Plus je chronique d’albums, plus je me rends compte que la Grèce abrite de sublimes
perles, tel Lucifer’s Child. Formé en 2013 par Georges Emmanuel (guitare, Rotting
Christ, ex-Chaostar, ex-Valet Parn) et Stathis Ridis (basse, Nightfall, ex-Valet Parn), ils
sont rejoints la même année par Marios Dupont (chant, Karma Violens) et Nick Vell
(batterie, Chaostar, Descending). Ensemble, ils commencent à composer ce qui sera le
premier album du groupe, et le sortent finalement en 2015. Mêlant une base black metal à
des influences progressives, l’album est reçu de manière plutôt positive. Ne voulant pas
rester sur cette réussite, le groupe se remet au travail et nous offre aujourd’hui "The Order",
son deuxième album, sur lequel Alelxandros Antoniou (Macabre Omen, Necromaniac,
The One, ex-Lucifyre, ex-Scythian) a prêté sa voix. Si la religion catholique vous est chère,
je pense que vous n’apprécierez guère les paroles…
L’album démarre sur la diabolique "Viva Morte" et ses riffs aussi rapides que torturés. Le blast
beat est évidemment de mise, mais les harmoniques malsaines également. Le chant est
évidemment saturé, mais des échos nous parviennent dans tous les sens, nourrissant une
impression de folie blasphématoire qui s’étend partout à la fois. Deuxième titre, "The Order"
est nettement plus martial, surtout avec cette introduction qui amène des riffs impies mais
calmes. La batterie viendra ajouter la vitesse, mais le reste des instruments reste plutôt
ancré dans cet aspect ritualistique oppressant. les choeurs viendront évidemment renforcer
l’oppression ressentie, alors que "Fall Of The Rebel Angels" est nettement plus… enjouée.
Jouant plus sur le côté prog du son du groupe, les Grecs rendent leur black metal presque
psychédélique et chaotique. Cette sensation se calme sur la deuxième moitié du titre, mais
"Through Fire We Burn" revient à la charge avec un morceau inquiétant et mystérieux bien
qu’assez lent. C’est encore une fois sur l’aspect ritualistique que les Grecs jouent, et il ne fait
aucun doute que la communion avec leurs auditeurs sera totale.
On reprend avec les riffs aériens mais puissants d’"El Drago-Un", qui flirte par moments avec
un black-death imposant, mais surtout très recherché. Le chant est plus incisif que sur les
autres titres, et les instruments partent également dans des harmoniques plus épiques, alors
que "Black Heart" mêle un black metal malsain avec une rythmique lente. En effet, la
première moitié du titre est vraiment très lente, mais surtout martiale et mélodique à la fois.
Les hurlements du chanteur sont à glacer le sang… Le groupe enchaîne alors avec "Haraya",
qui revient sur des riffs sanglants, mais la batterie est toujours aussi directive, peu importe la
rapidité. Les samples aident également à installer cette ambiance semi-religieuse, et je
constate alors après le solo final que "Siste Farvel" est le dernier morceau. A nouveau très
lent, ce morceau presque entièrement instrumental est à la fois malsain et imposant, froid et
malaisant, épique et impénétrable. La rythmique se lance, les nuques se brisent, et c’est la
fin.
Bien que parfois très différent d’un titre à l’autre, "The Order" est un album très riche et
réfléchi. La puissance de Lucifer’s Child est parfaitement exploitée, et on ne s’ennuie pas
un seul instant. Loin d’être les pionniers du style, leurs influences sont clairement
identifiables pour les connaisseurs, mais le groupe sait aussi se forger sa propre identité à
grand coups de riffs.
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