Le groupe
Biographie :

Moonloop est un groupe de death metal progressif espagnol formé en 2001 et actuellement composé de : Vic A. Granell (basse / Northland ), Raúl Payán (batterie), Juan José Martín (guitare) et Eric Baule (chant / guitare / claviers). Après un premier album sorti en 2005 ("Release From Duality"), Moonloop revient avec "Deeply From The Earth" sorti en Mai 2012 chez Listenable Records. Le troisième album, "Devocean", sort en Mars 2017, toujours chez Listenable.

Discographie :

2005 : "Release From Duality"
2012 : "Deeply From The Earth"
2017 : "Devocean"


Les chroniques


"Devocean"
Note : 17/20

Je vous avais parlé de Moonloop en 2012 avec la sortie de "Deeply From The Earth" en disant en gros que si le groupe arrivait à se délester de ses influences Opeth un peu trop flagrantes, il pourrait devenir bien plus intéressant. Le groupe a dû avoir droit à ce son de cloche plus d'une fois parce qu'il l'a fait et "Devocean" présente une nouvelle facette du groupe.

Dès l'entame de "Megalodon", le groupe surprend, le ton est bien plus dur, les riffs plus assassins tout en étant toujours techniques, l'ambiance est plombée et des réminiscences de metal progressif arrivent tout de même à se faire une place et l'on entend même des sonorités proches des musiques latines ! Bref, pour une entrée en matière, Moonloop fait fort à tous les niveaux et nous glisse une bonne grosse baffe à laquelle on ne s'attendait pas. Ce premier morceau se termine par un passage presque doom dans l'esprit aux mélodies d'un autre monde surmonté d'un solo inspiré et relativement lumineux. On a presque du mal à croire que c'est ce groupe qui avait sorti "Deeply From The Earth" tant la mue est impressionnante, la preuve que les cinq années séparant les deux albums ont été utilisées à bon escient. Mais ce n'est pas fini puisque "Nightmare Gallery" qui suit donne l'impression d'entendre Atheist avec ces fameux riffs totalement tordus et techniques teintés de thrash ! Autant dire que les influences Opeth sont bien loin, le groupe s'est émancipé et montre un visage plus mature et bien plus varié. Mais ce sont les ambiances distillées par ce "Devocean" qui font sa force, l'album est visiblement centré sur le monde sous-marin et à l'écoute on a effectivement l'impression d'atterrir dans un monde totalement différent. "Expired Kings" montre des influences plus modernes et des passages en voix claire sentant le Devin Townsend, bref plus on avance dans l'album plus Moonloop nous surprend. Même après plusieurs écoutes, on découvre encore des choses sur "Devocean", l'album est tellement varié et tellement riche qu'il est impossible d'en faire le tour en une fois.

Malgré cette richesse, l'album ne perd jamais en cohérence et Moonloop arrive à nous accrocher l'oreille et à nous embarquer dans son univers sans aucun problème. Les progrès par rapport au précédent album sont flagrants, pour être honnête si j'avais écouté "Devocean" sans voir le nom du groupe sur le CD, j'aurais sûrement eu du mal à reconnaître Moonloop. Il va évidemment falloir une certaine ouverture d'esprit pour apprécier un tel album mais la qualité est au rendez-vous et le groupe a fait un tel bond en avant que j'invite même les plus frileux à lui prêter une oreille attentive. Les morceaux sont tous relativement longs, flirtant en général avec les six minutes pour les plus courts. Vous êtes donc prévenus que le groupe a privilégié des morceaux à tiroirs qui vont vous prendre à contre-pied plus d'une fois et j'ai envie de dire tant mieux, on ne risque pas de s'en lasser au bout de dix écoutes. Si la technique est au rendez vous elle ne déborde jamais en démonstration et le groupe garde un groove, une efficacité et un sens de la mélodie indéniables. Précisons aussi le travail fait sur le son avec une production massive, puissante, claire, offrant une place à chaque instrument et surtout sonnant de façon organique. On est loin des sons en plastique en vogue depuis une paire d'années et ça fait du bien d'entendre une production pareille. Difficile en tout cas de coller une étiquette sur un album pareil tant les genres se mélangent, c'est extrême, mélodique, planant, immersif, technique, agressif, moderne de temps en temps et old school à d'autres, ça growle, ça chante en voix claire, bref il y a un peu de tout sur ce nouvel album de Moonloop et pourtant le groupe ne se perd jamais en route.

Voilà donc un nouvel album surprenant et impressionnant pour Moonloop, les progrès effectués depuis "Deeply From The Earth" sont flagrants et on a du mal à reconnaître le groupe tant le bon en avant est grand. Si vous avez l'esprit ouvert vous pouvez foncer c'est du très bon, sinon écoutez quand même on sait jamais vous pourriez avoir un déclic.


Murderworks
Avril 2017




"Deeply From The Earth"
Note : 14/20

Après un premier album en 2005, les Espagnols de Moonloop sont de retour avec "Deeply From The Earth" et une signature chez Listenable. Le groupe est classé dans la catégorie death progressif, rien d'étonnant à voir le terme progressif accolé à ce groupe puisque son nom vient d'un morceau de Porcupine Tree.

Mais très vite c'est un autre nom qui s'impose, celui d'Opeth. On retrouve les mêmes harmonies, le même genre de mélodies et sans être un décalque total on sent quand même clairement l'influence des Suédois. Alors heureusement les membres de Moonloop ont largement le niveau technique nécessaire, à ce niveau là il n'y a aucun souci c'est carré de chez carré et la prod' n'est vraiment pas dégueulasse non plus. Et puis ce n'est que le deuxième album du groupe, même il y a eu 7 ans entre celui-ci et son prédécesseur. Je pense qu'avec un peu de temps tout ça s'estompera, à moins que le groupe ne se plaise dans ce registre. On a vu des groupes le faire volontairement en guise d'hommage, dans un autre genre on a Thulcandra qui ressemble beaucoup à Dissection, même si là ça passe mieux puisque le groupe n'existe plus.

Bon maintenant c'est clair que si on fait abstraction de ce gros détail, on se rend vite compte que les morceaux de ce "Deeply From The Earth" sont très bons dans le genre. Mais même en faisant l'effort, les sonorités à la Opeth se rappellent toujours à notre bon souvenir. C'est dommage parce que les compositions tiennent la route sans problème, on n'a pas vraiment de passages à vide pour nous faire lâcher l'écoute non plus. Mais je le redis, être capable de rejouer ce genre de musique et d'en composer démontre déjà un certain niveau technique et un certain talent de composition. Même en ayant une influence évidente, il n'est pas forcément évident de maîtriser des morceaux à tiroirs aussi techniques et exigeants.

On a là encore comme chez Opeth quelques passages en chant clair, et même si la voix n'est pas du même niveau que celle d'Akerfeldt (qui est exceptionnelle donc rare, donc on ne va pas pinailler là dessus) elle assure le boulot comme il faut. Le timbre est agréable et les lignes de chant sont justes, encore une fois le niveau technique est très bon. On sent très bien que ce n'est pas de l'opportunisme de la part de Moonloop, c'est évident que ces musiciens n'ont juste pas encore réussi à totalement s'émanciper de l'influence d'un groupe qui les a profondément marqués. Mais je le rappelle ce n'est que leur deuxième album, laissons leur le temps de faire mûrir un peu plus leur musique et voyons ce qu'il en sortira. Pour peu qu'ils s'en donnent la peine, ils ont le potentiel de faire quelque chose d'excellent et de développer une personnalité qui pourrait être bien plus intéressante.

Donc voilà un bien bon album qui pêche quelque peu par son influence trop flagrante, pour un deuxième album on peut encore le pardonner. Mais si le groupe n'affirme pas vouloir donner dans une sorte d'hommage à Opeth, il faudra réviser ça à l'avenir et développer sa propre personnalité. D'autant que les musiciens en ont largement le niveau, il suffirait qu'ils se lâchent un petit peu et n'aient pas peur d'oser de nouvelles choses.


Murderworks
Juillet 2012


Conclusion
Le site officiel : www.moonloop.es