"I Feel The Everblack Festering Within Me"
Note : 19/20
Impossible d’épuiser Lorna Shore. Suite à leur dernier album couronné de succès et malgré de très nombreuses tournées, Adam De Micco (guitare), Austin Archey (batterie, Hollow Prophet), Andrew O’Connor (guitare), Mike Yager (basse) et Will Ramos (chant, ex-A Wake In Providence) dévoilent leur nouvel album, "I Feel The Everblack Festering Within Me", via Century Media.
"Prison Of Flesh" commence par nous plonger dans l’angoisse avec son sample introductif, révélant peu à peu des frappes violentes avant de définitivement nous ensevelir sous ses riffs massifs, surmontés des rugissements de Will. Les parties orchestrales sont toujours aussi efficaces pour sublimer la rythmique, laissant toutefois les mosh parts aux rênes du vocaliste qui se déchaîne avant qu’"Oblivion" ne nous accorde un temps de répit avant de nous clouer au sol à nouveau avec une rythmique effrénée. On notera toutefois que le titre propose plus de moments aériens et mélancoliques, créant un contraste avec les passages bruts et saccadés mais aussi une extrême cohérence lorsqu’ils se retrouvent comme sur le final avant "In Darkness" et son introduction angélique. L’instrumentale s’intensifie, mais ce n’est que lorsque les hurlements reviennent que les musiciens ne viennent l’accompagner, créant ainsi une mélancolie dévastatrice à peine contenue par quelques passages plus calmes comme le break avant le final saisissant qui mène à "Unbreakable". Là encore, un court instant de répit nous est accordé, mais il est très rapidement brisé par la puissance brute de ces riffs aux harmoniques sanglantes menés par le chanteur en très grande forme, notamment sur ce break infernal et le dernier refrain.
On enchaîne avec "Glenwood" qui nous propose une intro imposante ancrée dans les tonalités lancinantes avant d’attaquer à nouveau avec des patterns old school assez mélodieux, comme le prouve le long solo, puis "Lionheart" se positionne en véritable hymne de motivation sauce double pédale quasi continue et influences néo-classiques complétées par une orchestration grandiose. Le ton change avec "Death Can Take Me" qui prend la suite sur une atmosphère plus pesante, qui se confirme par la suite avec une agressivité plus présente autant dans la rythmique que les samples, et si vous pensiez avec la première coupure avoir tout entendu, attendez les reprises. On se sent presque délivrés lorsque "War Machine" vient déverser ses riffs virulents et oppressants aux influences parfois un peu djent, mais le morceau nous piétine sans mal avant de passer la main à "A Nameless Hymn" qui prend le temps de s’installer avant de lâcher sa déferlante. Si la base du morceau est déjà surpuissante, les orchestrations le font clairement passer au niveau supérieur, nous conditionnant avant de nous écraser par le dernier break assassin auquel succède "Forevermore", qui une fois sa douce puis majestueuse introduction passée, nous montre à quel point l’alliance entre ses différents éléments peut faire d’un passage violent mais assez simple un véritable raz-de-marée, mais aussi qu’il est important de bien rythmer la composition pour donner à chaque instant sa viscéralité.
Si Lorna Shore en avait impressionné (ou initié) plus d’un, nul doute qu’"I Feel The Everblack Festering Within Me" est l’album de la consécration. Chaque composition est aussi sublime que dévastatrice, et il m’est d’avis que les lives resteront dans les annales.
"Pain Remains"
Note : 19/20
Lorna Shore revient déverser sa rage. Depuis son dernier EP sorti en 2021, le groupe
américain créé en 2010 déchaîne les fans. En 2022, Adam De Micco (guitare), Will Ramos
(chant), Andrew O’Connor (guitare), Austin Archey (batterie) et Michael Yager (basse)
annoncent la sortie de "Pain Remains", leur quatrième album, chez Century Media Records.
L’album débute avec "Welcome Back, O' Sleeping Dreamer" et son introduction mélancolique
qui nous mène à un mélange majestueux d’orchestrations et de choeurs, avant de laisser la
violence brute et les hurlements frapper. La rythmique saccadée agressive nous écrase
sous sa lourdeur qui sert parfaitement les parties vocales sauvages tout en apportant une
dimension épique, y compris lors de ce solo effréné ou du final massif, puis "Into The Earth"
renoue rapidement avec les tonalités brutes et vives. Une fois de plus, les orchestrations
offrent un contraste intéressant avec la puissance ravageuse des mosh parts, puis
"Sun//Eater" nous autorise enfin à respirer avec une douce introduction. Les éléments les plus
agressifs ne tarderont pas à revenir à la charge, laissant breaks dévastateurs répondre aux
riffs rapides tout comme sur "Cursed To Die" et ses mélodies entêtantes. Le groupe mêle
habilement la violence avec les leads, développant de nouvelles influences au sein de sa
musique, mais la base deathcore massive est toujours présente jusqu’au final, qui nous
mène à "Soulless Existence", un titre plus doux et planant malgré la rage et la lourdeur. Si la
batterie reste tout aussi énergique, on remarque que les claviers aériens lui donnent une
toute autre identité.
Les leads proposent également des influences douces mais intenses,
puis "Apotheosis" dévoile un aspect imposant, sombre et oppressant avant de laisser la rage
s’exprimer. A nouveau, le contraste entre lourdeur et orchestration que le groupe développe
est surpuissant, tout comme sur "Wrath" et ses sonorités agressives qui correspondent
parfaitement au nom du titre. Leads endiablés, rythmique ravageuse et chant dévastateur se
relaient pour nous offrir notre dose de violence avant ce final abyssal.
La dernière partie de l’album, composée de trois titres, se doit d’être écoutée d’une seule
traite, et on commence avec "Pain Remains I: Dancing Like Flames". Le morceau a déjà fait
parler de lui comme étant “la balade deathcore apaisante que tout le monde doit écouter”, et
il est vrai que les sonorités mélancoliques et aériennes se mêlent à la perfection avec la
rage et l’intensité du chant, qui continue sur "Pain Remains II: After All I’ve Done, I’ll
Disappear", révélant des sonorités plus sombres et inquiétantes. La rythmique devient
également de plus en plus lourde et oppressante, laissant les leads apporter cette touche
planante, puis le final épique nous autorise à respirer avant que "Pain Remains III: In A Sea
Of Fire" ne vienne mettre la touche final à ce tryptique avec des riffs intenses. Le titre est
long, et il permet au groupe de déployer toutes ses influences aussi larges soient elles pour
clore l’album de la meilleure des manières possibles.
Lorna Shore n’a pas simplement sorti un nouvel album, le groupe a créé le point culminant
de sa carrière. La recette a beau être simple et identique sur chaque morceau, "Pain Remains" reste un condensé de riffs diversifiés et d’ambiances apocalyptiques.
"Immortal"
Note : 18/20
S’il y a bien un groupe dont l’histoire est complexe, c’est Lorna Shore. Créé en 2010 par Adam De Micco (guitare depuis 2010, actuellement guitariste / bassiste) et Tom Barber (chant), le groupe subit un changement de line-up assez récurrent. Austin Archey (batterie) rejoint le groupe en 2012, mais le plus gros coup dur des Américains est le départ de leur chanteur pour rejoindre Chelsea Grin. Ils recrutent alors CJ McCreery (chant) pour le remplacer, puis Andrew O’Connor (guitare / basse). Cependant… une affaire d’abus sexuel vient entâcher la réputation de CJ, qui est immédiatement congédié. Il aura cependant enregistré "Immortal" avec Adam et Austin, et est actuellement remplacé en live par Will Ramos (Monuments Of Misanthropy).
L’album débute avec la longue et oppressante "Immortal". Une composition qui utilise généreusement choeurs et claviers comme riffs rapides et lourds ainsi que des hurlements surpuissants pour étaler toutes les influences de la formation. Et ça fonctionne ! Le deathcore du groupe est d’une efficacité bluffante, et ces touches symphoniques / black lui donnent un intérêt supplémentaire. Même constat sur "Death Portrait", un morceau très direct et ravageur. Si l’accent est mis sur une rythmique imposante, les Américains n’oublient pas d’y incorporer quelques parties lead angoissantes et sombres, tout comme sur "This Is Hell". Maîtrisant à la perfection ce flot de noirceur qu’ils nous font ingurgiter de force sur fond de violence, les musiciens confirment leurs influences à grands coups de breaks majestueux. Et alors que l’on croît que c’est fini, le groupe enchaîne inlassablement, avec "Hollow Sentence". Bien que le titre semble plus doux, la bestialité refait rapidement surface, entraînant avec elle une rythmique lourde et des harmoniques perçantes.
"Warpath Of Disease" prend la suite, et c’est à coup de samples que le groupe installe sa base rythmique puissante, tout en l’agrémentant de hurlements caverneux où de screams bestiaux, ainsi que de breaks lourds très accrocheurs. On reste dans ce principe avec "Misery System", qui lance les moshparts les plus efficaces de l’album tout en restant très oppressante, alors qu’"Obsession" part dans les sonorités éhthérées. Etant amateur de post-metal, je ne peux m’empêcher de remarquer ces influences, qui font un contraste saisissant, mais qui collent également à la perfection avec la brutalité maîtrisée de la formation.
Toujours ces harmoniques dissonantes pour "King Ov Deception", mais la double pédale n’est jamais loin, et le growl massif non plus. Et on repart évidemment dans ces breaks monumentaux qui écraseraient sans problème une fosse remplie à ras-bord lors de festivals, que le groupe manie parfaitement, avant de repartir dans leurs riffs emplis de sons perçants. "Darkest Spawn" semble différent au premier abord, rien que de par son introduction mélancolique, et ce n’est pas qu’une impression. Même si la violence refait surface, le morceau est sombre, triste, et saisissant. Dernier titre de cet album, "Relentless Torment" reprend les éléments dont le groupe joue pour nous offrir une dernière dose de violence sombre agrémentée de parties qui incitent clairement au headbang pur et dur.
Le noyau de Lorna Shore est intact, et c’est grâce à eux qu’"Immortal" a vu le jour. Déterminés à revenir plus forts, les Américains mélangent en permanence toutes leurs influences pour créer des compositions de plus en plus chiadées et riches. J’ai personnellement hâte de les voir enfin sur scène.
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