Le groupe
Biographie :

Monuments est un groupe de metal progressif anglais formé en 2007 et actuellement composé de : John Browne (guitare), Adam Swan (basse), Mike Malyan (batterie / samples) et Andy Cizek (chant). Après un premier EP ("We Are The Foundation") sorti en 2010, le groupe sort son premier album, "Gnosis", en Août 2012 chez Century Media. Deux ans plus tard, Monuments sort son deuxième album en Juin 2014, "The Amanuensis". L'album suivant, "Phronesis", sort en Octobre 2018. "In Stasis" sort en Avril 2022.

Discographie :

2010 : "We Are The Foundation" (EP)
2012 : "Gnosis"
2014 : "The Amanuensis"
2018 : "Phronesis"
2022 : "In Stasis"


Les chroniques


"In Stasis"
Note : 17/20

Alors qu’il y a à peine cinq ans on croyait le dent mort et enterré, la faute à trop de groupes qui avaient déjà tout exploré, à des sons devenu trop gros, force est de constater que certains groupes, Periphery en tête, continuent de produire des galettes de qualité, et c’est bien dans cette veine que le quatrième et nouvel opus de Monuments, "In Stasis", arrive à mes oreilles aujourd’hui.

On ressort la 8 (voire 9) cordes et le Axe FX 2 (Sooo 2010), on révise ses gammes, ses polyrythmies et on se prépare les paluches pour des sessions de tapping à 8 doigts et voilà, on est prêt à pleurer devant les compos énormes de John Browne et de ses coéquipiers. Parlons-en d’ailleurs de ses coéquipiers, qui ont tendance à changer souvent ! Pour ce "In Stasis", le guitariste chevelu s’est entouré de d’Andy Cizek au chant et de Mike Malyan aux fûts. Contrairement aux précédents albums qui étaient des enchaînements de bonnes chansons, qui n’avaient mélodiquement pas forcement de fil conducteur entre elles, ce "In Stasis" offre au contraire quelque chose d’extrêmement cohérent sur toute la durée de l’écoute. Cette prouesse résulte de la collaboration entre Browne et Mick Gordon, le légendaire compositeur de musique de jeux vidéo à qui on doit les énormes bandes-son des deux derniers Doom (bandes-son qui, à elles seules, méritent d’être éditées en CD et vinyle tellement le travail abattu est phénoménal) qui les a accompagnés tout au long du processus.

L’album s’ouvre sur "No One Will Teach You", titre incroyablement sage (pour Monuments), voire basique, en duo avec Neema Askari, l’ancien vocaliste du combo (sur "Gnosis") avant d’enchainer sur "Lavos" qui donne le vrai ton de l’album : tout en technicité, en alternances d’agressivité (en screams) et de mélo (en voix claire), en puissance et en maîtrise. L’écoute s’annonce des plus prometteuses !! Ouille ouille, le titre suivant, "Cardinal Red" est vraiment à la hauteur de la réputation de techniciens du combo ! Là encore alternance de mélo et de rage tout en contrôle, servie par des riffs à s’en emmêler les doigts et des changements de tonalités plutôt intéressants. L’ambiance de ce nouvel opus est résolument différente, plus posée, moins bling bling qu’auparavant, avec un nouveau son (dû au changement de collaborateur au studio) sans oublier les fondamentaux du groupe bien sûr, et les guests de choix, comme celui avec Spencer Sotelo (Periphery) sur "Arch Essence", concentré de bonnes choses.

Au final, ce "In Stasis" est loin d’être l’album le plus djent  à proprement parler du groupe. Il sait se faire plus cohérent, plus mélodique, moins dans la débauche de riffs à dormir debout. En somme, on pourrait le qualifier d’extrêmement mature et réfléchi. Une pépite donc.


Byclown
Avril 2022




"Phronesis"
Note : 14/20

On repart pour une petite plongée dans les méandres de la scène djent avec le nouvel album de Monuments, "Phronesis". Un groupe connu pour pratiquer un djent assez metal avec juste ce qu'il faut d'ambiances et de passages atmosphériques. Une formule qui s'est montrée efficace jusqu'à maintenant même si elle n'a encore rien révolutionnée.

Et ce nouvel album continue sur la voie lancée par ses deux prédécesseurs avec ce metal moderne technique aux rythmiques syncopées et à l'alternance chant clair chant hurlé parfois un peu trop téléphonée. Que les orchestrations au début de "A.W.O.L" ne vous trompent pas, le groupe ne s'est pas calmé et le chant hurlé de Chris Barretto vient bien vite remettre les pendules à l'heure. Le morceau repart dans ces riffs très hachés et syncopés que le groupe affectionne avant de partir sur le typique refrain mélodique. Il faut avouer que c'est plutôt efficace même si la formule commence à sentir le réchauffé, un peu de nouveauté et de prise de risque ne ferait pas de mal à ce niveau-là. Toujours est-il que les morceaux s'enchaînent et que l'équilibre entre puissance et mélodie est suffisamment bien dosé pour que le tout passe comme une lettre à la poste sans être ni trop mou ni manquer d'accroche. "Phronesis" ne marque pas de rupture par rapport à "Amanuensis" et ceux qui avaient accroché à celui-ci ne devraient avoir aucune raison de ne pas trouver leur compte sur ce nouvel album. Inutile de préciser par conséquent que si le djent vous fait vomir par les oreilles, je vous conseille de fuir le plus vite possible. Niveau production, pas de surprises non plus, ça sonne gros, puissant, propre, clair, bref dans les standards du genre avec de quoi décoller le papier peint. Comme d'habitude, les morceaux ne dépassent pas les cinq minutes, gros maximum, et Monuments mise tout sur l'efficacité et le côté compact de son djent.

Malgré la technicité de sa musique, on sent que le groupe pense aussi à la scène quand il compose, un morceau comme "Mirror Image" semble spécifiquement taillé pour ça et il pourrait même être balancé en single dans les médias mainstream si le grand public n'était pas aussi allergique aux guitares électriques, même constat pour "Stygian Blue" d'ailleurs. Des morceaux par ailleurs plus faiblards, plus formatés et moins inspirés que le reste. On a l'impression d'y entendre Monuments draguer les radios américaines en espérant y passer en boucle, un sentiment un peu gênant quand on écoute un groupe censé faire partie de la scène metal. Les détracteurs du djent diront qu'ils ne sont pas étonnés mais quand on connaît un minimum cette scène, on sait de quoi sont capables certains groupes et on remarque surtout que même si la mélodie fait partie de ce style depuis les débuts, il est aussi bien trop technique et complexe pour que le grand public s'y rallie. Certaines personnes reprochaient à Monuments de mettre un peu trop l'accent sur l'agressivité et de ne pas laisser place à la mélodie, il faut croire qu'elles ont été entendues parce que celle-ci se fait une place assez importante sur "Phronesis". Certes les gros riffs sont toujours là et certains passages rentrent plus dans le lard mais il y a pas mal de passages très mélodiques et très accrocheurs.

Nouvel album bien foutu mais qui laisse parfois un goût bizarre dans la bouche avec ses passages les plus mélodiques ouvertement formatés. Pas mauvais pour autant, plutôt efficace même, mais disons qu'il y a un peu trop de sucre dans certains passages.


Murderworks
Janvier 2019




"The Amanuensis"
Note : 17/20

C’est fait ! Le petit frère de "Gnosis", "The Amanuensis" n’aura pas mis 50 ans à sortir. Inséré depuis toujours dans le mouvement djent le plus puriste, Monument, le projet de John Browne (anciennement guitariste de Fellsilent qui a fricoté plus d’une fois avec Periphery, d’où l’apparition de Spencer Sotelo sur le premier opus) dépasse cette fois-ci un nouveau cap tant sur le fond que la forme car il propose, en plus d’une évolution musicale notable, un réel concept album au niveau des paroles. Même si le titre de cet opus "The Amanuensis" se rapporte au livre de David Mitchell "Cloud Atlas" (titre repris par moult groupes dans le metal), les paroles elles, parlent de Samsara, soit la transfiguration, le cycle des vies dans le Bouddhisme (également repris dans l’Hindouisme et le Sikhisme). Tout un programme donc pour aborder ce nouvel opus fort de 11 titres et surtout d’un nouveau chanteur, Chris Barretto qui, en plus de jouer du saxo, avait lui aussi officié chez Periphery durant un temps (sa voix fait penser clairement à du sous-Spencer Sotelo mais c’est toujours moins énervant que le nouveau chanteur de TesseracT).

Djent énervé du début à la fin, avec une exception pour le dernier titre ambiant "Samsara" (curieusement l’un des meilleurs titres de l’album), cette galette est composée de chapitres introduits par un puissant "I, The creator" (dans la pure tradition technique du groupe qui se veut, guitaristiquement parlant "Betcha can’t play this", comme sur "Gnosis") et clôturés par un logique "I , The Destroyer" (logique lorsque l’on suit l’évolution des préceptes du Bouddhisme). C’est donc logiquement qu’après la création on passe à l’évasion avec "Origin Of Escape", première occasion pour mes chastes oreilles de découvrir la voix clean de Mister Barretto qui perdurera sur les "refrains" (si on peut appeler ça comme ça dans ce genre musical) de "Atlas", "Garden Of Sankhara" et à certains moments sur "Horcrux", histoire de donner un côté un peu plus catchy au morceau (un peu plus Periphery en fait, c’est triste à dire mais c’est vrai). Et c’est encore une fois là que le bât blesse à mon sens : la quasi-totalité des groupes de djent, mathcore, math metal, metalcore, etc, usent le procédé de l’alternance chant clair / scream (growl) avec plus ou moins de succès il faut le reconnaître. Afin de se démarquer de cette masse grouillante de groupe de branleurs de manches invétérés qui se créent tous les jeudis des mois impairs, ne serait-ce pas plus simple de proposer de la nouveauté aussi sur la voix ??

Bien plus ouvert que son grand frère, excellemment bien produit à différents coins du globe dans des studios prestigieux, avec une identité propre, ce disque est sans aucun doute une réussite néanmoins, il manque à mon goût un petit quelque chose pour qui mérite le qualificatif d’excellent.


Byclown
Juin 2014




"Gnosis"
Note : 18/20

Premier album du quintette anglais de metal prog Monuments, "Gnosis" est une sorte de bombe auditive. Gravitant autour de John Browne à la guitare (ami de Misha Mansoor de Periphery) cet album fouillé, sentant bon les heures de boulot, ravira à coup sûr les amateurs de Meshuggah et autre Periphery. Sonnant résolument moderne, cette galette de 9 titres propose ce qui se fait de mieux ou presque en matière de voyage musical prog et djent. Premier morceau, "Admit Defeat", et première claque pour ce son qui sent bon le Meshuggah avec une alternance de growl et de chant clair (ce dernier étant malheureusement clairement dispensable car mauvais). Le plaisir continue avec le second titre "Degenerate", là encore dans la même veine technique et enragée avec un léger effort sur ce chant clair qui me laisse toujours un peu sceptique. De morceau en morceau, l’ambiance passe agréablement du bourrin super technique et froid à quelque chose de plus mélodique, avec plus de chant clair de bon goût, me rappelant clairement le premier album de Periphery, allant même jusqu’à me faire douter sur certains passages sur l’identité du chanteur (Spencer Sotelo, sors de ce corps). Histoire de bien faire, le mix est bon et les paroles ne sont pas dénuées de sens. Pour un premier album, je dois dire que celui-ci est plus qu’engageant et confirme le bon feeling instauré par leur EP. Reste à savoir ce que ces braves sont capables de produire sur scène (en tournée en fin d’année avec Jeff Loomis) dans un premier temps et, dans un deuxième temps, ce qu’ils nous préparent pour leur second opus.


Byclown
Août 2012


Conclusion
L'interview : Chris Barretto & Mike Malyan

Le site officiel : www.facebook.com/thisismonuments