Lokurah met fin à dix ans de silence. Créé en 2003 en France, le groupe à présent composé de Pierre-Jean Toty (guitare / chant, ex-ghUSa), Alexandre Gelliot (chant) et Florian Ménard (basse) annonce sa signature chez Crimson Productions ainsi que la sortie de "Distorted Truth", son troisième album, avec Aurélien Ouzoulias (ex-Disconnected, ex-Satan Jokers, ex-Zuul Fx) à la batterie.

Le constat est rapide avec "Void Factory", le premier morceau, le groupe a de l’énergie à revendre et il veut nous le faire savoir ! Les riffs saccadés et les hurlements se mêlent à un chant clair plus calme, puis "Intolerant" prend la suite avec un blast puissant couvert de sonorités accrocheuses et groovy. La rage brute rencontre quelques leads plus travaillés ainsi qu’un break mystérieux, alors qu’"In Vain" développe des sonorités dissonantes pour créer un contraste avec les influences groove / nu metal. On retrouve des influences légèrement plus mélodieuses avec "Think Twice - Murder One" qui sera également l’un des titres les plus abrasifs par moments, alors que "Broken Ties" se concentre sur des riffs saccadés parfois couverts par une dissonance pesante et un chant clair entêtant.

On passe à "Copyrighted 666", une composition assez mystérieuse au début qui se révélera finalement agressive avec une recette similaire aux autres, suivie par "Faith Versus Reason" et ses riffs lourds plus lents qui permettent une autre approche de la violence. L’album se poursuit avec un ton assez pessimiste sur "In These Grey Times", un morceau qui n’oublie pas ses racines brutes empruntées au hardcore, puis "The Berserker’s Master" viendra proposer des sonorités imposantes et parfois même plus complexes tout en laissant la batterie proposer des accélérations vives. La fin de l’album se dessine avec "Witchfinder", un titre assez accessible qui s’appuie sur des riffs saccadés et des choeurs inquiétants, suivis par "With The Eyes Of Reality" qui allie la violence avec des parties vocales plus mélodieuses, et enfin "Defiled", qui refermera l’album avec le break le plus lourd, où le vocaliste repoussera ses limites.

Le maître-mot de Lokurah est l’efficacité. Qu’elle soit ancrée dans leurs racines groove / hardcore ou plus travaillées comme de la dissonance ou des sonorités inquiétantes, il fait de "Distorted Truth" un album accrocheur à mettre entre toutes les mains.

"When The End Comes"
Note : 17/20

Pour une fois, le terme "apocalyptique", ne sera pas utilisé avec abus avec cet artwork du dernier album de Lokurah. L’homme à cheval au milieu d’un paysage anéanti et suintant la mort, parait comme retourner sur un passé inachevé. Musicalement parlant, l’image reste la même dès "The Perfect Path To Crime". Faire une musique chaotique et extrêmement carrée peut paraître contradictoire mais c’est pourtant ce que fait le groupe, pendant que je me transforme en part de flan qu’on secouerait dans tous les sens.

Le côté hardcore se fait discret et apparaît plutôt par petites touches (riffs, chœurs) comme sur "Beyond The Pain" ou "Rewriters Of Truth". Le morceau "Time To Do Better" est un titre phare de cet album notamment grâce à sa diversité (même vocale !). Vocalement parlant, le chant est maîtrisé à merveille et répond tout à fait aux attentes du style, rien à redire là-dessus, d’autant plus qu’il n’est pas victime de la linéarité trop souvent fatigante dans ces styles. A côté de ça le groupe s’est davantage tourné vers un death-thrash ("Wandering Soul") à tendance speed aussi parfois ("Last Resort"). Lokurah nous accorde tout de même un peu de répit avec l’interlude "From 10 Pm To 1 Am", on panse les plaies pour se les faire rouvrir méchamment avec "Against The Stream" qui reprend avec fougue le rythme effréné des six premiers titres pour ne rien lâcher, avec au passage, quelques bons riffs. Sur "The Time To Do Better" on trouve même une reprise du groupe de death metal suédois Edge Of Sanity : "Bleed". Une reprise de qualité mais probablement un peu trop impersonnelle. On déguste, on déguste et ça n’en finit pas avec "An Ordinary Psychopath" et sa fin un peu originale et "Irradiated" et sa guitare solo qui pète les plombs.

L’album se clôt sur "Drive Me Blind", dans la continuité du reste, une petite touche hardcore en plus, et surtout, une fin apaisante, anéantissant parfaitement ce tourbillon de violence. Lokurah frappe fort avec cet opus qui risque bien d’avoir une portée internationale avec l’appui de la distribution M&O Music. Après avoir savouré les gifles infligées par ce skeud il ne me reste plus qu’à aller les voir en concerts pour confirmer leur excellente réputation scénique, et vous feriez bien d’en faire autant !

Kévin Août 2012

"When The End Comes"
Note : 13/20

Cool, du bourrin ! C'est sans fioritures ni délicatesses que Lokurah a choisi pour ce nouveau premier album de foncer dans le tas. En effet, dès la piste 1 ("My Own Death"), on se reçoit un gros son bien lourd dans la tronche. Ca veut donc dire, pas d'intro, pas d'entracte, bref, un album sous pression, 12 pistes d'un metal hardcore aux riffs saccadés bien maitrisés et au chant grave mêlé à une batterie rapide (peut-être un peu trop discrète). Mais une fois l'écoute de l'album achevée, je suis pas vraiment emballée et j'ai une impression de déjà-vu : le chant étouffé finit par lasser et puis le groupe a toujours tendance à mélanger les styles et à présenter la même recette brouillon. Le tout malheureusement sans aucune originalité, je pense qu'un travail au niveau de la composition des morceaux est encore à faire afin de donner une identité plus nette aux morceaux et de captiver un peu plus l'auditeur. Même si le groupe a su se faire remarquer sur scène avec une seule démo (sortie en 2005) aux côtés de groupes réputés, j'en attendais un peu plus. C'est dommage. Même la pochette de l'album, photoshopée à mort me marque pas. A noter d'autre part un changement de line-up : le groupe a été rejoint en Janvier 2007 par Jiu, ex-bassiste de No Return. Allez trêve de bavardages, ça plaira aux fans de metalcore, et puis en tournée ça va dégommer, même si sur album le côté brouillon se fait forcement plus ressentir.

Lenore Février 2008

"Lokurah"
Note : 12/20

Joli packaging, trois titres et une promesse de metalcore brutal, il y a de quoi faire saliver plus d’un chroniqueur. Fort de quelques dates, avec, qui plus est, des groupes reconnus (mais pas par moi), et un enregistrement dans un studio dont la réputation va grandissante, Lokurah met toutes les chances de son côté. Et lorsque l’on rajoute une couche avec des influences telles que Slayer, Hatebreed, Machine Head, moi, ça me fait craquer ! Premier riff, premier gros mosh-part… mais l’impression présente pendant les différentes écoutes restera la même : Lokurah a peut-être trop malaxé ses influences avec un côté sautillant et maladroit propre au néo-metal, et qui m’insupporte. Ca sent le Sherkan énervé, avec tout de même de sacrées parties HxC, qui rattrappent le tout, et constituent probablement la base d’une tuerie en live. Sur disque, hélas, l’ensemble reste trop primaire, et la voix trop linéaire, pour pouvoir parler de grosse découverte. Mais je persiste à penser que Lokurah est et restera un groupe de scène, avec des compos assez rentre-dedans, qui pourraient concilier amateurs de old-school et de néo.

Niaf Juin 2005