Il faut bien l'admettre, la majeure partie du temps, quand on traîne sur Facebook, c'est pour glander, on va pas se mentir.. Mais parfois, au détour d'une conversation, on peut y faire des découvertes intéressantes, comme ce groupe originaire de Lyon qu'est Mobius. Cinq excellents musiciens, au demeurant forts sympathiques, qui se risquent au dur exercice qu'est jouer du metal progressif en France et qui relèvent le défi avec panache, ça s'applaudit des deux mains.

Avec un univers visuel aussi travaillé que ses compositions, le groupe a donc placé la barre très haute. Tout au long des huit morceaux de cet album, on navigue entre une foultitude d'idées sans réelle faute de goût. Même si l'ombre de Dream Theater n'est jamais loin, le groupe évite l'écueil du plagiat en restant totalement imprévisible. On se retrouve baladé entre rythmiques syncopées, harmonies typiquement jazz, mélodies classiques et arrangements symphoniques, le tout agencé de manière à former le parfait terrain de jeu pour que Héli laisse libre court à sa technique vocale. Alternant les influences, la voix se fait tantôt rock, tantôt lyrique, puisant également dans les musiques du Monde. L'approche du chant n'est d'ailleurs pas sans me rappeler les Américains d'Aghora, side project de Sean Malone et Sean Reinert, deux anciens Cynic. On pourrait seulement reprocher, en voulant être tatillon, un petit manque de mélodies vraiment accrocheuses, ce petit quelque chose qui vous fait siffloter plusieurs heures après la fin de l'écoute. Mais rappelons-le, "The Line" n'est que le premier album de cette prometteuse formation.

D'ailleurs, à l'heure où j'écris ces lignes, ces stakhanovistes sont en passe de lui donner un petit frère (ou une petite sœur, l'échographie ne nous a pas révélé ce détail pour le moment) et les heureux parents viennent de dévoiler le premier extrait de ce second album, l'excellent "Abhinivesha", sorte de magma de rythmiques en fusion enrichi de piments des quatre coins du Monde, un refrain qui s'insinue sournoisement dans votre esprit pour ne pas en ressortir et curry sur le cheese nan, magnifié par un clip particulièrement esthétique. Nul doute que les quelques défauts de jeunesse seront balayés d'un revers de la main par le second album du groupe prévu pour la fin d'année.