de clore l’album sur "City Quitter", une outro au clavier sombre et mélancolique.

La carrière de Moonspell est longue, mais aucun album ne se ressemble. "Hermitage" est une nouvelle pierre dans l’édifice du groupe, un nouveau style, une nouvelle approche. Le groupe a décidé de faire ce qu’il veut, quand il veut, et c’est un pari risqué. Mais réussi.


Matthieu
Mars 2021




"1755"
Note : 17,5/20

Alors que l'anglais est la langue majoritaire dans le metal mondial, les Portugais de Moonspell ont décidé de sortir des sentiers battus et d'utiliser leur langue maternelle pour leur nouvel album, "Extinct". Fondé en 1989 par Fernando Ribeiro (chant) sur les cendres de Morbid God, le batteur Miguel Gaspar et le guitariste Pedro Paixão (à la base claviériste) le rejoignent rapidement après. Ricardo Amorim (guitare) et Aires Pereira (basse), quant à eux, attendront respectivement 1995 et 2004 pour faire partie du groupe. Au total, le groupe sort 12 albums, 2 EPs et un album live au cours de sa carrière, et c'est sur le dernier que nous allons nous pencher. Une fois la barrière de la langue passée, c'est un album de metal gothique aux sonorités sombres que vous allez vous prendre en pleine face.

"Em Nome Do Medo" en est le premier titre. L'introduction, quoi qu'un peu longue sur la fin, laisse présager un titre lourd mais puissant, et c'est avec bonheur que l'on constate que le scream de Fernando passe très bien en portugais. Les orchestrations nous amènent doucement vers "Extinct", le titre éponyme. Toujours empli d'orchestrations qui donnent à ce titre une puissance insoupçonnée, la rythmique du groupe sévit lentement. Leur metal gothique vous prend aux tripes, et aucun instrument n'est oublié. La petite surprise de cet album intervient dès maintenant. En effet, on s'attend assez peu à voir un duo entre un chanteur de metal et un chanteur de fado. Pourtant, c'est Paulo Bragança qui accompagne Fernando sur certaines parties d'"In Tremor Dei", et le rendu est absolument magnifique. "Desastre" reviendra sur l'imposante voix de Fernando et une introduction simpliste aux cordes pour finir sur des riffs sombres, alors qu'Abanão lancera directement l'offensive avec une rythmique puissante et sanglante. Les harmoniques dont le groupe fait usage rendent le titre plus poignant. C'est un titre plus atmosphérique qui arrive ensuite. "Evento" et ses sons aériens font littéralement voyager l'auditeur avant de lui imposer une rythmique plus soutenue pour le ramener sur Terre, dans jamais abandonner le côté ésotérique de la musique. Changement de décor avec les riffs inspirés de "1 De Novembro" et sa rythmique presque joyeuse. Une voix à la limite entre du chant clair et saturé, on est loin, bien loin des débuts de l'album, mais ce titre s'inscrit pourtant dans l'évolution de cet opus. L'introduction de "Ruinas", presque effrayante, vous clouera au sol par sa froideur. J'ai réellement eu du mal à mettre des mots sur ce titre tellement il est prenant, et dérangeant à la fois. Retour sur une guitare lead plus traditionnelle mais empreinte d'émotions également, "Todos Os Santos" et son orchestre vous émerveilleront à nouveau de par la puissance dont le groupe peut faire preuve lorsqu'ils en éprouvent le besoin. Le dernier titre, "Lanterna Dos Afogado", est le plus long mais aussi celui qui se fait le plus attendre. Un son en arrière-plan, un clavier plaintif, et une rythmique qui tire sur le doom metal. Quoi de plus glauque pour accueillir le chant d'un Fernando déchaîné ? La version digipack contient également une version en espagnol de "Desastre", qui à mon humble opinion, devient juste un peu plus chantante.

Je n'ai aucune affinité avec le portugais, et j'avais clairement peur de cet album. Je l'ai regardé pendant trois jours entiers avant de me décider à le lancer. Et j'ai eu tort. "Extinct" est un excellent album, qui mérite que vous lui laissiez une chance. Comme je l'ai déjà dit, une fois que la barrière de la langue a été dépassée, vous pourrez apprécier pleinement la puissance du nouveau Moonspell. Personnellement, j'irais également le découvrir en live lors de leur tournée avec Cradle Of Filth en début d'année prochaine.


Matthieu
Novembre 2017




"Extinct"
Note : 12/20

Moonspell fait partie des quelques groupes très chers à mon cœur, capables de me transporter avec aise. Et de fait, Moonspell fait également partie des leaders de la scène dark metal, dont la qualité n’est plus à prouver. Du coup, après une excellence constante depuis l’incroyable "Memorial", nous étions en droit de nous attendre à une continuité, un nouvel album tout bonnement phénoménal ! Alors lorsque "Extinct" est enfin prêt à être délivré au public, mon sang ne fait qu’un tour !

Sauf que même les leaders, même les plus grands, ont des moments de faiblesses. Et il faut croire que l’année 2015 n’est pas vraiment propice aux belles surprises venant de la part des "loups-garous" portugais. Surtout, ne vous attendez pas à l’élégance dont nous avions l’habitude jusqu’alors. Au contraire ; préparez vos oreilles à dix merveilleux titres d’une platitude aussi alarmistes que profondément agaçante. Enfin, qu’est-ce qui est passé par la tête des musiciens pour proposer un album aussi insipide ? Sincèrement, des artistes de si grand talent ! Alors que leur patte était ô combien reconnaissable auparavant, alors que leur style raffiné était capable d’emmener l’auditeur dans un univers qui leur est propre ? Comment alors est-il possible d’expliquer cet "Extinct" au côté très pop –parfois curieusement similaire à Lacrimas Profundere, dans leur version la plus accessible– et franchement simpliste ? Beaucoup de points d’interrogation ces dernières lignes, je sais ; au moins autant que ceux qui s’accumulent dans mon esprit.

Il m’est sincèrement difficile, très difficile, de vanter les mérites d’un titre en particulier d’un album aussi fade. Les idées de Moonspell ne cessent d’apparaître sans aucune conviction, quand elles ne sont pas tout simplement à côté de la plaque. Comme ces orchestrations sur "Breathe (Until We Are No More)", ce titre d’ouverture qui parvient tout de même à tourner en rond en à peine 5 minutes et quelques. Parfois aussi, nous avons droit à un décalage absolument incompréhensible entre le chant et les instruments (le morceau-titre "Extinct"). Ok, si vous voulez vous faire une idée rapide du contenu, prenez le single "The Last Of Us" et déclinez-le un certain nombre de fois, en variant juste un peu la durée de votre titre. Et non, ce n’est pas non plus le chant français de "La Baphomette" qui relève le niveau.

Non, "Extinct" n’est pas inécoutable. Mais, s’il pourrait faire partie de la discographie d’au moins vingt-cinq groupes de metal gothique différents, il ne mérite par contre pas de figurer dans celle de Moonspell. Bon, si votre quête musicale est satisfaite par des refrains à chanter en chœur sans réfléchir davantage, je suis peut-être mauvaise, mais je suppose que, dans ce cas, ce Moonspell cuvée 2015 vous comblera. Pour ma part, j’en attends beaucoup plus d’un groupe de cette trempe, dont les excellentes compositions font figure de références dans le style depuis de très nombreuses années.

Les quelques points reviennent à la qualité technique indéniable et aux compositions, qui, peut-être, auraient été plus sympathiques et appréciables si elles étaient venues d’un autre groupe que Moonspell. Ce qui n’empêche pas "Extinct" d’être une amère déception.


Gloomy
Février 2015




"Alpha Noir / Omega White"
Note : 18/20

Le nouvel album de Moonspell se trouve enfin dans ma platine ! Quatre ans ! Quatre ans d’attente depuis l’excellentissime "Night Eternal" ! Alors rien que pour le plaisir d’écouter "Alpha Noir", on se dit avec le sourire que 2012 vaut la peine d’être vécu. Parce que oui, nous sommes confiants : c’est Moonspell, les amis ! Les Portugais et leur label, Napalm Records, nous promettaient du lourd. Jugez plutôt : la fiche informative du petit nouveau nous annonce que celui-ci est très certainement l’album le plus marquant du groupe, groupe supposé être devenu plus explosif encore qu’auparavant. Compte tenu de la qualité indéniable des travaux studios comme des prestations live, déclarer que le défi à relever est de taille n’est qu’un doux euphémisme. Mais malgré tout, nous sommes confiants.

A raison, cela va sans dire. Quatre ans après un succès phénoménal, Moonspell nous revient avec une véritable bombe en puissance, prête à éclater et asseoir définitivement le groupe aux rangs des maîtres du dark metal, ou tout du moins confirmer cette place si celle-ci était déjà acquise dans le cœur du public et des médias, ce dont je n’ai, croyez-moi, pas le moindre doute. Et vous pensez que le lot de nouvelles réjouissantes s’interrompt dès maintenant ? Détrompez-vous, car si je vous disais il y a un instant que je profitais du dernier disque de Moonspell, j’aurais dû vous également vous prévenir qu’un second attendait sagement son tour. Je veux bien évidemment parler d’"Omega White", uniquement disponible avec l’édition limitée d’"Alpha Noir". Voilà qui devrait motiver les réticents à l’achat, en plus du fait de pouvoir admirer cette pochette encore une fois signée par le ô combien talentueux Seth Siro Anton. Il va sans dire que l’on situe rapidement le concept de, disons, ce double album, avec les deux figures représentatives de la création et de la destruction (l’alpha et l’omega, donc).

C’est ainsi que nous nous retrouvons aux prises d’un "Alpha Noir" sans répit aucun, dont la puissance incommensurable balaye tout sur son passage. Portés par les vocaux du seul et unique Fernando Ribeiro, les différents titres surprennent tout d’abord par cette agressivité hors du commun, ces morceaux intenses et captivants, à l’image du "Axis Mundi" d’ouverture, ou encore de l’excellentissime "Em Nome Do Medo" ("Au Nom De La Peur"), certes plus mesuré, mais non moins abyssal. Si Moonspell nous a déjà prouvé maintes fois qu’il était tout à fait en mesure de maîtriser parfaitement un black / death atmosphérique violent, il ne l’a jamais prouvé avec autant de réussite que sur cette nouvelle galette. Oubliez les ambiances gothiques : ici, il n’y a de place que pour la force, la grandeur, une surpuissante infranchissable tout autant qu’hypnotisante et naturellement fascinante.

Après quarante minutes sans le moindre souffle d’air frais à disposition, nous en arrivons naturellement à "Omega White". Le chant clair et les atmosphères mystérieuses et éthérées vous manquaient ? Ne passez donc pas à côté de ce bonus hors du commun. Quel dommage d’ailleurs d’utiliser ce terme, et de savoir que bon nombre d’auditeur n’auront pas l’occasion de bénéficier de ces huit titres supplémentaires (titres à part entière, rappelons-le : pas de remix, pas de réenregistrement de morceaux déjà connus, non ! Huit morceaux originaux tout spécialement conçus pour le plaisir de nos oreilles à tous). Et c’est le mélancolique "Whiteomega" qui ouvre le bal. En beauté. Un disque jumeau qui nous présente la deuxième face des Portugais, nous rappelant immédiatement non plus les précédents "Night Eternal" et "Memorial", mais plutôt les plus anciens "The Antidote" ainsi que "Darkness And Hope", respectivement sortis en 2005 et 2001. Une sacrée envolée dans le passé, comme le laissait présager la clôture d’ "Alpha Noir", "Sine Missione". Qu’on se le dise, "Omega White" ne provoque pas l’effet de surprise causé par "Alpha Noir" : nous avons plutôt ici affaire au Moonspell que l’on a déjà appris à connaître.

Une déception ? Bien sûr que non ! Un groupe connu n’en demeure pas moins un groupe duquel on profite de tout son saoul quand il est de qualité, n’est-ce pas ? Et en effet, ténébreux et émotionnel, "Omega White" conquiert les cœurs grâce à son adresse, grâce à l’habilité de ses géniteurs de diffuser mille-et-unes émotions ("Whiteomega", "Herodisiac"), tout en restant ancrés dans leur royaume de nostalgie. Alors oui, en effet, Moonspell a pris tout son temps avant de nous sortir le successeur tant attendu du fabuleux "Night Eternal" ; en cette année 2012, le groupe nous revient dans toute sa splendeur avec suffisamment de matériel sous le bras pour nous faire patienter jusqu’au prochain, en toute satisfaction compte tenu de l’élégance de ses nouveaux travaux. Quelle classe !


Gloomy
Avril 2012


Conclusion
L'interview : Miguel Gaspar

Le site officiel : www.moonspell.com