Le groupe
Biographie :

Lords Of Bukkake est un groupe de sludge / doom metal espagnol formé en 2003 et actuellement composé de : Toni López Querol (basse, chant / Sons Of Bronson), Sergio Linares (batterie / ex-Terminal Disease, ex-Ebola, ex-Kissin' Cousins, ex-Life Below Stars, ex-Manifesto, ex-No End In Sight, ex-The Bite, ex-Uziel) et Gustavo (guitare / Cuerno, ex-Camposanto, ex-Extricnina, ex-Full Void). Le groupe sort son premier album, "Lords Of Bukkake", en 2008, avant de signer chez Totalrust Music et de sortir "Desorden Y Rencor" en 2010 et "Desagravio" en 2013.

Discographie :

2008 : "Lords Of Bukkake"
2010 : "Desorden Y Rencor"
2013 : "Desagravio"


La chronique


Petit tour en Espagne pour cette fois avec le troisième album des Lords Of Bukkake, et ne faites pas comme si vous ne saviez pas ce qu'était le bukkake bande de petits coquins. Et ce "Desagravio" est plutôt déconcertant pour quelqu'un comme moi dont c'est le premier contact avec le groupe, étant décrit comme un mélange doom / sludge je m'attendais à quelque chose de moins barré.

On comprend de suite de quoi il en retourne dès le premier morceau, "Boca Acida", qui attaque directement de façon bien bruitiste. Et quand les instruments commencent plus ou moins à rentrer dans le rang c'est le chant qui débarque, criard et truffé d'effets qui donnent littéralement l'impression que les paroles sont vomies (charmant n'est-ce pas ?). En parlant d'effets, on entend quelques délires sur les guitares qui pourraient presque rappeler ce qu'Esoteric s'était amusé à faire sur son premier album, avec ces sons totalement psychés sortant d'on ne sait quelle dimension. Mais Lords Of Bukkake donne plus dans la crasse sludgy, là où les débuts d'Esoteric étaient totalement possédés, déments et flippants. En tout cas le bestiau est imposant, 4 morceaux pour 48 minutes si ça peut vous aider à situer le truc. Le moins qu'on puisse c'est que les bougres cherchent à nous malmener tout du long, entre les passages psychés bien perchés, le son rugueux et les délires bruitistes, on n'est jamais épargné. On pense par moments à une sorte de croisement improbable entre Godflesh, Electric Wizard et comme je le disais précédemment les effets psychés des vieux Esoteric.

On y croise du groove englué dans une épaisse nappe de pétrole, de quoi vous prendre à revers quand vous croyez avoir saisi le propos. C'est une des particularités de ce "Desagravio", on ne sait jamais où il va nous emmener tellement ça part en vrille tout le temps ! Les structures sont chaotiques, limites jazzy par moments, les effets sont partout, sur les guitares, la voix, les riffs passent du groove à la folie furieuse et bruitiste bref c'est le bordel. Mais un bordel qui passe bizarrement plutôt bien, c'est paradoxal mais ça montre finalement que tout ça n'a pas été fait au hasard et que le groupe maîtrise un minimum son chaos sonore. Ce ne sont pas les premiers à faire ce genre de mixture dégueulasse, mais au moins on ne pourra pas leur reprocher d'avoir pris une vieille recette et de la remettre au goût du jour. Lords Of Bukkake expérimente dans son coin, au risque de laisser l'auditeur en plan par moments. Parce que pour ceux qui ne sont pas habitués à écouter ce genre de bête, ça peut poser problème pendant les premières écoutes, certains vont se gratter la tête en se demandant où est le sens de tout ça. Ne cherchez pas trop loin, ce genre d'album nécessite une petite plongée en apnée. Vautrez-vous joyeusement dans cette espèce de mélasse de pétrole mélangée à une substance pas franchement identifiée (et vu le nom du groupe je pense que vous ne voulez pas vraiment savoir ce que c'est) épicée au LSD, quelques parpaings vous tomberont dessus de temps en temps mais ne vous inquiétez pas c'est tout à fait normal.

Bref, une sympathique surprise pour moi qui ne connaissais pas les Lords Of Bukkake plus que ça, avec un album à la fois barré, psyché et un minimum contrôlé. On plonge pendant 48 minutes dans un mélange de crasse, de folie et de dépravation psychédélique. Certains trouveront que ça part trop en vrille et que ça n'a ni queue ni tête, mais c'est comme ça quand on tente des trucs, ça passe ou ça casse.


Murderworks
Octobre 2013


Conclusion
Note : 15/20

Le site officiel : www.myspace.com/lordsofbukkake