"Nebelung"
Note : 17/20
Minas Morgul est toujours debout. Après plus de vingt-cinq ans d’existence, le groupe
allemand mené par Berserk (batterie) et Saule (guitare), complété par Alboîn
(basse / claviers, Eïs, ex-Enid…) et Stef (chant, ex-Jörmungand, live pour Finsterforst)
annonce la sortie de "Nebelung", son huitième album, chez Trollzorn Records.
"Beginn", le premier morceau, place lentement les bases des influences pagan du groupe qui
deviennent de plus en plus mélancoliques avant de laisser "Nebelung" faire intervenir les
racines black metal tranchantes et agressives. Les parties vocales se joignent à la vague de
noirceur saisissante et parfois lancinante pour lui donner des tonalités épiques, en particulier
sur ce final où cris et chant clair cohabitent en nous menant à "Trümmer", une composition
plus longue et plus pesante au premier abord. Le groupe ne tardera pas à donner aux leads
dissonants quelques éléments plus bruts et agressifs tout en conservant l’approche aérienne
pour exploiter au maximum le contraste avant de le faire s’enflammer pour finalement laisser
"Ritual" utiliser les sonorités les plus old school. Un sample angoissant viendra briser la rage
sombre avant de la faire revivre, mené par les hurlements sauvages, mais le groupe
conservera toutefois une place pour quelques choeurs entêtants avant un final accrocheur,
suivi par "Inter Stellas" et ses mélodies aériennes, encadrées par des vagues de noirceur
viscérales et intenses.
L’atmosphère reste tout aussi pesante avec ces claviers majestueux,
renforçant à la fois les parties les plus douces comme les plus massives tout comme sur
"Morast" qui nous emportera sans mal dans sa charge aux influences guerrières imposantes,
qui ne ralentit que pour nous étouffer avec ses harmoniques nuageuses. A nouveau, les
leads offrent des sonorités perçantes qui s’adaptent parfaitement à la rythmique énergique
avant de se briser sur "Wolfskind" et son sample introductif qui nous autorise brièvement à
respirer avant de laisser la rythmique nous emporter dans son torrent de sonorités aussi
brumeuses qu’accrocheuses. "Aufbruch" prend la suite avec une douce introduction en son
clair, mais la saturation refera surface en proposant des sonorités motivantes et des parties
de chant solides qui deviendront fédératrices sur le refrain, puis "Lethargie" viendra
développer des tonalités aussi pesantes que désespérées pour clore l’album avec une
touche mélodieuse angoissante et oppressante qui enfermera notre esprit jusqu’au dernier
moment.
Le son de Minas Morgul évolue, mais il reste fidèle à ses racines pagan old school,
intégrant parfois sur "Nebelung" des mélodies pesantes qui collent tout de même à l’approche
épique du groupe. A réserver aux amateurs des arts sombres.
"Heimkehr"
Note : 17/20
Minas Morgul apparaît à nouveau. Créé en Allemagne en 1997 par Berserk (batterie) et
Saule (guitare), le groupe connaît des changements de line-up et des sorties d’albums,
acquérant une réputation underground. Jen (claviers, ex-Menhir) rejoint le groupe en 2015,
puis Janko Jentsch (basse, ex-Riger) et Robse (chant, Equilibrium, ex-Mallevs
Maleficarvm) viennent grossir les rangs en 2018 avant l’arrivée d’Haffi (guitare) en 2019.
Ensemble, ils composent et enregistrent "Heimkehr", le septième album du groupe.
Signé chez Trollzorn Records depuis quelques années déjà, le groupe nous propose un
black metal aux influences pagan dont les portes nous sont ouvertes par "Prolog: Sturm Aus
Ost". Une douce mais sombre introduction qui devient de plus en plus épique jusqu’à
"Heimkehr", le titre éponyme. Puissance, sonorités épiques et hurlements bestiaux font partie
de ce titre massif chanté en allemand, qui révèle immédiatement ses influences lourdes et
violentes, tout comme "Niedergang". La composition propose des leads incisifs et agressifs,
sublimés par des claviers mystiques qui imposent parfois une lenteur majestueuse qui sied
aux hurlements et à la batterie. "Stein Um Stein" nous offre une mélancolie sombre qui
s’inspire du black metal old school aux sonorités malsaines et vicieuses, mais également
des passages solides et agressifs, tout comme "Teufel" et son ambiance aérienne
oppressante.
"Weltenfall" propose une douce introduction au son clair avant de renouer avec cette rage
ancestrale et saturée, qui se transforme en une course épique encadrée par des riffs
effrénés, des hurlements puissants et une rythmique solide, à l’inverse de l’impénétrable et
morbide "Totenschiff" dont la rapidité et les choeurs ne font qu’accentuer cette oppression. Le
groupe nous offre des sonorités old school très efficaces avec ce morceau, puis "V.F." revient
dans des tonalités majestueuses et plus modernes aux racines groovy afin de nous dévoiler
violence et agressivité. Le contraste est saisissant, et sera tout aussi impressionnant sur
"Dein Erwachen", un titre aérien composé d’harmoniques dissonantes et de choeurs
mystiques. Le titre est plutôt accessible et revient aux bases de ce mélange prenant, puis
s’achève avec "Epilog: Tiefe Narben", un final ambiant et oppressant sur lequel quelques
murmures nous parviennent depuis un brouillard musical impénétrable.
Minas Morgul nous propose un retour aux sources, entre black metal old school et folk
prenant. Ceux qui parlent allemand comprendront immédiatement la signification de
"Heimkehr", alors que les autres l’apprendront progressivement.
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