Le groupe
Biographie :

Maudits est un groupe de black / death metal inconnu et mystérieux qui sort un première démo, "Les Prédicateurs De La Mort", en Avril 2022 chez Black Pandemie Prod'.

Discographie :

2022 : "Les Prédicateurs De La Mort" (Démo)


La chronique


Nous sommes le 18 Mai 2022, une petite canicule un poil inhabituelle sévit depuis quelques jours. Il fait beau, le soleil se pointe dès 6h00 du mat' et se couche tard, c’est la saison parfaite pour engager le sacrosaint triptyque "potes-ricard-grillade". Il faut dire qu’on en profite bien dans le Sud de cette philosophie de vie, dès les beaux jours, on ne pense qu’à ça. Malgré ce scénario idéal et très positif, mon environnement est plutôt sombre, le soleil rayonnant, la chaleur et le ciel bleu azur se font voler la vedette au profit de nuages sombres, de brouillards fantomatiques à couper au couteau et d’une froideur sépulcrale qui glace le sang et pénètre jusqu’aux os. L’origine de ces maux que je suis le seul à vivre au sein de mon entourage, c’est lorsque j’ai ouvert un paquet reçu dans ma boîte aux lettres, un petit colis en provenance de Black Pandemie Productions dans lequel se trouvait la cassette audio de Maudits. Déjà, le produit en lui-même n’inspirait pas confiance, avec son visuel noir et rouge sang. En ouvrant le boîtier, je me suis trouvé face à une cassette dupliquée à la main, autant dire qu’à ce sentiment de tenir un objet néfaste s’est ajouté une sensation de vertige liée à un retour au passé, à des encrages forts, une relation quasi exclusive que j’entretenais jadis avec le black metal, c’était les années 90. Il ne fallut pas longtemps avant que j’insère l’objet dans un lecteur cassette pour découvrir ce qui allait devenir l’anti-bande-son de mon mois de Mai.

En effet, entreprendre la démarche de se plonger dans "Les Prédicateurs De La Mort", c’est laisser de côté tous sentiments positifs, toutes choses liées de près ou de loin avec le bonheur, la gaité, le partage, la lumière. Durant environ 20 minutes, l’écoute plonge l’auditeur dans la solitude, la froideur, la misanthropie, le mal-être. Le son est caverneux et rend vraiment justice au caractère autoproduit de l’objet, cependant les guitares aiguisées comme des lames de rasoir entaillent des blessures mentales qui laisseront à coup sûr quelques séquelles. Le chant possédé et aliéné inspire une bête immonde tapis dans l’ombre. A la fois criardes et gutturales, les vociférations malfaisantes, lointaines dans le mix, inspirent des groupes comme Ululatum Tollunt ou encore Infernal Coil, sauf que l’ensemble possède un son global beaucoup plus proche des vieilles productions. "Mauvais Œil", premier titre de l’opus, débute les hostilités avec un riff bien lourd, rampant et traînard, interrompu par des guitares qui tissent des mélodies funestes. Les passages en blast beat rappellent les premiers Darkthrone, avec cette grosse caisse hyper sourde dans le style de Pest. Maudits ne cherche pas quelques effets que ce soit en termes d’interprétation musicale, ça file droit, point barre. Pas de fioritures, pas de breaks, la formation inconnue (peut-être un one-man band) propose un black metal direct. Les hurlements de haine à la fin du titre, sur ce tempo ralentit, c’est terrible, tout n’est que souffrance et désolation ! "Les Phtisiques De L’Âme" s’engage avec des guitares aiguës dissonantes sur fond de lourdeur cataclysmique. Ce titre enfonce l’auditeur de manière radicale encore un niveau en dessous vers le royaume des morts. Le break de basse en milieu de titre permet au morceau d’engager un riff punk bien crade vraiment entraînant, qui alterne avec un déluge de double grosse caisse, ici le chant est plus dérangé que jamais !

"Ils Serrent Les Dents" martèle l’auditeur dès les premières secondes avec cette cymbale insistante, comme si le groupe avait comme seul but de blesser nos pauvres oreilles chastes. Une fois de plus, Maudits s’inscrit dans une esthétique crue, primaire, hostile et reste fidèle à la direction artistique entreprise dès le début de la démo. La fin de ce track laisse entendre la partie la plus occulte et malaisante de tout l’album, avec cette guitare qui s’impose en grand renfort de demi-tons dissonants. Cette démo s’achève sur "Puissent-ils Prêcher Le Renoncement", sans aucun doute la composition la plus fidèle au style nordique. Très guerrier dans ce cas précis, le black metal de Maudits est ici mis en valeur par l’agencement des parties, la cavalcade se trouve interrompue par un mid-tempo aux guitares thrashy incisives, avant de repartir de plus belle. Au terme de ce court voyage, on ne peut qu’éprouver l’envie d’y retourner car Maudits réussit le pari d’engager l’auditeur au sein d’un véritable environnement sonore déroutant mais prenant. L’aspect démo est bien là, mais contrairement à bon nombre de groupes qui profitent de ce prétexte pour pondre des productions inécoutables et sans saveur, Maudits s’est servi de ce son pour renforcer le contexte de ses compositions. Profondément dans le rejet, certainement agnostique et / ou nihiliste, le groupe dévoile, avec quatre compositions, son attrait pour le sordide grâce à un son décharné mais paradoxalement consistant. Si vous êtes habitués à entendre ce genre de black metal, vous allez vite vous y faire, les autres, je pense que l’expérience risque de vous bousculer.

Je profite de cette chronique pour vous encourager à découvrir Black Pandémie Productions, label français qui fait un travail admirable en termes de présence et de soutient dans le monde du black metal underground. C’est grâce à de telles entités (et des groupes comme Maudits) que la scène black underground peut persister dans le temps sans être polluée par les réseaux sociaux et la plèbe qui sévit sur Internet. Maudits - "Les Prédicateurs De La Mort" c’est une cassette enregistrée à la main tirée en 33 exemplaires, à l’heure où je vous parle il en reste quatre sur le Bandcamp du label. Pour ce qui est de cette sortie, c’est une excellente démo qui laisse présager du bon pour la suite. Maudits possède un univers sonore singulier et s’inscrit dans une esthétique qui dégage une noirceur palpable, un son chaud comme du sang qui s’écoule d’une plaie béante mais entouré d’une atmosphère glaciale. Le son inspire un caveau humide, de la vieille pierre, de la matière granitique, dont les aspérités se devinent à la lueur d’une bougie à la flamme chancelante. Un lieu dont les seuls êtres présents n’ont plus grand-chose d’humains, poussés dans les derniers retranchements de leur propre aliénation, une décrépitude volontaire et assumée.


Trrha’l
Mai 2022


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.blackpandemie.fr