Formé par Andrea Chiodetti de Grimness et par Jesse Haff et Egan O'Rourke, tous deux membres de Daylight Dies, le projet MMXX sort son premier album "Sacred Cargo" avec une belle cargaison d'invités au chant ! Dix morceaux sur l'album dont un instrumental, ce qui en laisse neuf à chanter pour huit invités et Egan O'Rourke, le compte est bon.

On retrouve donc Marco Benevento de The Foreshadowing, Chris Canella d'Autumn's End, Mikko Kotamäki de Swallow The Sun, Yann Ligner de Klone, Mick Moss de Antimatter, Carmelo Orlando de Novembre, Aaron Stainthorpe de My Dying Bride et Dan Swanö dont on ne présente plus les multiples groupes et projets. Vu le line-up, vous aurez vite compris que l'on va naviguer dans une sorte de doom / death mélodique et que l'ambiance générale ne va pas être à la fête ! "This Breath Is Not My Breath" ouvre le bal et rappelle Swallow The Sun, ce qui est renforcé par le fait que c'est le chanteur du groupe qui tient le micro sur ce premier morceau. Un couplet growlé, lourd et pesant qui laisse place à un refrain en chant clair plus accrocheur qui garde tout de même quelque chose de sournoisement noir dans ses mélodies. Quelques dissonances s'y glissent d'ailleurs de temps en temps et nous rappellent qu'il y a deux membres de Daylight Dies dans ce groupe, ces derniers étant passés maîtres dans l'art de poser des mélodies sales et dissonantes (vivement un nouvel album d'ailleurs). "Perdition Mirror" pourrait quant à lui nous ramènerait presque à The Old Dead Tree avec une fragilité similaire qui s'exprime dans les mélodies et le chant de Mick Moss. On reste d'ailleurs en France avec le morceau suivant, "The New Forgotten Ones", puisque c'est sur ce titre que l'excellent Yann Ligner fait entendre sa voix, le groupe en profite d'ailleurs pour proposer quelque chose de plus aérien tout en plaçant là encore des mélodies dissonantes qui installent une ambiance inquiétante.

Si le fait d'avoir un chanteur différent sur chaque morceau donne une identité différente et une patte particulière à chacun d'entre eux, "Sacred Cargo" garde tout de même une certaine cohérence, ne serait-ce que par ces fameuses mélodies sales, dissonantes et inquiétantes. La tristesse et l'abattement qui traversent tout l'album contribuent aussi à lier le tout en un ensemble homogène. On sent que le fait d'inviter autant de chanteurs n'est pas un gimmick et que les morceaux ont permis à chacun d'entre eux d'apposer leur personnalité sur la musique de MMXX. "Unavailing" sur lequel chante Marco Benevento rappelle d'ailleurs The Foreshadowing par moments mais c'est probablement lié au fait que la voix de ce chanteur et sa façon de chanter sont facilement reconnaissables, sa personnalité se pose donc sur tout ce qu'il touche. Le morceau-titre quant à lui se fait plus doom et plus lourd, un écrin parfait pour la voix ou plutôt les voix d'Aaron Stainthorpe qui s'en donne à cœur joie. On l'entend déclamer, puis growler avant de revenir à ce chant clair plaintif dont il a le secret. "Shadow Haven" clôt l'album avec l'excellent chant clair et growlé de Dan Swanö et des mélodies plus mélancoliques, plus fragiles et un morceau un peu plus lumineux que le reste de l'album. Au final, tous ces invités au chant apportent à chaque une couleur différente à ce premier album, chaque morceau présentant une personnalité supplémentaire et ajoutant une couche de plus à l'univers qu'a créé MMXX. "Sacred Cargo" est varié mais cohérent et si les multiples voix permettent de changer d'ambiances, il y a toujours cette tristesse qui reste en toile de fond.

Ce premier album est donc plutôt efficace avec son doom / death mélodique qui passe d'ambiances aériennes à d'autres plus dures et plus lourdes. Les multiples chanteurs permettent d'apporter de la variété et de la profondeur à la musique que présente "Sacred Cargo" et chaque intervention a réellement un intérêt.