Le groupe
Biographie :

Lost Ubikyst In Apeiron est un one-man band dont la musique est entièrement composée, jouée, enregistrée et produite par Schrissse. L’histoire de ce projet démarre en Juin 2006 après le split de The Gateway, groupe de metal progressif atmosphérique monté par Schrissse et quatre autres musiciens du Haut Doubs. Il en est sorti avec un peu d’amertume, mais surtout une envie de ne pas en rester là. Entre 1997 et 1999, Schrissse s’était déjà attelé de manière solitaire à la composition ainsi qu’à l’enregistrement de deux démos avec un simple quatre pistes. Sur ce projet, The Afterglow, il pratiquait tous les instruments y compris la batterie. S’équipant progressivement d’instruments et de matériel d’enregistrement, il commence en 2007 la composition de l’album qui s’appellera en 2014 : "Abstruse Imbeciles Nailed On Slavery". Lentement construit à la manière d’un tableau pointilliste : la composition, l’enregistrement, les arrangements, le mix et le mastering étaient construits en même temps durant les sept années nécessaires à sa réalisation dans son home studio, l’Apeiras Recording Pits. A ce processus long et fastidieux s’accompagne l’écriture des textes traitant en grande partie de l’absurdité et de la déchéance de notre civilisation moderne. S’ajoute à cela des milliers d’écoutes afin de déceler le maximum de faiblesses au niveau de l’interprétation, du son et des instruments programmés comme la batterie (pour "l’humaniser" au maximum), tout cela dans le but de proposer un disque autant abouti que possible avec les moyens disponibles. Baignant dans des influences telles que Strapping Young Lad / Devin Townsend, Scarve, Coroner, The Haunted, Fear Factory, Atheist, Septicflesh, Steve Vai, Nile, Darkane, Opeth, Meshuggah et S.U.P (liste non exhaustive), Schrissse parvint au bout de son effort en Juin 2013, soit plus de six ans après avoir démarré ce projet. Enfin, il ne restait plus qu’à l’autofinancer et à bâtir un artwork digne de ce nom, ce qui nécessita pratiquement une année supplémentaire. L’album est finalement sorti le 22 Aout 2014.

Discographie :

2014 : "Abstruse Imbeciles Nailed On Slavery"


La chronique


Mis à part le titre imprononçable et le nom du groupe encore plus imprononçable, tout va bien, et je mets au défi quiconque de dire les deux à la suite sans fourcher de la langue dans un geyser de postillons. L’influences de Strapping Young Lad, si elle est présente, ne masque aucunement l’identité et la richesse des compos de "Abstruse Imbeciles Nailed On Slavery". Le metal futuriste et prog est de mise dans ce déluge créatif qui nous happe dès la première compo. Ce qui est bien avec des groupes comme Lost Ubikyst In Aapieron (merci le copier-coller) réside dans le fait qu’on ne sait absolument pas de quoi sera composé le titre suivant tellement les plans musicaux sont variés. Ce one-man band français n’a rien à envier à ses aînés car je retrouve l’imagination débordante d’un Townsend en verve.

Le chant des orques de "Deaf To Reason", le petit interlude dans ce mélange de violence et de finesse schizoïde, a toute sa place dans ce qui se révèle être une douce folie musicale qui, à mon grand étonnement, n’est sortie que d’un unique cerveau. Il est quasiment impossible de décrire ce que j’écoute, car tout est possible : des passages ultra violents comme sur "The Way", aux passages plus "spatiaux" qui peuvent intervenir à n’importe quel moment. A noter aussi la magnifique pochette qui, je ne sais pas pourquoi, me fait penser à du Pink Floyd... A vrai dire, la créativité de l’unique tête pensante de L.U.I.A me laisse pantois car je ne sais pas combien de temps il a dû falloir pour enfanter de "Abstruse Imbeciles Nailed On Slavery" mais j’imagine que de créer un skeud aussi dense doit être fait dans la souffrance et limite une légère schizophrénie. Des dizaines de plans musicaux ont dû être créés et ensuite bonjour le casse-tête d’assemblage et de désassemblage. Quoi qu’il en soit, des titres fulminants comme "Blind Cyclops", plus directs en quelque sorte, ne me dépaysent pas par rapport à des morceaux plus "twisting metal" comme "Final Roar" où là, la folie créatrice n’a pas de limite. Par contre, le côté prog d’un morceau "calme" comme "Swallow The Earth" tombe à pic car il pose un peu l’album dans un camp loin de cette apocalypse musicale. L’autre facette de L.U.I.A nous prouve que le compositeur fait dans le haut vol en ce qui concerne les solos de guitare. Le morceau est très émouvant à partir de sa cinquième minutes jusqu‘à la fin de la dixième. Il faut bien sûr parler de la durée de l’album qui avoisine les soixante-dix minutes, je rassure tout le monde illico, on ne les voit pas passer. Le mot "lassitude" ainsi que l’expression "perte d’attention" n’existent pas à l’écoute de l’album. "Abstruse Imbeciles Nailed On Slavery" est passionnant et surprenant à la fois. Passionnant car hormis les plans musicaux et leur originalité, j’ai un peu l’impression de pénétrer dans le cerveau du compositeur et d’y effectuer un voyage complexe aux multiples détours, tout en suivant une logique de cheminement. Je n’arrive pas à tel ou tel endroit par hasard… La nudité artistique peut-être… celle où l’on donne toute son âme dans un élan créatif, c’est peut-être ça. Les huit minutes de "Dead And Gone" et les 6:49 de "The Void" montrent la passion, le sens infime du détail de composition qu’il faut pour capturer sous forme de notes une telle œuvre qui doit tourner sans cesse dans l’esprit de son créateur.

70 minutes exceptionnelles qui pourraient paraître complètement barrées pour une poignée de misérables qui doivent tourner en carré, par contre tous les autres se doivent de pénétrer, et par la même occasion, répondre à l’invitation faite par Lost Ubikyst In Apeiron de découvrir un univers qui oscille entre apocalypse mélodique et génie créatif. Incroyable ! Passionnant ! Jouissif !


Davidnonoise
Novembre 2014


Conclusion
Note : 18/20

L'interview : Schrissse

Le site officiel : www.lostubikystinapeiron.com