On a découvert le groupe italien Messa avec son premier opus "Belfry" en 2016, et quelle découverte ! En effet, ce fut une des meilleures productions de l'année. Intime, touchante et à la fois puissante, la musique du groupe a su nous charmer. Messa est un savant mélange de groupes comme Windhand ou Jex Thoth mais en plus brumeux, avec de nombreuses influences comme le jazz, le drone... Ne s'enfermant donc dans aucun genre, on peut difficilement classer le groupe dans un style en particulier et c'est tant mieux. Avec ce nouvel album, "Feast For Water", le combo nous montre une nouvelle fois que sa musique est impénétrable comme l'eau. On peut apprécier pleinement ce qu'ils font sans vraiment en comprendre tous les mystères. Au travers de ces huit titres inédits, on a notre lot d'énigmes et c'est plutôt agréable de ne pas tout savoir.

L'opus commence par une introduction aqueuse qui suit donc le thème et qui nous met directement dans le bain. "Snakeskin Drape" enchaîne, tantôt lancinant , tantôt plus dynamique, avec des instants sobres et d'autres plus démonstratifs notamment du côté des riffs de guitare. C'est un titre au final plutôt lumineux et évanescent qui a un petit côté epique qui résonne comme une cavalcade, ce qui est inattendu. Vient ensuite le coup de coeur de l'opus, précis à souhait et inspiré, à savoir "Leah". En effet, on prend une grosse claque avec ce morceau qui nous comble du début à la fin. Dans une espèce de brouillard obscur, on avance dans l'écoute avec un sentiment de trouble jouissif, on est en transe avec cette composition pleine de mouvements. La voix suave de Sara nous berce puis nous secoue d'effroi avec ses savoureuses envolés possédées ! Un titre envoûtant, riche et subtile, qui nous laisse totalement scotchés.

Ensuite, vient le moment de l'album où tout ce plaisir retombe un peu.... Hélas, les deux morceaux qui suivent nous laissent un peu sur une déception, "The Seer" et "She Knows" ne sont pas mauvais mais subissent quelques petit accrocs qui les rendent moins prenants. Tout d'abord, parlons de "The Seer". Tout en douceur et groovy, ce morceau aurait pu être bien meilleur s'il n'y avait pas eu ses longueurs qui plombent tout, et c'est le meme défaut que l'on retouve dans le morceau suivant, "She Knows". Ambiant et intimiste, il est également trop long à débuter et l’atmosphère que l'on trouvait sympa au départ devient vite trop répétitive et plate. C'est vraiment dommage car au moment où ça explose (enfin) à la fin, c'est juste excellent !

"Tulsi" relève le niveau avec une musique inattendue, plus extrême, avec des alternances black metal et des cris masculins bien sales. Le saxophone contribue aussi à rendre ce titre intéressant car même si ce n'est pas une première pour le groupe, qui en a déjà utilisé dans "Belfry", c'est toujours aussi classe. "White Stains" est le plus entraînant et direct, ce qui n'est pas plus mal et évite les accidents de longueurs des morceaux précédents. Et on finit par une outro, "Da Tariki Tariqat", qui n'a rien de transcendant mais qui conclut en toute simplicité cet opus pas si évident d'écoute.

"Feast For Water" n'est pas l'album le plus complexe qui existe mais il reste difficile d’approche et il est assez expérimental. Il est ainsi moins facile d'accés que le premier opus mais plaira à coup sûr à un auditeur concentré et assez courageux pour l'assimiler. C'est un bon album même si quelques maladresses qui entâchent l'écoute auraient pu être évitées. On n'en veut pas aux Italiens car on n'a rien à redire sur le reste.