Le groupe
Biographie :

Dans les brumes épaisses de la cité du Lion, une assemblée hétéroclite a donné le jour au groupe Malevolentia. Dans les éclats musicaux, la voix de Spleen se mêle aux saturations sonores d'Arbaal. Alourdies par Tzeensh et temporisé par Abhoth, ces mélodies soutiennent des textes d’auteurs français, sollicités spécialement pour l’occasion, dont les lyrismes creusent et assombrissent l'ambiance globale. Orchestrations, concept, mise en forme et mise à mort de la structure picturale par Arbaal qui signe la trace électronique et les supports. Un collectif avant tout. Un rassemblement. Chacun à sa place maîtrise son élément et signe sa partie au sein de Malevolentia.

Discographie :

2005 : "Contes Et Nouvelles Macabres"
2011 : "Ex Oblivion"
2016 : "République"


Les chroniques


"République"
Note : 14/20

Malevolentia fait partie de ces groupes fançais assez discrets mais qui continuent à mener tranquillement leur barque sur l'océan tumultueux qu'est la scène metal extrême. Toujours est-il que le groupe sait prendre le temps entre chaque album, et ce sont bien cinq longues années qui séparent le sympathique "Ex Oblivion" du tout nouveau "République". Il est bien évidemment à espérer que ce temps ai été utilisé à bon escient, mais la qualité de l'artwork me fait dire qu'il y a là beaucoup de travail et que le groupe doit beaucoup compter sur ce nouvel opus... Serait-ce donc l'album de la maturité ? Celui avec lequel Malevolentia compte enfin sortir de l'ombre ? Comme toujours, la réponse est dans ces lignes...

On entame calmement par l'intro, intitulée "Protogonos", qui nous plonge rapidement dans l'ambiance symphonique de ce troisième album. "Annuit Coeptis", le premier vrai titre, confirme d'ailleurs immédiatement cette orientation. Première bonne surprise, le son est plutôt bon, puissant comme il se doit et riche de nombreuses orchestrations. Et même si Malevolentia lorgne sur tous les grands noms de la scène extrême symphonique, il parvient malgré tout à nous offrir une identité propre, et ce avant tout grâce au chant en français, même si difficile à comprendre, et au timbre si particulier de Spleen, chanteuse du groupe Einsicht. Après, on aime ou pas le chant black féminin, là est un autre problème... Personnellement, je le préfère ici que sur le dernier album d'Einsicht chroniqué dans ces pages, par exemple, mais j'avoue que quand il part dans les aigus, je regrette parfois un chant un peu plus rauque et guttural, mais ça ne tient qu'à moi...

On enchaîne avec "Völuspa", morceau plutôt orienté mid-tempo et offrant un bon groove. Les orchestrations sont une nouvelle fois très bien travaillées, donnant ampleur et relief à ce tout nouveau "République", à l'image de ces chœurs lyriques du meilleur effet ! Et avec le très sympathique lead mélodique qui suit, on n'est jamais très loin d'un Dimmu Borgir période "Death Cult Armageddon"... On retrouvera d'ailleurs quelques saccades plutôt bien senties, et c'est alors dommage que les guitares soient autant en retrait. A vrai dire, c'est surtout que les orchestrations prennent beaucoup de place, pratiquement au même niveau que le chant et la batterie, ce qui fait que le reste a du mal à tirer son épingle du jeu... Le morceau suivant s'intitule "Etemenanki" et s'avère plus rapide et violent que son prédécesseur ! La densité est telle qu'il n'est pas aisé de tout intégrer dès la première écoute. Cette intensité musicale autant que dramatique pourrait rappeler les Italiens de Fleshgod Apocalypse, même si la dimension purement "metal" ressort mieux chez eux à mon humble avis.

Heureusement en tout cas que le petit interlude "Virtù & Fortuna" est là pour calmer le jeu avant "Magnus Frater Spectat Te", encore une fois rapide et diaboliquement riche d'orchestrations diverses et variées. Pourtant, là encore, certains riffs possèdent un bon groove et il est alors dommage que les guitares n'aient pas plus de place... Je n'irais pas jusqu'à dire que trop d'orchestration tue l'orchestration, mais je pense qu'il y a certains passages où il faut savoir les mettre de côté pour que leur retour ait encore plus d'impact ! Ainsi, j'ai un peu le sentiment qu'on perd la puissance inhérente au style black metal au profit de l'aspect symphonique, ce qui rend l'ensemble un peu bancal par moments... Et c'est encore le cas quand on pense entendre d'envoûtants lead mélodiques et qu'ils se retrouvent noyés dans la masse ! S'ensuit "Requiem Aeternam Deo", morceau qui, par certains aspects, pourrait m'évoquer Anorexia Nervosa, mais peut-être en moins grandiloquent et théâtral... En tout cas, Malevolentia a de bonne influences et les maîtrise parfaitement pour les intégrer intelligemment à son propre registre. Et je remarque d'ailleurs que sur ce titre, les orchestrations sont un peu moins présentes, ce qui en fait par la même occasion l'un des meilleurs morceaux de l'album, à l'image de son lead hypnotique d'une puissance évocatrice rare !

On enchaîne avec "Alma Mater", titre résolument mid-tempo et émotionnel, quelque peu en demi-teinte comparé au flamboyant morceau précédent. En contre-partie, il saura vous offrir un solo de guitare brillant, chose assez rare pour être soulignée... "Qohelet", lui, pourrait rappeler Le Grand Guignol dans son riff d'intro, même si la suite est beaucoup plus orientée black metal. Même les quelques saccades sont ici savoureuses, bénéficiant d'orchestrations plutôt discrètes comme cela aurait dû être le cas, à mon humble avis, sur l'ensemble de ce "République". Quant à "Doxa", il fait d'abord la part belle à la dimension symphonique propre à Malevolentia ainsi qu'aux chœurs, avant une explosion de violence, et le tout, en moins de 2 minutes... Juste de quoi ouvrir grand les portes du Chaos libéré sur "Ordo Ab Chao", l'un des titres les plus intenses de l'album bénéficiant d'une puissance rarement atteinte ici, avec des chœurs capables de vous donner la chair de poule et une orchestration on ne peut plus cinématographique !

On poursuit cette longue écoute (presque 1 heure) avec "Para Doxa", petit interlude ouvrant sur un "Nocte & Nebula" sobrement introduit par un bon vieux blast des familles. Un titre rapide, dense au plus haut point : de là à dire qu'il s'agit du morceau le plus violent, il n'y a qu'un pas ! Heureusement, quelques belles saccades viendront calmer un peu le jeu et apporter ce qu'il faut d'une lourdeur quasi martiale à l'ensemble... Bref, encore un morceau qui ne vous laissera assurément pas de marbre ! La faute, peut-être, à cette lointaine et sombre "Marseillaise" le clôturant... Car oui, sans vouloir faire mon chauvin, et malgré cet esprit guerrier que certains ne comprennent pas, on a sans doute l'un des plus beaux hymnes du monde et il me fera frissonner à chaque fois ! On terminera l'écoute de "République" avec "Eschatos", peut-être le seul morceau correspondant en tout point à l'idée que je me faisais de l'album... En effet, sans savoir pourquoi, je m'attendais à quelque chose se rapprochant pourquoi pas de Forbidden Site, et je trouve que ce dernier morceau est vraiment dans cet esprit français, lyrique et poétique... Un instant chargé d'émotion qui saura vous rappeler que la République qu'on connaît aujourd'hui est bien loin de l'idée qu'on pouvait s'en faire à l'époque...

Bref, voilà un troisième album incroyablement riche et complexe qui pêche peut-être parfois par excès de zèle. Un grand travail a été fait au niveau des compositions comme des orchestrations et ce "République" est évidemment d'une grand maturité. Pour autant, malgré sa puissance, le son ne permet pas à tous les instruments de tirer leur épingle du jeu. Ainsi, malgré la qualité indéniable des orchestrations, ces dernières ont tendance à noyer les guitares, mettant ainsi plus en avant la dimension symphonique de la musique de Malevolentia que son aspect résolument black metal. Fort heureusement, sur certains morceaux, les musiciens ont eu la présence d'esprit de laisser respirer l'ensemble, qui prenait alors une toute autre dimension. Ce sont sur ces morceaux-là que les Français ont atteint en quelque sorte leur apothéose... Mais dans tous les cas, avec une telle dose de violence, de lyrisme et d'émotions, la musique de Malevolentia ne laissera personne indifférent. Le groupe est dès à présent prêt à prendre son envol... Ne reste plus alors qu'à corriger deux ou trois erreurs pour ne pas se brûler les ailes !


Carcharoth
Juillet 2016




"Ex Oblivion"
Note : 14/20

Français, Françaises, est qu’une fois pour toute on ne pourrait pas donner une chance aux formations musicales Françaises ? J’ai reçu trois albums de black metal symphonique il y a de cela plus de quatre mois maintenant. Trois albums dont je peine à me séparer car ils font tous preuve encore une fois, du potentiel artistique des formations Françaises actuelles. Trois albums de black metal symphonique donc, mais laissez moi vous exposer toute la richesse de ce style via ces trois albums ô combien différents.

Commençons par Malevolentia et leur black metal symphonique magnifiquement orchestrée. Cette jeune formation Française est sortie de son sommeil en 2003. Après un premier album en 2005, "Ex Oblivion" nouvelle offrande du groupe sort en 2011. Pas besoin d’être un as en mathématiques pour se rendre compte que le groupe a pris son temps pour composer cet album. Et il ne faut pas non plus être tel The Sentinel pour se rendre compte qu’"Ex Oblivion" est un album travaillé où rien ne semble avoir été laissé au hasard. La production est impeccable, les arrangements et orchestrations dignes des plus grands noms de la scène black metal. Les plus puristes du genre pourraient être rebutés par cette impression de surproduction, mais pour ma part je ne pense pas que leur style soit adapté à quelque chose de moins travaillé.

Malgré les orchestrations très réalistes, les rythmiques accrocheuses et efficaces, il y a comme un paradoxe pour moi au niveau de cet album. J’admire cette volonté à vouloir donner une bouchée d’air frais à un style qui a tendance à tomber dans l’oubli mais je suis en même temps déçue de ne pas y voir plus d’originalité et de personnalité. Le black metal symphonique tout droit sorti d’un film d’angoisse c’est un peu "cliché" vous ne trouvez pas ? Du coup je suis quelques peu déçue que le groupe n’ait pas su s’éloigner plus de ses influences.

Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, Malevolentia mélange certes les références black métalliques mais ne tombent pas non plus dans le vulgaire copier-coller. Du black au thrash en passant par le heavy metal, qui aurait cru que cette ancienne formule magique soit encore la clé du succès ? Pour vous donner un ordre d’idée, je dirais que c’est au niveau des guitares et du chant que le groupe se rapproche le plus d’un Cradle Of Filth. Certains cris aiguisés nous rappellent ce bon vieux Dani Filth, et pour notre plus grande satisfaction Malevolentia nous fait l’honneur d’un chant totalement en Français ! Les orchestrations et autres arrangements me font eux penser aux derniers albums de Dimmu Borgir. C’est tout droit sorti d’un film pour un rendu très épique.

Malevolentia est pour moi un mélange de ces deux groupes et honnêtement c’est plutôt bien réussi. On se laisse facilement entraîné par les rythmiques accrocheuses, les breaks saisissants et les mélodies mystiques de ce "Ex Oblivion". Martial ou diabolique, Malevolentia sème le doute en transportant l’auditeur dans un tourbillon de mélodies ô combien dissonantes nous menant jusqu’à la folie. Je pense au titre "Martyrs" et son piano fou en fin de morceau. "La Geste Du Corbeau" est comme une comptine enfantine dont on ne sait s’il s’agit de magie ou de sorcellerie. Bref, Malevolentia signe là un excellent album, surtout lorsqu’on sait qu’il s’agit là du second opus du groupe.

Tout bon amateur de black metal symphonique devrait jeter une oreille sur cette nouvelle galette. Est ce que je dois vous dire que le groupe vient de Scandinavie pour que vous changiez d’avis ?


Célin
Août 2011


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/malevolentiabm