"Unholy Trinity"
Note : 19/20
Lord Belial reprend son trône. Suite à sa dernière résurrection en 2022, le groupe mené par Thomas Backelin (guitare/chant, Mastema, ex-Death Tyrant), Niclas Pepa Green (guitare, Vassago, ex-Sacramentum) et Micke Backelin (batterie, Vassago) a repris le chemin du studio pour créer "Unholy Trinity", son dixième album.
Andy LaRocque (King Diamond) participe aux guitares et gère l’enregistrement, mixage et mastering, tandis que Mike Hrubovcak (Azure Emote, Imperial Crystalline Entombment, House By The Cemetary, ex-Monstrosity…) s’est occupé de l’artwork.
"Ipse Venit" nous confronte immédiatement aux ténèbres cinglantes du groupe d’où s’échappent harmoniques sanglantes et hurlements furieux sur une base rapide mais également très mélodieuse. Le groupe ne fait pas dans la dentelle et nous déverse toute sa noirceur brute avant de devenir légèrement plus lancinant sur "Glory To Darkness", le titre suivant, qui nous offre des harmoniques plus aériennes pour compléter la rage initiale. On notera également de courts passages plus angoissants et des vagues de leads transcendantes, mais le morceau cèdera sa place à "Serpent's Feast" qui nous inonde de sa douceur avant de laisser la rythmique s’embraser et accueillir les cris menaçants, créant un contraste fascinant. L’accélération centrale est virulente, menant à un final plus majestueux avant que "Blasphemy" ne prenne le relai en se montrant sans attendre plus sauvage et afficher fièrement ses relents old school tranchants pendant que la rythmique imposante fait son oeuvre.
"In Chaos Transcend" nous offre un court instant de répit, mais les riffs finiront par revenir à la charge en offrant fureur et tonalités planantes qui accompagnent les rugissements, mais aussi un passage plus solennel où solos et voix claire teinteront le reste du morceau, suivi par "The Whore" qui revient à des sons plus directs, couverts par une dissonance infernale. On continue avec "Scornful Vengeance" qui reste dans l’agressivité quasi permanente, même lorsque la guitare lead tisse de superbes tonalités pour adoucir l’ensemble, mais l’atmosphère s’adoucit à nouveau avec "The Great Void" dont les notes cristallines volent librement au-dessus d’une rythmique lourde. Les percussions massives donnent un aspect théâtral à ce morceau, mais il finira par disparaître pour qu’"Antichrist" ne frappe avec un son pesant et entêtant, convoquant une dernière fois les forces obscures pendant plus de huit minutes au cours desquelles les riffs ne cesseront pas leur assaut, même s’ils seront amenés à ralentir.
Unholy Trinity permet à Lord Belial de réaffirmer sa puissance de feu blasphématoire, offrant des riffs furieux et sombres à souhaits. L’album est un digne concurrent pour les tops de l’année, et nous ferait presque espérer un retour à la scène.
"Rapture"
Note : 19/20
Lord Belial renaît de ses cendres. Créé en Suède en 1992, le groupe sort huit albums avant
sa première séparation en 2009. Quelques tentatives de renaissance seront faites, mais
c’est en 2020 que Thomas Backelin (guitare / chant, ex-Death Tyrant), Niclas Pepa Green
(guitare, Vassago, ex-Sacramentum) et Micke Backelin (batterie, Vassago), trois des
quatre fondateurs, se réunissent et travaillent sur "Rapture", le neuvième album du groupe,
qui sort en 2022 chez Hammerheart Records.
On retrouve Andy LaRocque (King Diamond) à l’enregistrement, le mix et le mastering,
ainsi que Mike Hrubovcak (Cenotaph, Coffins, Cephalotripsy, Monstrosity, Pathology,
Sinister…) pour l’artwork.
L’album débute en trombe avec "Legion", un titre abrasif qui laisse le groupe retourner à ses
racines aussi brutes et violentes que ses mélodies enflammées surmontées de hurlements
dévastateurs. Les riffs sont agressifs au possible, proposant des tonalités morbides tout
comme sur "On A Throne Of Souls" et ses influences déchirantes qui donnent aux leads des
sonorités flamboyantes. Le groupe nous prouve que son retour se fait dans les règles de
l’art avec des parties très accrocheuses, laissant la rage s’exprimer avant que "Rapture Of
Belial" ne nous offre une introduction étouffante. Les sonorités inquiétantes de ce morceau
nous plongent dans une noirceur imposante, complétée par des leads épiques et une
atmosphère majestueuse, puis "Destruction" nous envoûte avec son aura sombre et ses
tonalités très pesantes. Les leads savent également se montrer dissonants avant que la
mélancolique "Belie All Gods" ne nous présente un son imposant et étouffant. Les choeurs,
complétés par une dissonance étouffante, dévoilent des racines malsaines qui sont
complétées par des éléments plus agressifs, mais la quiétude aérienne du titre nous
envoûte lentement, laissant la rage renaître sur la martiale "Evil Incarnate".
Le titre reste très
solide tout en proposant des influences death metal dans ses parties les plus brutes, mais
les racines oppressantes refont rapidement surface, tout comme sur "Lux Luciferi" et ses
harmoniques dissonantes. Le titre nous propose des mélodies planantes et une base très
brute, et la mélancolie sera également à l'oeuvre, tout comme sur l’introduction d’"Infinite
Darkness And Death", un titre assez long qui laisse au groupe le temps de placer des
éléments agressifs. Le contraste est intéressant, proposant également des voix calmes en
arrière-plan et des parties lentes, des riffs épiques qui finiront par s’éteindre en laissant
"Alpha And Omega" nous offrir ses riffs lancinants. Le titre laisse évidemment la rage viscérale
se mêler à cet univers apaisant et sombre, puis "Lamentations" vient clore l’album avec une
douceur imposante, qui se transformera peu à peu en un son majestueux et pesant,
accompagné de choeurs mystiques.
Leur absence s’est fait sentir au sein de la scène black metal, mais le retour de Lord Belial
est une excellente chose. Les mélodies et orchestrations de "Rapture" font de cet album un
indispensable de l’année 2022 et de la discographie du groupe, qui s’enrichit de titres
démentiels.
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