"The 13th Beast"
Note : 17/20
Lorsque l’on s’adresse aux pionniers du death metal comme Malevolent Creation, on est
certains d’avoir une qualité irréprochable. Bien que formés en 1986 sous le nom de
Resthaven, ils ont la forme les Floridiens ! Côté line-up, Phil Fasciana (guitare, HatePlow)
mène toujours le navire, mais une petite restructuration a eu lieu en 2017, puisque le
guitariste a recruté trois nouveaux musiciens pour l’accompagner : le bassiste Josh Gibbs
(Thrash Or Die, ex-Solstice), le batteur Philip Cancilla (ex-Misericordiam) et le
chanteur-guitariste Lee Wollenschlaeger (Imperial Empire, Throne Of Nails,
ex-DieVersion…) ont donc contribué au treizième album du groupe. Ouvrez grand vos
esgourdes, ça va saigner.
Le premier assaut s’appelle "End Of Torture", et même s’il nous faut attendre quelques
secondes de sample pour en prendre plein les oreilles, le jeu en vaut la chandelle. Une
violence maîtrisée, grasse et surtout sans limites. Les riffs sentent bon l’old school, et les
sonorités malsaines caractéristiques du death metal sont toutes là. Et rien de tel pour se
remettre dans le bain que ce morceau, qui précède l’excellent "Mandatory Butchery". La
basse y joue un rôle important, mais la rapidité des morceaux est également en cause, et
les riffs vous découpent littéralement sur place. Comme sur le titre précédent, le chant est
d’une puissance pachydermique, et c’est presque avec regret que je laisse "Agony For The
Chosen" débuter. Mais il ne me faudra pas deux secondes pour succomber à ce riff
dantesque, surmonté d’un blast imposant. Un peu plus axée sur les leads, ce titre reste
d’une violence sans nom et les reprises de break enfoncent encore un peu plus le clou.
Départ rapide à la batterie pour "Canvas Of Flesh", qui reste dans les codes d’un death metal
vif et incisif, à base de grosse rythmique et de petites harmoniques vicieuses, alors que "Born
Of Pain" s’axe également sur une basse cinglante pour agrémenter les riffs déjà très inspirés
et entraînants des Américains. Si certains passages peuvent paraître assez simples, ils n’en
restent pas moins efficaces. Retour d’un lead crasseux pour "The Beast Awakened", et la
rythmique suit. Profitant de passages sans chant pour s’exprimer, la basse jongle sur les
harmoniques tout en suivant la batterie, et le groupe fait de ce morceau un véritable
bourreau de nuques. Vous en avez assez ? Dommage, car "Decimated" ne vous attendra pas
pour débuter, et c’est directement avec l’un des riffs les plus imposants de l’album que ce
morceau démarre à toute allure.
Si c’est la technicité que vous recherchez, alors "Bleed Us Free" et sa rythmique chiadée sont
faits pour vous, bien que le son soit toujours aussi tourné vers l’old school. La partie lead
dissonante est également très intéressante, bien que je ne sois pas adepte des solos. La
technicité frappe à nouveau pour "Knife At Hand", la vitesse d’exécution en plus. Si la
rythmique ralentit ne vous en faites pas, c’est simplement pour vous laisser quelques
secondes de répit avant d’enchaîner sur un blast furieux, tandis que "Trapped Inside" vous
annihile littéralement sous une double pédale survoltée. Egalement très rapide, le titre
profite du mix monstrueux de Dan Swanö (Nightingale, Unicorn, Whitherscape,
ex-Bloodbath, ex-Edge Of Sanityc…) pour donner un rôle bien précis à chaque
instrument, ce qui nous permet d’apprécier chaque note. On reprend avec "Release The
Soul", le dernier morceau de cet excellent opus, et un départ qui donne envie de
headbanguer. Si la vitesse n’est pas forcément de la partie tout de suite, ce son lancinant
est très efficace. Mais je rassure mes amis affictionados de rythmiques rapides : soyez
patients !
Rien ne semble arrêter Malevolant Creation. Véritable machine à riffs, "The 13th Beast" ne
fait pas exception à une discographie sans faux pas alors que l’avenir du groupe semblait
plutôt incertain. Sur scène ? Je ne peux malheureusement pas en témoigner, mais s’ils sont
à moitié aussi bons que sur album, la fosse doit être littéralement sans dessus dessous !
"Dead Man's Path"
Note : 15,5/20
Cinq années après "Inviduous Dominion", les vétérans américains de Malevolent Creation reviennent pour une douzième déclaration de guerre. On n'avait jamais dû attendre aussi longtemps pour une nouvelle livraison de la part des Floridiens. C'est un petit mystère en soi. Heureusement, rien n'a changé depuis le précèdent disque, mieux encore, le groupe revient plus enragé que jamais avec "Dead Man's Path", doté d'une superbe pochette et d'une production signée Dan Swanö.
Le groupe a déclaré avoir abordé la composition différemment cette fois-ci. Le groupe a jammé et créé de façon spontanée et fraîche, de manière plus collaborative, là où il avait l'habitude de puiser dans du matériel inutilisé. A l'écoute du résultat, cela ne saute pas aux oreilles, les compos ne diffèrent pas du tout de l'œuvre passée de MC.
Peut-être un poil plus inspiré et violent que son prédécesseur, "Dead Man's Path" présente un groupe plus soudé et compact que jamais ; la percussion rythmique, très souvent calée sur le blast beat, est irréprochable. Le retour du batteur Justin DiPinto, qui avait brillé sur l'excellentissime "The Will To Kill", donne un sérieux coup de trique au groupe. Brett Hoffman livre une performance remarquable et endiablée au chant malgré ses 48 balais. Il se tord les cordes vocales avec une violence jouissive.
Débutant sur un morceau doom au chant parlé (faisant écho au tout premier album "The Ten Commandments" sorti en 1991) qui installe une atmosphère obscure sans pour autant se révéler mémorable car un peu trop long, on entre dans le vif du sujet dès "Soul Razer" au nom qui ne trompe pas sur la came. Les morceaux, à quelques exceptions près, reposent sur le même schéma de composition, à savoir un début tonitruant, brutal et destructeur, suivi d'un break lourd et salvateur, puis une accélération finale. Le groupe joue à merveille sur les dynamiques ; les tempi sont astucieusement déformés pour créer des rebondissements, malgré l'homogénéité de l'ensemble.
Les morceaux les plus marquants sont "Soul Razer", véritable bulldozer, "Blood Of The Fallen", au refrain répété à l'envi, ou encore "Resistance Is Victory", indirect, tortueux, aux riffs vous frappant de toute part comme dans une bataille. Les autres morceaux ne déméritent point, offrant leur lot de soli déchirés et véhéments, de riffs maléfiques et de vocaux démoniaques.
Malevolent Creation affiche une santé de fer sur "Dead Man's Path" qui ne marche aucunement sur le sentier d'un homme mort. Non, ils ne sont pas près de rendre l'âme. Rien de neuf sous le soleil infernal de Floride, juste une autre bonne rasade de metal putride fait avec habileté et savoir-faire.
"Invidious Dominion"
Note : 14,5/20
Trois ans après l'album "Doomsday X", les Américains de Malevolent Creation reviennent avec "Invidious Dominion". Autant le dire tout de suite, l'originalité n'est pas la qualité première de ce nouvel opus, c'est plutôt du bon gros death comme on en a souvent entendu, avec qui plus est, une pochette qu'on a l'impression d'avoir déjà vue. Mais après dix albums, on peut le pardonner. Et puis l'énergie et la rage sont toujours là.
Après une intro brève, on passe aux choses sérieuses avec "United Hate" : rythme soutenu, chant guttural bien énervé, grosses guitares et double pédale, on entre tout de suite dans le vif du sujet. On apprécie ensuite les soli de guitare sur "Conflict Finalized" et "Slaughterhouse", le rythme frénétique de "Compulsive Facebreaker" ou encore la puissance de "Leadspitter". "Target Rich Environment" se démarque par les changements de rythme. Arrivé au onzième et dernier morceau, on remarque que tous les morceaux suivent à peu près le même schéma (rythme déchaîné et répétitif + solo de guitare bref mais efficace) et on ressent une légère impression de répétition... Mais le tout est bien maîtrisé, l'ensemble est cohérent et marqué par une fureur qui ne faiblit pas. Alors, même si cet album n'est pas à la hauteur de son prédécesseur, même s'il est moins bien inspiré et qu'il se répète un peu, il vaut le coup d'oreille des amateurs de death !
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