Le groupe
Biographie :

Un ensemble complexe et orchestral mené de main de maître, voguant du black metal à l’ambiant, le tout teinté de jazz et explorant le territoire du rock folklorique ou encore du doom. Une description qui ne peut que s’approcher de la complexité dont se nourri la musique de Maïeutiste. Prenant ses racines dans le metal extrême, l'album "Maïeutiste" développé sur une période de cinq ans, s’affranchit des conventions inhérentes au concept même de genre et prend littéralement vie au fil de l’écoute. Une expérience à la fois inclassable et universelle située hors du temps. Maïeutiste utilise le black metal comme point de départ pour ensuite laisser la musique s’exprimer librement, hors du carcan conventionnel.

Discographie :

2007 : "Socratic Black Metal" (Démo)
2015 : "Maïeutiste"


La chronique


Nouvelle signature des Acteurs De L'Ombre, Maïeutiste débarque avec un premier album éponyme et faisant suite à une démo nommée "Socratic Black Metal". Et là normalement vous vous demandez ce que c'est que cette bête, c'est justement ce qu'on va voir tout de suite. Et pour information, le groupe compte dans ses rangs deux membres de Barús dont le premier EP avait été chronique ici même par votre serviteur.

Tout ça c'est bien gentil me direz-vous, mais le "socratic black metal", comment ça marche ? Eh bien, c'est très simple ! Enfin non pas tant que ça mais je me comprends. Pas si simple parce que la musique de Maïeutiste va piocher dans pas mal de styles différents, et si le background reste globalement typé black metal, ça n'empêche pas d'y retrouver par exemple de grosses louches de doom, des passages acoustiques, d'autres dissonants ou plus orchestraux, une technicité plus poussée, bref pas mal de choses qui vont donner un melting pot personnel et plutôt prenant. Bien entendu, vous aurez déjà compris avec cette petite présentation que ce premier album ne s'écoute pas d'une oreille distraite, ses 76 minutes vont en effet vous demander une attention constante et une ouverture d'esprit conséquente pour l'apprécier à sa juste valeur. L'album débute d'ailleurs par "Introductions" qui porte bien son nom et qui installe l'ambiance directement avant d'enchaîner sur "...In The Mirror..." qui montre pour le coup un visage bien black et plutôt traditionnel dans le genre. Des riffs dégueulasses et dissonants, des mélodies malsaines et un chant d'écorché vif montés sur une batterie qui tabasse sans pour autant virer dans le supersonique. "Reflect/disappear" démarre quant à lui sur un riff très black'n'roll pour là encore virer au black metal pur et dur par la suite. "Purgatoire" marque une pause quasiment incantatoire histoire de plomber encore un peu plus une ambiance qui n'en demandait pas tant. Je pourrais aussi parler du break très jazz qui se pointe en plein milieu d'"Absolution" avec la contrebasse de rigueur !

Finalement, pendant tout l'album le groupe va passer son temps à prendre l'auditeur à revers, débarquant là où il ne l'attendait pas. Maïeutiste ne se fixe aucune limite, pioche là où bon lui semble et ne part pourtant jamais en vrille où en démonstration stérile peuplée de structures sans queue ni tête. Le groupe sait où il va, et si on peut avoir un peu de mal à le suivre aux premières écoutes, on finit par comprendre où il veut nous emmener. Son black metal est certes atypique, biscornu, bizarre, mais toujours cohérent. En plus de ça, Maïeutiste ne renie jamais ses origines et son black metal sait renouer régulièrement avec la tradition, partant régulièrement dans des explosions de rage typiques du genre tout en balançant des riffs tous plus malsains et tranchants les uns que les autres. Les dissonances ont elles aussi beaucoup de place pour s'exprimer, mais je précise qu'elles ne sont pas utilisées de la même façon que chez les groupes de la scène orthodoxe. Chez Maïeutiste, j'ai presque l'impression d'entendre le premier album d'Ebonylake à ce niveau-là, lui qui présentait aussi des structures et des mélodies totalement folles blindées de dissonances complètement barrées. Tout ça pour dire que ce premier album est un cauchemar à chroniquer, il est tellement riche, varié et barré qu'il est bien difficile d'y apposer des mots. Je me contenterai donc d'ajouter que sa qualité est indéniable et j'insiste encore sur le fait que si vous bloquez à la première écoute, il ne faut pas hésiter à y revenir. Ses 76 minutes peuvent éventuellement décourager ceux qui ne s'y retrouvent pas immédiatement mais ça vaut le coup de persévérer.

Premier album très prometteur là aussi pour un groupe qui a visiblement pas mal de choses à dire. Ne vous laissez pas décourager par sa durée et son côté difficile d'accès, après plusieurs écoutes il dévoile quelques uns de ses secrets et vous verrez que ça valait la peine d'insister un peu. Si vous en avez marre du black traditionnel, je vous conseille vivement d'écouter cet animal, il ne devrait pas vous décevoir.


Murderworks
Novembre 2015


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.maieutiste.ovh.org