Le groupe
Biographie :

Maladie est un groupe de black metal progressif / avant-gardiste allemand formé en 2009 et actuellement composé de : Hauke Peters (saxophone), Mark Walther (guitare / ex-Spheron, ex-Immanuel Cunt), Björn Köppler (guitare, percussions, clavier, piano, violoncelle, orgue, basse, batterie, flûte / God Enslavement, ex-Tombthroat, ex-Angmar, ex-Baal, ex-Biervernichter, ex-Discouraged, ex-Riot Pigs, ex-The Passage), Déhà (clavier, piano, violoncelle, chant Acathexis, COAG, Cult Of Erinyes, Déhà, God Enslavement, Imber Luminis, Iniquitatem, Lykta, Merda Mundi, Saturnian Tempel, Silver Knife, Slow, Sorta Magora, The Penitent, Transcending Rites, We All Die (Laughing), Wolvennest, Wrath Of The Nebula, Yhdarl, Ignifer, ex-Deviant Messiah, ex-Sources Of I, ex-Ter Ziele, ex-Vaer, Aardling, Aurora Borealis, Detrvire, Lidden, Nadddir, The Nest, ex-Clouds, ex-DunkelNacht, ex-God Eat God, ex-Ithilien, ex-K.F.R, ex-Lebenssucht, ex-Deos, ex-Alenda, ex-Anal Cuntrona, ex-AutoDestructionNeeded, ex-Eat Their Crusts, ex-GigaPenzor, ex-Jah El Camino, ex-Khel, ex-NØD), Alexander Wenz (chant / ex-Raw, ex-Tombthroat, Angmar, Baal, Banal, Biervernichter, Hellknife, Necrophallus, Riot Pigs) et Kevin Olasz (guitare / Aardvarks, Deadborn, God Enslavement, ex-Jack Slater, Crone, ex-Act Of Worship, ex-Thornostrum). Maladie sort son premier album, "...Plague Within...", en Juillet 2012 chez Apostasy Records, suivi de "...Still..." en Mars 2015, de "...Of Harm And Salvation..." en Février 2018, de "...The Grand Aversion..." en Octobre 2020, de "The Sick Is Dead - Long Live The Sick" en Décembre 2021, et de "Wound Of Gods" en Décembre 2022.

Discographie :

2012 : "...Plague Within..."
2015 : "...Still..."
2016 : "...Symptoms..." (EP)
2018 : "...Of Harm And Salvation..."
2019 : "...Symptoms II..." (EP)
2020 : "...The Grand Aversion..."
2021 : "…Symptoms III…" (EP)
2021 : "The Sick Is Dead - Long Live The Sick"
2022 : "Wound Of Gods"


Les chroniques


"Wound Of Gods"
Note : 17/20

Les difficultés à monter des tournées en ce moment permettent aux groupes de retourner plus vite en studio et c'est donc au bout d'à peine un an que Maladie revient avec un nouvel album nommé "Wound Of Gods". "The Sick Is Dead - Long Live The Sick" présentait un côté plus accrocheur et moins frontal ou expérimental que les précédents albums tout en restant très varié et relativement déconcertant, on va donc écouter ce nouveau méfait avec curiosité pour voir à quelle sauce ce groupe fou va nous manger cette fois !

On commence en douceur avec "Eternity Denied" qui s'ouvre sur un mid-tempo et une montée en puissance pour arriver à un metal là encore très accrocheur et mélodique qui balance d'entrée de jeu des lignes de chant qui vous entrent dans le crâne à toute vitesse. On peut entendre une influence rock gothique dans certaines mélodies d'ailleurs, quelques discrets relents de The Sisters Of Mercy qui se font entendre au milieu de ce metal puissant et catchy. Une entrée en matière très efficace qui marque les esprits d'emblée et qui captera facilement l'attention de tous ceux qui découvriraient Maladie avec ce nouvel album. Ce qui capte aussi l'attention, c'est la sublime pochette réalisée une fois de plus par le talentueux Giannis Nakos, une pochette poétique et visuellement magnifique. Mais revenons à la musique avec "Dying Immortality" qui confirme la direction très accrocheuse avec un tempo énergique et là encore des mélodies directes. Une invitation au headbanging qui sera toujours étonnante quand on sait à quel point le groupe a pu se faire expérimental par le passé, et une preuve que son champ d'action est plus large qu'on le pensait à l'époque. On a quand même un saxophone qui se fait déjà entendre sur ces deux premiers morceaux comme un rappel que même quand il se fait accrocheur, Maladie ne veut pas faire comme les autres (on l'entendra encore par la suite). Les blasts qui se font entendre à la fin de "Dying Immortality" d'ailleurs sont d'autant plus surprenants tant le reste était accrocheur ! Le morceau éponyme ralentit un peu la cadence et en profite pour poser une ambiance plus sombre et mélancolique, avec toujours ce saxo qui nous pose cette fois une mélodie empreinte de nostalgie. Déhà y fait entendre sa palette vocale passant de cris black metal à des growls profonds et un chant clair parfois sinistre et grave, parfois plus emphatique et torturé.

C'est le début des surprises puisqu'à partir de ce morceau éponyme on ne sait plus par où va attaquer le groupe, "A Fool's Joy" suit d'ailleurs avec des influences rock / prog / folk dans les mélodies et son mid-tempo presque dansant surmonté d'un orgue type Hammond avant de partir en barrage de blasts ! Un déferlement de violence qui laisse entendre pendant quelques secondes des choeurs encore assez dansants, ce qui donne un air de folie furieuse à l'ensemble avant que le morceau ne revienne à sa première moitié et se termine par du gospel ! Comme sur le précédent album, Maladie a beau se faire plus mélodique et accrocheur, il ne perd pas sa folie pour autant et "Wound Of Gods" se fait tout aussi varié et surprenant que son prédécesseur. Voilà un groupe clairement à part qui décontenance régulièrement mais qui sait en même temps se faire suffisamment efficace et direct pour ne perdre personne en route. Même s'il est conseillé d'avoir l'esprit ouvert, il n'y a rien sur ce nouvel album qui peut perdre un néophyte pour peu qu'il garde un minimum de concentration pendant l'écoute. Depuis quelques temps, le groupe se fait donc aussi moins frontalement brutal même si quelques explosions de violence se font encore entendre de temps en temps, comme sur le très black metal "Of Hanged Mankind" par exemple. Un morceau qui débute avec des riffs rampants et lourds avec ce saxo possédé en renfort pour poser une ambiance apocalyptique pour ensuite connaître un regain de brutalité assez intense qui nous matraque sans pitié. Les mélodies lumineuses de "So Close" n'en sont que plus surprenantes et laissent elles aussi de temps en temps la place à quelques volées de blasts, ce qui confirme que ces grands malades ont le don de nous prendre à contre-pied ! "Invisible Retaliation" fait appel à des sonorités punk entre autres histoire d'en rajouter encore une couche pour ceux qui trouvaient que l'album n'était pas assez varié, avant que "Defiled Yet Bright" vienne le clore avec des mélodies et des riffs à cheval entre le pagan et le metal folk !

Tout ça pour dire que Maladie revient avec un album certes accrocheur, mélodique et efficace mais que la variété des sonorités utilisées est toujours impressionnante. La folie est toujours là elle aussi malgré le côté direct et les mélodies qui vous entrent dans le crâne et certaines transitions ne vont pas manquer de vous laisser sur le cul. "Wound Of Gods" est donc une fois de plus un album aussi bon que surprenant, profond et varié qui échappe joyeusement à toutes les étiquettes possibles et envoie chier tout aussi joyeusement toute considération commerciale. Si ce n'est pas un bon prétexte pour aller y jeter une oreille attentive, je ne sais pas ce qu'il vous faut !


Murderworks
Janvier 2023




"The Sick Is Dead - Long Live The Sick"
Note : 16/20

Maladie est un de ces groupes difficiles à catégoriser et qui naviguent entre le black metal, le progressif et le metal avant-gardiste. Le groupe se qualifie de "plague metal" histoire d'envoyer bouler les étiquettes et de faire un jeu de mot sur son nom, ce qui n'est pas idiot tant sa musique est à part. Après quatre albums et trois EPs, Maladie est donc de retour avec son cinquième album, "The Sick Is Dead - Long Live The Sick".

Si le précédent album "...The Grand Aversion..." laissait entendre quelque chose de bien plus expérimental et tordu que ses prédécésseurs, l'EP "...Symptoms III..." revenait à quelque chose de plus mélodique, dépouillé voire même acoustique et orchestral. "The Sick Is Dead - Long Live The Sick" a donc un boulevard devant lui pour créer la surprise et il semble qu'il soit le début d'une nouvelle ère ne serait-ce que conceptuellement puisque en plus du nom de cet album, le groupe n'a pas entouré le titre d'une de ses sorties de trois petits points pour la première fois. En tout cas, "My Soul, Old" ouvre l'album et nous fait entendre quelque chose de bien plus direct et de bien plus accrocheur que par le passé avec un mid-tempo aux riffs froids froids mais mélodiques. On sent un esprit presque rock'n'roll sur ce premier morceau surprenant après la démesure expérimentale de "...The Grand Aversion..." qui n'hésitait pas à verser dans le jazzy. La mélancolie est bien entendu toujours présente, les mélodies sont toujours aussi poignantes et plus ce premier morceau avance plus la beauté de ses mélodies s'impose. "Nekrolife" nous prend à contre-pied avec des blasts déchaînés et pourrait difficilement se montrer plus black metal que ça ! Les riffs sont malsains et froids comme le veut la tradition du genre et la brutalité décomplexée de ce morceau contraste violemment avec la beauté accrocheuse de son prédécesseur. Si Maladie a remis de la mélodie dans ses expérimentations, il n'a clairement pas pour autant perdu le sens de la surprise ! "The Sick Is Dead" et "Long Live The Sick" au milieu des sonorités black et des blasts laissent même entendre des relents de punk.

Si l'expérimentation ne se fait plus à coup de structures tordues, de sonorités jazzy, de saxophone déjanté et de dissonances comme sur "...The Grand Aversion", Maladie ne l'a pas laissé tomber pour autant. Elle s'exprime de manière plus mélodique cette fois certes mais la variété des sonorités utilisées ici suffisent à faire de "The Sick Is Dead - Long Live The Sick" un album profond et exigeant. Comme d'habitude et contrairement à beaucoup de ses collègues expérimentaux, Maladie n'oublie jamais la violence de ses racines black metal et ce nouvel album le laisse entendre plus d'une fois par des déluges de blasts bien brutaux. La plupart des morceaux ont d'ailleurs cette fois une durée plus compacte et tournent régulièrement autour des quatre minutes. Un format qui convient bien à l'optique un peu plus directe que le groupe a pris sur "The Sick Is Dead - Long Live The Sick" et un équilibre entre expérimentation, mélodie et brutalité suffisamment bien géré pour que l'écoute de l'album se fasse sans grands accrocs malgré sa profondeur et sa richesse. En plus de tout ça, sa brutalité lui confère une intensité qui va en mettre quelques uns à genoux et va d'autant plus surprendre ceux qui baisseraient leur garde devant l'étiquette avant-gardiste. En tout cas, Maladie prouve qu'il en a encore sous le pied en retournant à une approche plus mélodique sans revenir pour autant en arrière et en trouvant le moyen de se renouveler. D'ailleurs, histoire de prendre encore une dernière fois tout le monde par surprise, cette approche dissonante et expérimentale que laissait entendre le précédent album refait en partie son retour sur "Final Stage" qui termine l'album.

Maladie nous revient donc avec un nouvel album certes plus mélodique et accrocheur que son prédécesseur mais tout aussi dense, profond et riche. La variété des sonorités utilisées, la brutalité décomplexée et la profondeur de l'ensemble risquent d'en laisser quelques uns à la traîne mais il y a suffisamment de mélodies et de points d'accroche pour que "The Sick Is Dead - Long Live The Sick" n'en devienne pas hermétique.


Murderworks
Mars 2022


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/maladieband