"Random.Access.Misery"
Note : 18/20
Mélancolia vibre à nouveau. Deux ans après son premier album, le groupe mené par Alex Hill (chant), Joshua Taafe (guitare, ex-Aversions Crown), Billy Morris (guitare), Mason Page (batterie, Alter Idem, ex-Splatterpuss) et Toby Thomas (basse / choeurs) revient pour présenter son deuxième méfait, "Random.Access.Misery", avec la complicité de Nuclear Blast.
On attaque avec "All_Is_Rust", une première composition à l’atmosphère assez pesante qui va finalement dévoiler des riffs épais et dissonants couplés à des parties vocales viscérales avant de s’apaiser. Le chant reste tout aussi virulent, mais l’instrumentale est assez changeante, passant de moments de flottement à saccades brutes sans prévenir avant le break explosif final qui mène à "icanseethroughtheholesinmyhands" où l’oppression reprend immédiatement. Les influences nu metal des années 90 sont immédiatement perceptibles, mais elles s’intègrent naturellement aux vagues de violence qui rejoignent les parties hypnotiques de "Picking Scabs" où le groupe propose une approche nettement plus brumeuse tout en restant axé sur des sons modernes. Les riffs sont assez simples, mais les bruits environnants les rendent accrocheurs tout comme sur la mystérieuse "" qui ancre une fois de plus le groupe dans la trap couplée aux guitares sur-saturées, puis c’est en compagnie d’Hunter Young (Graveview) que l’on découvre "Lithia", la composition suivante.
Les parties vocales infernales s’enchaînent, mais malheureusement le morceau passe à toute allure, et est suivi du groove inquiétant de "RoseBloomWrist" qui nous écrase sans mal avec sa double pédale pendant que le vocaliste se déchaîne. Break et mosh part se mélangent avant un final assez aérien qui donnera finalement naissance à "Spit!" où ils retrouvent Christopher Mackertich (Dregg) qui va les aider à nous briser la nuque, ajoutant ses parties vocales virulentes à la lourdeur du morceau. On enchaîne avec le titre éponyme "Random.Access.Misery", véritable rouleau compresseur qui va rapidement mettre tout le monde d’accord avec une sauvagerie affirmée avant de ralentir, offrant même un passage apaisant entre deux tranches de rage, puis "Cold Now…" prend sa place, osant proposer un son assez majestueux. Le contraste entre la batterie et les guitares est saisissant, mais les deux s’abandonneront finalement à la violence avant de laisser les claviers nous guider jusqu’à "...Colder Still" où la tristesse palpable nous offre des moments planants entre deux éruptions, créant une atmosphère assez pesante dans laquelle on sent toute la détresse de la situation, qui finira par s’évaporer.
Bien que très chaotique, rien n’est laissé au hasard chez Mélancolia : chaque riff, chaque bruit, chaque cri est présent pour alimenter l’oppression et la violence de "Random.Access.Misery". L’album est tout aussi brut que travaillé.
"HissThroughRottenTeeth"
Note : 16/20
Laissez-vous guider par Mélancolia. Né en Australie, le mystérieux groupe composé d’Alex
Hill (chant), Joshua Taafe (guitare), Billy Morris (guitare) et Mason Page (batterie)
annonce en 2023 la sortie de son premier album, "HissThroughRottenTeeth", chez Nuclear
Blast et Greyscale Records.
L’album débute avec l’angoissante "Horror_Ethereal" qui nous étouffe avec une atmosphère
pesante avant de laisser les racines deathcore agressives surgir. L’alliance des hurlements
sauvages et de la lourdeur des riffs est parfaite pour accueillir les quelques leads perçants
avant de les laisser se transformer en mélodies entêtantes, suivies par un break massif puis
par "Dread Will Follow", une composition qui joue avec quelques orchestrations majestueuses
pour apaiser la violence pure. Les riffs saccadés n’auront aucun mal à nous oppresser
pendant que les cris viscéraux naviguent dans cette mare de haine jusqu’à "God Tongue"
et à sa sublime introduction, suivie à nouveau par les éléments plus lourds et dissonants. Le
groupe laisse la lenteur apporter un côté lancinant à certains passages avant que "When
Shovels Drag On Concrete" ne renoue avec une fureur contagieuse non dissimulée qui
ajoute également quelques éléments plus complexes à ses éruptions de puissance, sans
jamais oublier la touche mélodieuse des refrains.
Le break central nous autorise un moment
de répit avant de renouer progressivement avec la violence, puis "The Hands That Tied The
Noose" nous dévoile une douceur sombre et inquiétante, que le groupe viendra entacher
avec des hurlements monstrueux, créant un contraste saisissant avec la base instrumentale
entêtante. "[Inure]", le morceau suivant, se développe autour de sonorités dissonantes et
chaotiques, laissant parfois la fureur prendre le dessus avant de la laisser retomber,
attendant de s’enflammer à nouveau, jusqu’à ce que "HissThroughRottenTeeth", le titre
éponyme, ne lève lentement le voile sur des sonorités planantes. La saturation enfle
progressivement jusqu’à cette mosh part dévastatrice, puis le son s’apaise et explose à
nouveau en nous menant à "…A Cold Static Eulogy", la dernière composition, qui mettra un
point final à l’album avec le même amas chaotique de violence, de rage et de noirceur
terrifiante qui nous entoure jusqu’au dernier moment.
L’univers de Mélancolia se construit entre la puissance du deathcore et l’angoisse de ses
influences sombres. Hurlements et leads angoissant donnent à "HissThroughRottenTeeth"
une identité torturée mais entêtante, le rendant pesant.
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