Le groupe
Biographie :

Mantar est un groupe de sludge / black metal allemand formé en 2012 et actuellement composé de : Erinc (batterie / chant) et Hanno (chant / guitare). Mantar sort son premier album, "Death By Burning", en Février 2014 chez Svart Records, suivi de "Ode To The Flame" en Avril 2016 chez Nuclear Blast, de "The Modern Art Of Setting Ablaze" en Août 2018, et de "Pain Is Forever And This Is The End" en Juillet 2022 chez Metal Blade Records.

Discographie :

2014 : "Death By Burning"
2016 : "Ode To The Flame"
2018 : "The Modern Art Of Setting Ablaze"
2020 : "Grungetown Hooligans II" (Compilation)
2022 : "Pain Is Forever And This Is The End"


Les chroniques


"Pain Is Forever And This Is The End"
Note : 15/20

Dix ans que Mantar vit. Depuis sa création en 2012, le duo allemand composé d’Hanno (guitare / chant) et Erinc (batterie / chant) sort des albums de manière très régulière. Il est l’heure pour "Pain Is Forever And This Is The End", leur cinquième album, qui sort chez Metal Blade Records en 2022.

L’album débute avec "Egoisto", un titre accrocheur qui pose les bases de ces riffs saturés aux influences groovy avant d’accueillir un chant massif et inquiétant. La rythmique laisse parfois passer quelques harmoniques dissonantes, puis "Hang 'Em Low (So The Rats Can Get 'Em)" prend la suite en dévoilant des mélodies inquiétantes. Le son abrasif aux frappes régulières fait tout de même partie de ce mélange brut qui laisse au chant le rôle principal tout en l’accompagnant de vagues de violence. Les tonalités sombres et mélancoliques donnent à ce morceau une ambiance assez particulière avant que "Grim Reaping" ne propose des influences heavy, ajoutant une touche originale au sludge du duo. On retrouvera également des sonorités entêtantes sur "Orbital Pus", une composition plus psychédélique qui place également quelques choeurs sur les parties de chant, puis "Piss Ritual" proposera une rythmique plus énergique et chaotique.

Les leads fous s’intègrent parfaitement à cette base solide et entraînante, puis on retrouve des sonorités entêtantes et accrocheuses sur "Of Frost And Decay", un titre plus sombre. Les riffs froids donnent une saveur malsaine à la rythmique tout en laissant le chant nous vomir sa rage jusqu’au dernier moment avant que "Walking Corpse" n’apporte cette touche intrigante au son pesant. On retrouve une certaine agressivité directe sur ce morceau, rappelant quelque part les racines du groupe, puis "New Age Pagan" propose une atmosphère assez douce tout en jouant sur une dissonance marquée et quelques patterns empruntés au punk. Après un final plus énergique, "Horder" vient proposer une lenteur assez apaisante, faisant ressortir les racines black metal de la formation sans oublier ce groove lancinant. Le titre va soudainement se renforcer, proposant des tonalités oppressantes avant qu’"Odysseus" ne vienne marquer la fin de l’album avec des riffs pesants, des parties vocales désespérées et intenses, créant une vague de son aussi inquiétante que saisissante.

Avec Mantar, il faut s’attendre à tout. Entre une intensité viscérale et des riffs bruts, "Pain Is Forever And This Is The End" va nous proposer dix compositions à l’identité très distincte, qui permet de cibler facilement ce que l’on aime du groupe.


Matthieu
Septembre 2022




"The Modern Art Of Setting Ablaze"
Note : 16,5/20

Quelle idée de faire une pochette dorée flashy lorsqu’on pratique une musique aussi sombre… Mantar est un groupe assez surprenant. Formé en 2012, il est aujourd’hui signé chez Nuclear Blast, label qui possède la même nationalité que la formation sauvageonne. Après une introduction plutôt apaisante en guise de mise en bouche, "The Modern Art Of Setting Ablaze" diffuse un sludge pesant et dramatique pendant presque 50 minutes, laissant l’auditeur apprécier les différentes atmosphères qui se dégagent de cette somptueuse galette.

Il faut dire que le son est très profond, laissant la part belle aux fréquences graves, par un mix judicieux de la basse (est-ce une vraie basse ?) et des guitares ultra fuzzy. Le tout grésille et crépite, les instruments se fondent pour créer un tapis de noirceur et de lourdeur. Même la batterie sature parfois, et participe judicieusement à l’ensemble, avec ce son garage qui met bien en valeur l’espace sonore. Concernant le chant, celui-ci est un véritable concentré de rage. Le monsieur éructe sa haine au micro avec la plus grande sincérité.

D’un point de vue compositionnel, la formation teutonne parvient à allier la simplicité et la variété. En effet, sans déborder de technique, "The Modern Art Of Setting Ablaze" reste un album nuancé qui possède de nombreux passages intéressants, qui permettent aux 12 titres de rester entrainants. Aussi noir qu’un groupe de black metal, aussi rock’n’roll qu’une paire de tiags et désespéré comme la plupart des groupes post-rock de maintenant, Mantar développe une ambiance suffisamment originale pour ne pas passer inaperçu. Les titres comportent leur lot de surprises. Cassures, arrêts, relances, accalmies, riffs qui tâchent, martèlements sur les toms, arpèges froids et éthérés, grooves punkisants, passages pachydermiques, ce duo (et oui, au fait, c’est un duo) est plutôt généreux et vous donne tout pour passer un délicieux moment metallique. En live, il y a fort à parier que le guitariste-chanteur sépare le signal de sa guitare, d’un côté vers l’ampli guitare, de l’autre vers un octaver, puis dans un ampli basse. D’ailleurs le batteur joue de profil, ce qui donne une idée du genre de combo à qui l’on a affaire ici.

Comparable dans le genre à un Dopethrone en moins stoner, à Yob en plus metal, ou à Cough en moins sale, Mantar à lui aussi son identité propre et offre sa propre vision du sludge metal. Moins doom et plus rock / metal que ses copains, le binôme entretient le côté catchy dans l’interprétation en maintenant une ambiance aussi poisseuse, menaçante, que délicieuse. "The Modern Art Of Setting Ablaze" délivre une musique prenante qui ravira tous les fans de stoner, doom, sludge, bref, les amateurs de cambouis sonore.


Trrha'l
Janvier 2019




"Ode To The Flame"
Note : 14/20

"Ode To The Flame" est le deuxième album des Allemands de Mantar qui annonce officier dans le sludge, j'avoue avour loupé leur premier album et je vais donc découvrir de quoi il en retourne.

On se rend compte assez vite que Mantar ne pratique pas le sludge bien lourd et rampant, il le préfère avec une bonne dose d'agressivité et si les ambiances sont effectivement grasses et poisseuses il n'empêche que les morceaux présentent parfois un côté punk hardcore à l'instar de "Carnal Rising" qui ouvre l'album. Un feeling renforcé par le fait que les morceaux soient relativement compacts et tournent souvent autour des quatre minutes, ce qui nous donne au final un album d'à peu près trois quarts d'heure pour 10 morceaux. "Era Borealis", par contre, fait preuve d'un groove imparable tout en restant poisseux avec toujours ce chant d'écorché vif. Bref, Mantar a plusieurs visages et s'il propose une musique agressive, sombre et poisseuse, il n'en oublie pas pour autant l'efficacité et trouve parfois le moyen de rendre sa musique accrocheuse malgré la couche de crasse qui lui pèse sur les épaules. Je précise parfois parce que malgré sa durée, l'album traverse quelques passages à vide, des riffs moins intéressants étirés un peu trop longtemps, un rythme qui s'appesantit un peu trop ou un petit manque d'inspiration de temps en temps font qu'on peut trouver certains morceaux trop longs malgré une durée maximale de six minutes. A ce titre, "The Hint", sans être mauvais, fait quand même pas mal retomber la pression après un démarrage sur les chapeaux de roue, dommage quand on pense à l'intensité que Mantar est capable de faire passer dans sa musique. Et quand je dis intensité, c'est pas seulement en termes de violence, "Schwanenstein" fait passer des ambiances qui prennent à la gorge sans jamais défoncer tout ce qui bouge pour autant.

A l'inverse, "Oz" balance bien la purée comme il faut avec un feeling parfois très black 'n' roll et en tout cas groovy en diable ! C'est quand le groupe envoie le bois sans chercher à faire dans le gros metal lourd qu'il est réellement bon, on se dit à l'écoute des morceaux les plus virulents et groovy que Mantar devrait se lâcher plus souvent, ça lui aurait permis de pondre un album bien plus percutant. Parce que le potentiel est là, il suffit simplement de l'exploiter convenablement, le groupe a la patate et nous le prouve plusieurs fois sur cet album. Il y a simplement quelques baisses de régime qui font perdre de l'impact à cet "Ode To The Flame" qui aurait pu péter la baraque avec plus de concision et plus de rage. L'autre solution étant de partir à fond dans la noirceur et balancer des morceaux tellement glauques et crades que ça en devient irrésistible, mais comme je le disais, Mantar sait montrer les crocs et devrait se servir de cette capacité à rentrer dans le lard plus souvent en plus de son côté groovy encore une fois qui est très efficace et percutant lui aussi. On sent même quelques sonorités black metal de temps en temps qui vont là aussi très bien au teint du groupe. Encore une fois, il y a de très bonnes choses sur ce deuxième album, il manque simplement le petit plus qui en ferait un pavé dans la mare, la petite étincelle de folie qu'on sent pourtant présente chez Mantar mais comme si elle était bridée.

Au final, un album en demi-teinte, vraiment pas mauvais mais souffrant de quelques baisses de régime qui lui font perdre de l'impact. Mantar est très bon quand il s'agit d'être méchant, c'est de côté-là que le groupe devrait se diriger.


Murderworks
Juin 2016


Conclusion
Le site officiel : www.mantarband.com