A la vue de l'illustration ornant ce "Doom With A View" ainsi que du patronyme de leur auteur, Modern Funeral Art, aucune hésitation ne fit quand au style dans lequel nos trois Français officiaient : un doom metal sans aucun doute aux allures funestes. Et en effet la jeune formation revient défendre son second opus masterisé par Dan Swanö au Unisound Studio de Suède, qui se veut flirtant tour à tour avec le côté primitif du doom metal et l'ambiance mélodique du dark metal. Un tempo réfréné mais jamais lent à l'extrême, ainsi qu'une voix qui peut faire controverse sont les éléments qui déterminent cet univers empli de noirceur et de mélancolie qu'est celui de Modern Funeral Art. Ce chant clair au timbre grave et si particulier apporte ainsi un son propre au groupe, une façon de se distinguer de leurs acolytes "doomeux" ce que l'on ne peut que gratifier. Malgré tout on ne peut se convaincre autrement que la musique de MFA gagnerait pour beaucoup sans la présence de cette voix peu en adéquation avec l'ambiance de ce "Doom With A View", le gâchant presque par moments, et pourrait s'enrichir d'un chant guttural grave et profond tout droit sorti des fin fonds des ténébres, tout du moins à l'intégrer par de ci de là de ses compositions. En dépit de cette erreur, chaque titre a su être construit de façon à se distinguer aisément, même si la plupart demeurent répétitifs en eux-mêmes, et peuvent être analysés à part entière. Ainsi "State Of The World" ouvre les hostilités, surprenant par son tempo enlevé ainsi que par la lourdeur et l'animosité qui s'en dégagent toutefois, laissant échapper les premières notes de mélancolie. S'en suit "Sol Invictus" et ce qui pourrait être le hit de l'album, "Alexander", à la fois plus mélodique et plus subtil, nous laissant enfin véritablement pénétrer l'univers de MFA. "Mary Jane Kelly" arrive ensuite pour nous suprendre de son atmosphère bien loin de ce qui pourrait être considéré comme "metal" , où seuls régnent une guitare et ce fameux chant si personnel, à laquelle on choisit d'adhérer... ou pas. Le côté ténébreux et nerveux de "Dante In The Dusty Woods" reprend le pas, ce qui n'est pas pour déplaire, et poursuit son chemin dans la continuité des premiers titres avant que les trois parties composant "Deathcode Of The Devil Worshippers" nous dévoile un univers plus profond, emprunt d'une certaine noirceur. Ainsi cet opus s'achève avec "The Dance" où les premiers riffs donnent l'illusion d'un true black metal et se poursuit avec énergie jusqu'à s'étteindre... Au final Modern Funeral Art délivre une musique possédant certes sa propre griffe, mais qui jamais n'arrive à convaincre totalement ne serait-ce que par le choix plutôt risqué de son chant ou son manque d'âme. "Doom With A View" s'écoute mais jamais ne réussit à transporter au-delà son auditoire, ce qui est bien dommage au vu des bons nombres d'éléments le composant.