Le groupe
Biographie :

Tout commence en 1994. La scène Norvégienne est alors en pleine expansion, et inspire nombre de groupes de black metal : ceux-ci sont encore très peu nombreux en France. Les débuts de Merrimack, qui sort sa première démo "Act I" en 1995, sont tout naturellement marqués par cette influence, celle de formations telles qu'Emperor, Satyricon, Gorgoroth, etc. Les paroles traitent d'anti-christianisme et de mythologie païenne, thématique que le groupe abandonnera par la suite. C'est l'époque des premiers concerts, qui rassemblent plusieurs centaines de personnes. En 1998, Merrimack est le premier groupe Français de black metal à jouer sur scène à Paris, avec Dark Funeral et Necromass. La même année, Merrimack est contacté par Drakkar Productions, qui lui propose de réaliser un split avec Hirilorn. Celui-ci sera bien accueilli et diffusé dans la scène underground. Le groupe connaît alors des problèmes de line-up, seuls deux membres de la formation initiale subsistent. Même s'ils continuent à composer, Merrimack est en sommeil. Il en sera ainsi jusqu'au recrutement d'un nouveau batteur.
En 2001, Merrimack revient à l'assaut avec sa démo "Horns Defeat Thorns" sortie à 333 exemplaires sur le label Français Black Vault Records, qui disparaîtra par la suite. Cette démo obtient des retours favorables, et amène le groupe à traiter avec les labels américains Elegy Records et Moribund Records. Merrimack livre en 2002 son premier enregistrement longue durée : "Ashes Of Purification", grâce à Elegy Records. Limité à 1000 copies, il sera rapidement épuisé. En cette année 2002 sortent également l'album live "Hellgium Raped", capturé lors d'un concert en Belgique dans le cadre d'une tournée européenne avec Horna, Taake, et Celestia, ainsi qu'un split avec Sargeist. Merrimack est bien décidé à continuer sur sa lancée, et tandis que le groupe compose en vue d'un nouvel album, il donne à nouveau de nombreux concerts à Paris, mais également en province, et à l'étranger dans le cadre de tournées ou de festivals.
En 2004, Merrimack immortalise ses trois premières démos sur un support CD sous le titre "Obsecrations To The Horned". 2006 : sortie de l'album "Of Entropy And Life Denial" chez Moribund Records. Celui-ci a été enregistré en Suède au Necromorbus Studio. Terrorizt ne fait plus partie du groupe, qui est à la recherche d'un nouveau chanteur. Dans cette attente, Saint Vincent (leader de Blacklodge) assure cette mission. Ceci a permis au groupe de se produire en Mars 2008 lors d'un concert au Portugal en compagnie de Corpus Christii et de Vorkreist.
Décembre 2008 : Merrimack annonce officiellement le retour de Terrorizt au poste de vocaliste, tandis que Dispater, déjà impliqué dans plusieurs autres groupes, cède sa place à un nouveau bassiste nommé Daethorn. Le groupe annonce également qu'un nouvel album sera enregistré en Mai 2009, cette fois encore au Necromorbus Studio. Ce troisième album intitulé "Grey Rigorism" sort le 15 Septembre 2009 sur Osmose Productions pour la version Européenne, et Moribun Cult pour tous les autres territoires. L'album, enregistré au Necromorbus Studio, contient 10 titres pour une durée supérieure à une heure. L'artwork a été réalisé par Seldon Hunt (Isis, Pelican, Sunn O))), Neurosis, etc.).

Discographie :

1995 : "Act 1" (Démo)
1998 : Split CD - Hirilorn - Merrimack
2001 : "Horns Defeat Thorns" (Démo)
2002 : Split K7 - Sargeist - Merrimack
2002 : "Ashes Of Purification"
2003 : "Hellgium Raped" (EP)
2004 : "Obsecrations Of The Horned (Compilation)"
2006 : "Of Entropy And Life Denial"
2009 : "Grey Rigorism"
2012 : "The Acausal Mass"


Les chroniques


"The Acausal Mass"
Note moyenne : 14,5/20

Trois ans après "Grey Rigorism" et un re-départ de Terrorizt, Merrimack nous revient avec "The Acausal Mass" et un nouveau chanteur donc en la personne de Vestal. Pas vraiment un nouveau venu puisqu'il a intégré le groupe en 2010, mais ce nouvel album est le premier sur lequel il apparaît.

Et si vous avez lu ma chronique de "Grey Rigorism" à l'époque, vous savez que je considérais que la voix de Terrorizt contribuait pas mal aux ambiances sordides développées par le groupe. D'où une légère appréhension à l'idée d'entendre son remplaçant, appréhension vite balayée dès la première écoute de "The Acausal Mass". Sans en être une copie conforme, la voix de Vestal est à peu près dans le même registre grave et déchiré. Pas de gros dépaysement finalement, et je m'en réjouis puisqu'ils continuent dans la voie initiée sur "Grey Rigorism". A savoir un black metal basé sur les ambiances donc, dans lequel les blasts et l'agressivité ne mènent pas la danse. Ces éléments sont bien entendu présents, mais ne sont là que pour pimenter un peu la sauce.

D'ailleurs si vous aimez vous faire écorcher la tronche quand vous écoutez du black, vous serez au moins satisfaits par l'intro de l'album. Pas plus d'une minute au compteur, mais du blast en continu pour vous montrer d'entrée de jeu à qui vous avez à faire, et accessoirement faire taire les mauvaises langues qui trouvent ce style mou du genou. Je me répète mais c'est pas grave, mon black metal je le préfère justement quand il prend le temps d'installer un climat délétère. Les groupes qui se contentent de bourrer du début à la fin ont tendance à m'emmerder assez rapidement, même si j'apprécie les albums de bourrins ce n'est pas ce que je veux entendre quand je me penche sur du black. Du moins je ne veux pas entendre que ça, et même si Merrimack ne fait assurément pas partie des plus généreux en la matière ils savent faire parler la poudre quand il le faut.

Malgré ça on note quand même une approche un peu plus directe que sur "Grey Rigorism", la violence n'est toujours pas la maîtresse des lieux mais elle prend la liberté de s'exprimer plus souvent. Une impression que l'on retrouve aussi sur la durée de l'album, là où son grand frère affichait fièrement une heure au compteur, "The Acausal Mass" se contente de 48 minutes. Pas une grosse différence vu comme ça, mais ça se ressent clairement puisque les morceaux dépassent du coup rarement les 5 minutes. Merrimack continue sur sa lancée mais affine la formule, l'album sans être assimilé en 5 minutes se laissera peut-être apprivoiser plus vite. Moins de détours que sur "Grey Rigorism", détours dans lesquels visiblement certains se sont fait chier. Le petit dernier a décidé de rendre le propos plus direct, il va à l'essentiel sans jamais traîner au même endroit trop longtemps.

Personnellement je me suis réécouté "Grey Rigorism" avec plaisir il y a encore quelques jours, mais ce nouvel album pourrait peut-être réconcilier ceux qui trouvaient que le mordant typiquement black commençait à disparaître. N'espérez pas non plus retrouver le Merrimack de "Of Entropy And Life Denial", imaginez plutôt un "Grey Rigorism" plus teigneux. Si le côté dissonant hérité entre autres de Deathspell Omega ou plutôt de toute la scène orthodoxe vous défrise vous allez encore avoir de temps en temps de quoi hurler. L'album a d'ailleurs une fois de plus été enregistré dans l'antre de cette scène, le Necromorbus. Inutile donc de préciser que le son est énorme, clair et quasi parfait tant le tout est clairement audible. Là aussi je sais que ça fait gueuler, du black avec un gros son ! Blasphème !

Je serai sûrement comme un traître ou un poseur aux yeux des "vrais", de toute façon black metal ou pas là n'est pas la question, et à vrai dire je n'en ai strictement rien à faire. Ce genre d'albums dégage une ambiance poisseuse, sale et glauque que je ne ressens plus chez la plupart des groupes autoproclamés pur black metal. Et le seul critère d'appréciation acceptable pour moi est là, ce groupe dégage quelque chose. Sa musique est peut-être plus profondément torturée que véritablement malsaine, mais il y a en tout cas quelque chose de clairement pas sympa là dedans. Alors non ça ne blaste pas du début à la fin, non ça ne respecte pas à la lettre les "codes" du black (soit dit en passant, quand un mec me parle de règles à respecter dans le black metal j'ai toujours tendance à penser qu'il n'a pas tout compris à cette musique) mais cet album m'apparaît comme étant plus sincère que la plupart des guignols qui essaient bêtement de singer ce qu'on a déjà entendu 2 000 fois tout en faisant le concours de bite de celui qui aura la plus evil. Encore une fois les groupes qui font du "pur et dur" ne me dérangent pas et j'en apprécie même pas mal, mais les chiens de garde du black metal commencent à doucement me faire chier.

Bref ce genre de metal extrême occulte et poisseux (histoire de ne pas provoquer d'infarctus aux puristes les plus sensibles) fait toujours son effet sur moi, Merrimack ne m'a absolument pas déçu avec ce nouvel album, malgré les légères craintes que j'ai pu avoir concernant le changement de chanteur. Depuis "Grey Rigorism" il est clair que le groupe a encore monté un palier, les ingrédients sont les mêmes mais le tout est agencé différemment. Une évolution depuis 2 albums que je trouve intéressante, là où d'autres répondront que c'est une technique d'opportunistes qui essaient de coller à la "hype" orthodoxe...On ne peut pas faire taire les mauvaises langues, alors je vais me contenter de me réécouter ce très bon album en vous conseillant de faire de même.


Murderworks
Juin 2012
Note : 17/20

S'il est un nom de la scène black Française, c'est bien Merrimack. Ce groupe nous propose un son cru sans passer par quatre chemins. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le nouvel album fait preuve d'une froideur à toute épreuve. Lorsque je l'écoute, je pense à une teinte en particulier. Non pas le noir, comme on pourrait facilement le croire, mais le gris. Gris comme la cendre, gris comme un paysage mortuaire, ou comme un cadavre. L'introduction fait preuve d'un certain "rentre-dedans" vraiment surprenant avec son blast dès la première note. Aucune mélodie optimiste ne se dégage de cet opus. Seul le teintement bref d'un instrument aux consonances orientales sur le titre "Hypophanie" apporte un semblant de délicatesse, certainement pour souligner le caractère sémite de toute l'histoire de Dieu, Satan et autres joyeusetés religieuses. On est relativement éloigné du true norwegian black metal (c'est pas plus mal vu le nombre de clones qui peuvent exister), le côté tranchant est relativement absent, la vitesse pas tant présente que cela. Les riffs sont assez atmosphériques (pas dans le sens black metal atmo, on est d'accord, ce groupe n'utilisant aucun clavier), et on se laisse porter. Cela aurait pu être un ouvrage philosophique de Satan, ses réflexions sur sa place dans l'univers. Pas de connotation guerrière, on recherche ici la froideur avant la puissance, comme une réflexion malsaine sur l'humanité. Ceci dit, je n'ai pas eu ce petit coup de coeur que j'ai pu avoir sur d'autres albums, tous styles confondus. Je trouve l'ensemble un poil monotone quand même, presque soporifique par moments. J'ai assez de mal à différencier les titres. La réelle puissance attendue ne commence à se dégager que sur les trois dernières pistes. Dommage. En dehors de ça, c'est appréciable, et Merrimack remplit son contrat : celui de nous faire partager un méfait respectable, même si je pense l'oublier assez vite.


Lukos
Juin 2012
Note : 12/20




"Grey Rigorism"
Note : 17/20

En écoutant "Of Entropy And Life Denial" le précédent album de Merrimack, je ne cessais de me dire que le groupe était très fort quand il décidait de lever le pied pour faire des morceaux plus lourds. Il en résultait une ambiance de caveau crasseux et humide, de quoi refroidir la température en un rien de temps. Et je me disais donc qu’ils devraient explorer cette voie plus sérieusement sur un prochain album. Il faut croire que mes désirs ont été entendus puisque les voilà qui nous reviennent avec un nouveau bébé nommé "Grey Rigorism" et qui cristallise mes attentes dans un album encore plus froid que le précédent.

Le clip de "Halls Of White Death" m’avait déjà mis la puce à l’oreille, mid tempo et ambiance glaciale à souhait étaient déjà au rendez-vous. Les écoutes successives du petit dernier confirmeront cette orientation car même si les blasts sont encore largement présents Merrimack a visiblement décidé de montrer son savoir faire dans la composition d’ambiances délétères. Alors oui les amateurs de blasts à outrance et de barrages de feu nourri pendant une heure seront sûrement déçus, mais ceux pour qui le black-metal est plus une affaire d’ambiance cadavérique que de violence devraient être ravis. On pourrait rapprocher le groupe de la mouvance dite du black metal orthodoxe, l’enregistrement au Necromorbus n’est d’ailleurs sûrement pas innocent. Mais même si on peut rapprocher leur musique de cette vague, Merrimack n’en garde pas moins la personnalité qui commençait à montrer le bout de son nez sur "Of Entropy And Life Denial", mieux ils la confirme et la pousse encore plus loin. Le départ éclair du vocaliste Terrorizt m’avait d’ailleurs quelque peu effrayé puisque sa voix représente à mes yeux (ou plutôt oreilles) une grande partie de cette personnalité, cette voix totalement arrachée et extrêmement rageuse colle parfaitement au style Merrimack.

En tout cas la musique présente sur cette galette se fait beaucoup plus froide et pernicieuse qu’avant, plus proche de l’idée que je me fais du black metal qui ne trouve pas son essence, selon moi, dans la violence aveugle. On trouve chez Merrimack, et en particulier sur l’album qui nous intéresse en ce moment, cette atmosphère malsaine, glaciale, qui demande d’être dans un certain état d’esprit pour être totalement assimilée. Pas franchement le genre d’album à écouter pendant une beuverie entre potes et encore moins pendant l’anniversaire de votre petite sœur, ce petit monstre va vous demander un minimum d’attention pour vous révéler toute sa substantifique moelle. Sur ce point le précédent album avait une approche beaucoup plus frontale et ne demandait pas un investissement aussi important de la part de l’auditeur. Sur "Grey Rigorism" rien que la durée des morceaux a sensiblement augmentée, et la construction de ces derniers n’est plus articulée autour des blasts. Comme je le disais plus haut ils ont toujours une bonne place mais savent s’effacer quand il le faut et permettre au groupe de vous balancer dans une fosse suintante et de vous trainer dans la boue. Le "Grey" présent dans le titre n’est d’ailleurs pas là pour rien, il pourrait parfaitement représenter les nuances apportées à la musique de Merrimack par rapport au black d’antan. Le passage d’un état plus proche du black basique, à une musique plus fine et travaillée, à l’affirmation de leur personnalité. Les compositions sont beaucoup plus travaillées, plus complexes, les riffs ne sont plus aussi basiques ni aussi proches du black traditionnel et sont bien plus dissonnants. L’évolution n’est pas brutale, Merrimack n’est pas passé du coq à l’âne en deux albums mais elle est malgré tout bien présente et impose sa marque sur cet album.

Et comme tout album qui marque une évolution par rapport aux autres, il va en laisser quelques uns sur le carreau. Nombreux seront ceux qui vont rejeter cet aspect plus rugueux et moins "rentre dans le tas", les adeptes du char d’assaut dans les dents vont se sentir lésés. Mais s’ils se donnent la peine d’écouter attentivement "Grey Rigorism" ils pourront peut être y trouver, à défaut de blindés, une température toujours plus proche du zéro absolu. Laissez vous entrainer par le fond, allez voir ce qui se passe sous la glace. Même si vous sentez quelque peu malmené, le voyage devrait valoir le détour. Et puis après tout le fait d’être bousculé et de vous faire remuer les tripes ne devrait pas vous gêner, c’est quand même un peu ce qu’on attend du black-metal. Quand à moi je vais me contenter de savourer cette nouvelle galette en saluant le bel effort fourni et en espérant que Merrimack continue dans cette voie, c’est là qu’ils excellent vraiment.


Murderworks
Mars 2010


Conclusion
L'interview : Perversifier

Le site officiel : www.merrimack.satanslegions.com