Le groupe
Biographie :

Originaire du sud de la Seine et Marne, le groupe Misgivings se forme au milieu des années 90 avec un noyau dur composé de Stef (guitare) et Carcass (batterie). Ils évoluent dans un style death / thrash influencé par Morbid Angel, Napalm Death, Terrorizer et bien d'autres hordes brutales. Désormais composé de Guillem (batterie / Impureza, Whisper Of Ba'al, ex-Veloce Hystoria, ex-Como Muertos, ex-Art On), Stef (guitare / Ritualization, ex-Curseways), D.B. (guitare) et Este (chant, basse / Impureza, ex-Como Muertos, ex-Ingens, Jed Prior), Misgivings sort son premier album éponyme en Juin 2022 chez Dolorem Records.

Discographie :

1994 : "Trouble Scars" (Démo)
1995 : "Time-Decomposed" (Démo)
2001 : "Prophetic Redemption" (Démo)
2006 : "Masquerading As God" (Démo)
2022 : "Misgivings"


Les chroniques


"Misgivings"
Note : 17/20

Si vous traînez vos guêtres dans l'underground, le nom de Misgivings ne vous est pas étranger, pourtant ce groupe formé en 1991 ne sort son premier album éponyme que maintenant ! Avant ça il y aura eu quatre démos : "Trouble Scars" en 1994, "Time-Decomposed" en 1995, "Prophetic Redemption" en 2001 et "Masquerading As God" en 2006 en plus d'un split avec les sauvages de Drowning en 2017. Les trois morceaux originellement parus sur "Masquerading As God" ansi que "Stormblood" de la démo "Prophetic Redemption" sont d'ailleurs réenregistrés ici, tout le reste est inédit et dans les deux cas ça va faire très mal ! D'ailleurs le groupe est signé chez Dolorem Records comme les barbares de Dawohl dont on vous a parlé récemment, vous allez donc être en très bonne compagnie !

Pour situer la bête, disons que Misgivings pratique un death metal bestial et très brutal qui partage quelques atomes crochus avec un certain Angelcorpse dans sa sauvagerie implacable, vous vous doutez donc bien que ces grands romantiques aiment leur death metal à l'ancienne et sans aucun compromis. "Deny The Divine Praise" ouvre l'album et affiche d'entrée de jeu un ton dominateur et ne prend pas de gants pour détruire tout ce qui aurait le malheur de se mettre sur son passage. Pour autant, le groupe ne bourrine pas bêtement et place pas mal de passages mid-tempo ou plus lourds au milieu de tous ces tapis de blasts qui nous tombent sur le coin de la tronche. Ce premier album ne perd pas de temps et dépasse à peine les trente-quatre minutes pour neuf morceaux, encore un signe qui devrait vous faire comprendre très vite que par ici c'est brutal et direct. Misgivings n'est pas là pour en mettre plein la vue ou pour la frime, son but est de tout raser et de vous mettre une branlée dont vous allez vous souvenir pendant un bon moment. Pour ça, on peut dire mission accomplie ! Ce format compact et direct permet à ce premier album de ne pas souffrir de la moindre faiblesse, on se fait pilonner du début à la fin et on en redemande ! "Demonically Stigmatized" confirme cette orientation très brutale et passe de riffs teintés de Morbid Angel à quelques relents de thrash avec une petite pointe de riffs bien dissonants entre les deux et évidemment une bonne grosse dose de blasts. On ne va pas faire le détail de tous les morceaux, sachez juste que vous allez en prendre plein la gueule et que le groupe ne relâche jamais la pression ou presque. Il y a bien "Disgraceful Lust" qui lève un peu le pied en début de morceau mais le naturel revient bien vite à la charge.

"Ancient Fear" se permet une mini intro bien glauque avant de clore l'album sur un dernier déluge de feu. Ce qui est à la fois une bonne façon de donner envie de relancer ce premier album infernal et en même temps d'afficher une note d'intention aux irréductibles qui n'auraient pas encore compris. Ces neuf morceaux ont tout du manifeste à la gloire du death brutal et bestial qui n'hésite pas sur ce dernier titre à piocher dans le thrash voire même brièvement dans le black metal pour alimenter sa fournaise. Parce que c'est bien un album démoniaque que le groupe nous livre ici loin des délires techniques ou des ambiances malsaines, pendant un peu plus d'une demi-heure c'est plutôt la purification par le feu ! Si vous cherchez de l'expérimentation, une masterclass technique ou des ambiances léchées, vous êtes à la mauvaise adresse, chez Misgivings on casse des mâchoires et des nuques à coup de rangers. Pourtant, même si c'est très brutal, le groupe rend ces morceaux suffisamment dynamiques pour éviter l'impression de bourrinage stérile, un défaut que l'on entend chez certains groupes qui foncent tellement dans le tas en permanence que ça en atténue l'efficacité de l'attaque. Ce premier album évite ce piège sans problème et chaque volée de blasts ou chaque passage plus lourd débarque au bon moment pour vous coller une grosse claque derrière les oreilles. Cerise sur le gâteau, l'album bénéficie d'une production suffisamment puissante avec un son un peu sec et organique à l'ancienne pour la batterie qui colle très bien à cette petite boucherie. Je ne vais même pas faire l'affront de parler de l'intégrité du groupe, quand vous existez depuis plus de trente ans et que vous continuez à botter tous les culs qui passent par là avec une telle rage, le constat est suffisamment évident pour qu'on ne s'étale pas dessus.

Il aura fallu du temps à Misgivings pour sortir son premier album mais bordel ça fait bu bien par où ça passe ! On espère juste qu'il ne faudra pas attendre une éternité pour la suite parce que des boucheries comme ça on en veut plus souvent. Du death metal bestial, brutal, démoniaque à souhait qui défonce tout ce qui bouge, et même tout ce qui ne bouge pas dans le doute. Si vous voulez du brutal, allez donc vous mettre ça dans les oreilles et pensez à ramasser vos dents en partant parce que ça fait désordre.


Murderworks
Juillet 2022




"Masquerading As God"
Note : 13/20

Amateurs de finesse fuyez cette démo car Misgivings n’est pas là pour plaisanter. A l’inverse, les amateurs des premiers Deicide (pour la voix ultra grave et les blast beats haineux à souhait), des premiers Carcass ou des Morbid-Angeleries période tape-trading ne doivent surtout pas passer à côté de ce "Masquerading As God" qui sent la rage extrême et l’envie d’en découdre au plus haut point avec la sauvagerie musicale d’un style intransigeant. Parfois à la limite, la mise en place grosse caisse / basse / guitare laisse parfois à désirer dans les parties à 300 à l’heure mais on ne peut jeter la pierre à ce groupe qui ne cherche qu’à vous scotcher au mur manu militari et sans compromis. Une production rappelant les démos des maîtres cités ci-dessus promet un avenir radieux à Misgivings, toute proportion gardée en fonction du style très ciblé et destiné à un public averti voire vraiment prévenu de ce qui est proposé ici. Le son de batterie, avec sa grosse caisse et ses fûts pas assez compressés et mixés bien trop médium, sonne comme il peuvent malgré un "Carcass" (nom du batteur, ça ne s’invente pas) à la santé de fer et très mais alors très puissant… Un batteur qui dévaste tout sur son passage et on ne sera pas surpris qu’il change de cymbales et de peaux chaque mois tant la violence dégagée est simplement inouïe… Que dire des guitaristes, à part qu’ils semblent avoir trois mains et quinze doigts, que le bassiste / chanteur "Este" est le fils caché de Glen Benton ou de David Vincent… Tout est dit... Le morceau live "Prophetic Redemption" prouve que Misgivings n’a aucunement besoin d’être assisté (comme certains…) par ordinateur pour vous décoller la pulpe du fond, on attend avec impatience et jubilation la suite les gars, que la force et la puissance continuent à être avec vous…


Crass
Avril 2006


Conclusion
A écouter : Serenity In Shade (2006)

L'interview : Stefan

Le site officiel : www.facebook.com/infamist666