"After The Storm"
Note : 17/20
Le calme revient avec Marche Funebre. Créé en 2008, le groupe composé d’Arne
Vandenhoeck (chant, Bleak Cold Irrelevance), Kurt Blommé (chant clair), Dennis
Lefebvre (batterie, Witch Piss), Boris Iolis (basse / chant, Soul Dissolution) et Fré De
Schepper (guitare, Carrion, ex-Lemuria) dévoile cette année "After The Storm", son
cinquième album.
"In A Haze" vient progressivement nous inonder de la mélancolie du groupe grâce à des
guitares dissonantes, suivies d’une rythmique massive et de hurlements sauvages. Le ton
lancinant est secoué par les frappes de la batterie, et s’apaise encore avec le break avant
d’accueillir le chant clair pour un final planant qui nous transporte jusqu’à "Palace Of Broken
Dreams" où Kurt prend les rênes du morceau pour un moment apaisant. La rythmique défile
lentement jusqu’à ce qu’Arne ne prenne le relai pour accompagner les harmoniques
entêtantes, puis les deux vocalistes se répondent pour donner vie à la composition qui finira
par s’embraser avant de céder sa place à "Devoid Of Empathy", et à ses patterns hypnotiques.
Les chanteurs se complètent naturellement à nouveau, menant le navire à travers les riffs
brumeux à une allure soutenue, nous menant à la sombre "Enter Emptiness" qui ralentit la
cadence pour nous enfermer dans sa torpeur pesante, mais qui va finalement accélérer tout
en conservant son ambiance étouffante. Le son ralentira progressivement avant que
"Stranded" ne prenne sa place, adoptant des patterns saccadés plus énergiques, mais les
influences gothiques le rendent assez macabre malgré les parties de chant clair enjouées.
Le son sera à nouveau amené à mourir lentement, mais "After The Storm" lui redonnera vie
en dévoilant des teintes parfois plus dissonantes pendant que l’harmonie vocale prend
forme et que la section rythmique s’enflamme, mais le break nous précipiter sur la dernière
vague et ses tonalités joviales qui mettront un point final à l’album.
Marche Funebre sait parfaitement manier la puissance sombre du doom / death, mais les
parties de chant clair lui donnent parfois un tout autre aspect. "After The Storm" marque par
son contraste intrigant et n’aura aucun mal à séduire.
"Einderlicht"
Note : 16/20
Je vais vous donner un scoop, le groupe qui nous intéresse aujourd'hui s'appelle Marche Funèbre et tenez-vous bien, il fait du doom ! Bon, blague à part, ces Belges en sont déjà à leur quatrième album depuis 2011 et "Einderlicht" vient donc nous plomber le moral avec une nouvelle fournée de doom bien plombée et triste comme une tombe.
Pour situer un peu la bête, disons que l'inspiration de Marche Funèbre doit se situer à la fois du côté des groupes anglais, donc My Dying Bride et toute la bande pour le côté le plus lourd et du côté finlandais type Swallow The Sun pour l'aspect le plus mélodique. On retrouve donc un doom lent, lourd, pesant mais pas d'inspiration funeral ou de tendances trop extrêmes par ici. On est plus dans la mélancolie et l'abattement que la véritable dépression suicidaire et la musique du groupe est toute indiquée pour servir de bande sonore en ces jours pluvieux. "Scarred" ouvre l'album tout en douceur et en feeling avec un solo de guitare d'entrée de jeu, très fin et tout en émotion. Quelques arpèges tranquilles, du chant clair, une mélancolie qui transpire de chaque mélodie et un feeling global presque bluesy dans l'ensemble sur ce premier morceau. Quand la distorsion arrive et que les growls reprennent leurs droits, ce sont bien les influences anglaises qui remontent à la surface. Néanmoins, ce genre de passages permet au groupe de proposer quelque chose de plus personnel et de relativement atypique pour le genre. Un bon moyen à la fois de se démarquer et d'ajouter de la profondeur à des morceaux très longs comme le veut la tradition, avec une bonne dizaine de minutes en moyenne. Et quand le groupe accélère un peu le rythme, pas trop non plus faut pas déconner, ce sont des sonorités heavy dans l'esprit qui se font entendre rappelant l'héritage historique du doom et prouvant par là même que Marche Funèbre connaît ses classiques et sait d'où il vient. Si l'inspiration anglaise se fait sentir, vous aurez donc compris que l'on est loin de la copie carbone et que Marche Funèbre ne se fait pas prier pour imposer sa patte et explorer d'autres terres.
Toutes ces sonorités différentes permettent en plus au groupe d'éviter le piège du riff répété à l'envie et donne des morceaux assez variés, passant d'une ambiance à l'autre et maintenant l'attention en éveil. "The Eye Of The End" présente d'ailleurs bien plus direct avec des riffs puissants et des mélodies plus accrocheuses, le tout mélangé aux sonorités doom plus classiques. Une mixture très réussie qui va très bien à Marche Funèbre et qui prouve qu'il y a ici un vrai travail de composition. Il y a même des blasts qui trouvent le moyen de se faire une place ! Le chant clair renvoie souvent au metal gothique en général mais ce n'est une grande surprise puisque ces deux styles se marient très bien ensemble et que nombre de groupes ont eu recours au même mélange. Ce qu'il faut préciser par contre, c'est que le chant, qu'il soit clair ou growlé, est de très bonne facture et que ce soit le timbre de voix ou les lignes de chant, cela tape toujours juste et on sent que là aussi il y a eu du travail. La production est à l'avenant avec un son parfaitement adapté au style de Marche Funèbre, assez puissant et plutôt clair, qui sert très bien ces nouveaux morceaux et en fait ressortir les reliefs. En tout cas, voilà un très bon album de doom au sens large qui montre un groupe qui a largement digéré ses influences et qui arrive à se sortir des limites d'un genre assez codifié. Le nom du groupe est pour le coup trompeur puisque l'on se retrouve avec une musique plus puissante, accrocheuse et efficace qu'il ne le laisse penser. Ne vous laissez donc pas avoir en vous disant que vous allez tomber sur un groupe de funeral de plus parce que ce n'est pas le cas !
"Einderlicht" nous montre Marche Funèbre maîtrisant de plus en plus son art avec un doom / death mélodique, accrocheur, puissant et aux inspirations multiples. Le groupe développe sa patte et réussit à nous faire un album prenant de bout en bout malgré une durée d'une heure répartie sur seulement cinq morceaux !
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