"Shadows Inside", le sixième album de Miss May I, est la suite de "Deathless" produit par Joey Sturgis en 2015. C'est aussi la première sortie du groupe chez SharpTone Records après avoir rompu avec Rise Records en 2016. Précédé par le single solo "Lost In The Grey", l'ensemble comporte dix pistes et délivre une explosion de metalcore, construite sur des riffs massifs et des breakdowns. C'est assez fou de penser qu'un groupe qui aura 10 ans cette année sortira son sixième album. Considérant la grande quantité de matériels produits durant cette période, des millions de fans sur les réseaux sociaux, Miss May I n'a pas encore "bouleversé" le paysage du metal moderne selon moi. Vous comprendrez pourquoi plus bas.

Cela n’enlève en rien que Miss May I est sans l’ombre d’un doute un grand groupe de metalcore qui vieillit bien. Tout en modernisant sa production, Miss May I garde des influences semblables à celles des groupes NWOAHM du début des années 2000. Ainsi, avec une fan base atteignant (théoriquement) la trentaine, le groupe essaye de toucher la génération suivante. Cela étant dit, peut-on dire que "Shadows Inside" est un bon album ? Six albums plus tard, vous vous attendez à ce que votre groupe ait enfin trouvé sa recette maison, sa patte artistique. Pas de problème pour Miss May I, et cela depuis quelques albums déjà. "Shadows Inside" ne changera pas la donne, puisque nos Américains ont décidé de la jouer "safe". En effet, cette galette n’apporte pas grand-chose au genre et il est improbable d’espérer voir "Shadows Inside" passer l’épreuve du temps. On notera tout même l’approche générale très breakdown à la sauce "djent". Une des preuves que les Miss May I s’aligne avec cette tendance générale repérée chez les groupes de metalcore actuels. Cependant, le morceau le plus attrayant, et digne d'être mentionné, est "Lost In The Grey" en dernière moitié de l'album. La raison pour laquelle j'ai mentionné cette chanson est que cette piste est de loin la meilleure en termes d'instrumentation. Je n’arrive pas à décrire davantage ce que cette chanson m’évoque puisqu’elle ne "bouleverse" pas grand-chose dans mes oreilles, à l’image de l’album entier qui est "générique".

A défaut d’être transcendant, "Shadows Inside" peut s’arguer d’être consistant et robuste ! En effet, l'adrénaline est constante tout au long de l'album. Par exemple, les dernières et premières pistes délivrent la même intensité et énergie. En résumé, "Shadows Inside" est assez bon pour garder la fan base en place satisfaite. Néanmoins, je ne parierai pas sur l’arrivé de nouveaux auditeurs. Je le recommande pour les breakdowns et la production, mais rien de plus.

Déjà de retour avec un cinquième album, Miss May I ne perd pas de temps après son "Rise Of The Lion" (2014) assez bof. Un peu comme Bullet For My Valentine, les Américains semblaient avoir perdu de l’inspiration et sonnaient fatigués. "Deathless" va-t-il rebattre les cartes de ce poids lourd du metalcore actuel ?

Dans un sens oui, les morceaux sont brutaux et rentre-dedans. En effet, 10 titres pour 36 minutes, c’est intense et instantanément accessible. Le son est lourd, propre et made in US. Notons qu’à la production, nous avons Joey Strugis (Emmure, Attila, The Devil Wears Prada, A Plea For Purging, Oceano, Asking Alexandria, Born Of Osiris…), LE spécialiste du son moderne de référence ! En plus d’une production impeccable, Miss May I a placé dans "Deathless" une tonne de riffs et des lignes de chant de qualité. En somme, cette galette est la quintessence du metalcore tel qu’il l’est et l’a toujours été. Malheureusement, il n’y a pas grand-chose à dire sur "Deathless" car il est banal. Ne faisant pas trop de vague, la musique de Miss May I ne surprend pas. Ainsi, rien d’étonnant à ne distinguer aucun titre en particulier ou sortant du lot.

Ce cinquième album de Miss May I est un gros bloc unifié et cohérent qui se déroule sans accroche du début jusqu’à la fin. Lourd et puissant, ce dernier va mettre l’ambiance en live et prouve que le quintette s’est bel et bien réveillé. En résumé, la formation a réussi à surpasser la frustration d’un album plus ou moins raté ("Rise Of The Lion") à grands coups de baffes dans la gueule. Rien de révolutionnaire, mais un bon coup de pied aux fesses ça fait toujours du bien !