C'est en 1997 que Mitch Harris (guitariste chez Napalm Death), commença a écrire pour ce qui allait devenir Menace, soit un an après "Diatribes" qui amorçait chez les légendaires grindeux un virage surprenant et novateur. A l'écoute de ses 13 titres, on comprend pourquoi ses idées n'allaient convenir ni à Napalm Death, ni à Meathook Seed. Et même si le projet aurait du se faire avec Max Cavalera (Soulfly) et Brann Dailor (Mastodon), il n'a rien été de tout cela. Sagement donc, Mitch allait mûrir des chansons, un projet qui de toute évidence allait prendre une importance qui depassera son propre entendement. Fallait que ça sorte. Pas le choix !!

Le premier titre de cet "Impact Velocity" n'est pas sans rappeler le feeling et le groove de "The Greed Killing". Même si ça demarre avec une intro confondante à la The Cult, "I Live With Your Ghost" est catchy, dynamique, enjoué, bref, on reconnaît la patte du riffeur de Napalm. Toutefois, ce n'est pas le titre le plus représentatif de l'ensemble, même s'il est un des plus aboutis et des plus efficaces. En effet, l'ensemble de l'oeuvre est beaucoup plus futuriste, exaltée, mélancolique aussi et très sophistiquée. Mitch Harris a, durant toutes ces années au sein de son groupe de grind, cultivé et entretenu un jardin secret plutôt fragile et sombre. Il n'y a qu'à entendre le sublime "Something And Nothing" et son refrain poignant, pour s'assurer de l'étendu du repertoire choisi par Mitch pour exterioriser ses démons intérieurs. Car les références croulent : des Deftones à Tool, en passant par les Cocteau Twins ("Painted Dust") ou Voivod ("Impact Velocity"), et pourtant Menace ne ressemble à personne d'autre qu'à lui même ! La chose la plus surprenante est le chant, très aérien, affecté et en même temps d'une grande amplitude (grâce à une quantité d'harmonisations, et d'effets) car, qui aurait penser que le "Space Man" du metal serait Mitch Harris ? La référence à Babylon Zoo n'est pas convenable ici... Ok... pourtant... Bref, pour finir de tourner autour du pot, la seule voix qui puisse se rapprocher de celle d'Harris est celle de Pasi Koskinen lorsqu'il était dans Amorphis. A noter la production de Russ Russel (Napalm Death, New Model Army, Amorphis) très riche, et puissante à la fois, aux arrangements subtils apportent une modernité et une originalité certaine (l'apport de Nicola Manzan aux violon et violoncelle n'est pas innocent).

Si l'on y reflechit bien, tout ceci paraît improblable... surtout quand on sait que Shane Embury (Napalm Death), Derek Roddy (Nile, Hate Eternal etc...) et... le frenchie Frederic Leclercq (DragonForce) sont de la partie. Là, ça a tout l'air d'avoir ni queue ni tête... Mais c'est sans compter que ces gars-là (des amis) mènent leurs projets et vivent leur musique uniquement au feeling, à l'intuition, sans peur et advienne que pourra, puisque l'intention de base est des plus sincères. C'est toute cette magie qui plane sur cet "Impact Velocity".