Le groupe
Biographie :

Tout commence en 2009 : Locomuerte n’a qu’un but, faire de la musique qui vient des tripes, simple et pleine d’énergie, "con mucho corazon y muchos huevos". Locomuerte c’est du hardcore métal oldschool version "chicanos", avec les influences 80/90 de groupes comme Suicidal Tendencies ou Agnostic Front. Le chant en espagnol accentue le côté dynamique et groove des titres pour donner à Locomuerte un son très personnel et fédérateur. Dans la plus pure tradition du "Do it yourself", Locomuerte autoproduit son premier album "Maquina De Guerra" en 2011. Il reçoit un excellent accueil, 1500 copies sont vendues. Le groupe se fait rapidement un nom sur la scène underground. L’accueil du public et des médias est immédiatement très positif. Rapidement le combo est contacté pour partager la scène avec des groupes de référence comme Suicidal Tendencies, Infectious Grooves, Madball, Skarhead, Dog Eat Dog, Loudblast, Lofofora ou Black Bomb Ä. En 2012, le groupe gagne la final de la Myrock Battle au Bataclan et part pour le Hellfest où il fera forte impression. Le second album "Traición Bendición" sort en 2013. A l’été 2014, le chanteur El Termito intègre le groupe pour mettre le feu aux poudres. Le troisième album, "La Brigada De Los Muertos", sort en Février 2018.

Discographie :

2011 : "Máquina De Guerra"
2013 : "Traición Bendición"
2018 : "La Brigada De Los Muertos"


Les chroniques


"La Brigada De Los Muertos"
Note : 16/20

Dans l’Hexagone, peu de groupes de metal décident d’opter pour un chant en français. Bon nombre d’entre eux, et de très loin, choisissent l’anglais pour s’exprimer, que ce soit par choix artistique (c’est une langue qui en effet colle bien à ce style de musique), par habitude (on connaît la part importante des groupes anglophones sur la scène metal), par souci de toucher potentiellement un maximum de gens (plus facile de le faire grâce à l’anglais que par le français), ou alors, il faut bien l’admettre parfois, parce qu’au moins en anglais on n’a pas à se casser la tête à écrire des paroles qui ont du sens. Si, avouez-le, on l’a tous pensé. Une fois mise de côté cette immense majorité de groupes, que reste-t-il ? Certains irréductibles amoureux, à raison, de notre chère et belle langue, qui prennent encore la peine d’écrire des textes en français, avec une réussite plus (Lofofora, Mass Hysteria, L’Esprit Du Clan, Le Noyau Dur, entre autres) ou moins (non, n’insistez pas, je ne balancerai pas !) évidente. Quoi d’autre ? Quelques rares groupes instrumentaux, oui.

Mais il y a aussi des groupes, très peu nombreux, qui optent pour quelque chose de plus… original. Une petite touche de folie, quoi ! Et parmi eux, on trouve les excellents Locomuerte, qui comme leur nom l’indique, ne chantent pas en hongrois, mais bien en… espagnol ! Alors, ce n’est certes pas la première fois qu’un groupe non ibérique choisit de s’exprimer dans la langue de Cervantes, regardez par exemple les très bons CardiaC, originaires de Suisse… Mais il faut bien avouer qu’ils ne sont pas légion ! Et que cette originalité est particulièrement agréable et rafraichissante ! Mais Locomuerte ne doit pas son attractivité, son succès, à cette simple originalité, évidemment. Non, le quatuor originaire de région parisienne (définitivement pas l’Espagne, donc…) est bien plus que cela, et il nous le démontre une fois de plus avec sa dernière production, "La Brigada De Los Muertos", sorti en ce mois de Février 2018.

Alors, disons-le tout de suite pour être franc, Locomuerte ne révolutionne rien musicalement, et ce nouvel album ne fait pas exception. Mais honnêtement, est-ce qu’on attend vraiment de chaque groupe et de chaque album qu’il révolutionne le genre ? Non. Pas du tout. Ici, on est dans une recette connue, celle d’un hardcore old-school influencé par le punk et les nineties, une recette efficace et qu’on aime toujours retrouver avec le même plaisir. Alors pourquoi leur demander de changer, de révolutionner le tout ? Non, continuez comme ça, les gars, c’est ce qu’on aime ! C’est ce qu’on veut ! Avec Locomuerte, on retrouve enfin l’énergie des débuts de Dog Eat Dog, le groove (et les bandanas) de Suicidal Tendencies, la hargne de Madball, la pêche d’Agnostic Front, le tout accentué par le grain de folie d’un chant en espagnol. Et quel est le résultat de tout cela ? Eh bien un peu comme si… imaginez, tiens, un crossover entre Merauder et Tito And Tarantula ! Plutôt tentant, n’est-ce pas ?

Et voilà, c’est donc ce cocktail molotov musical que nous lancent aujourd’hui en pleines oreilles Locomuerte et leur "Brigada De Los Muertos". Certes, l’album n’est pas très long, mais de "Punto Final" (oui, le morceau d’intro) à "Cuidado Al Perro Que Muerde", Locomuerte ne nous laisse pas un seul moment pour souffler. Alternant savamment riffs effrénés et breaks lourds ravageurs invitant à un headbanging déchaîné, le groupe se plaît à nous asséner sa musique débridée sans le moindre répit, et ce pour notre plus grand plaisir. D’ailleurs, je ne veux pas donner l’impression de m’auto-congratuler, mais "débridée" est un qualificatif idéal pour la musique de nos quatre Parisiens. Ceux-ci ne s’arrêtent pas un instant de donner tout ce qu’ils ont en eux, et semblent ne se laisser enfermer dans aucune cage, ne se fixer aucune limite. Cette débauche d’énergie et de sincérité musicale est d’ailleurs très plaisante, à une époque où beaucoup ont tendance à se prendre trop au sérieux et à oublier que la musique est avant tout une histoire de… musique, et non pas de code ni d’attitude. C’est ce grain de folie, encore accentué par ce fameux chant en espagnol, qui fait que Locomuerte explose chacun des cadres auxquels on pourrait vouloir les restreindre. Une sorte de "rien à foutre" mais positif, pas hautain, de "fuck off", de doigt d’honneur dressé à tous ceux qui voudraient trop se (et leur) prendre la tête. Il n’y a qu’à écouter "Siempre Loco", au titre explicite, ou encore "Insectos", appuyé par son clip sorti fin 2017, pour se rendre compte de cet aspect de leur musique. Un vrai bonheur !

Attention tout de même, Locomuerte n’est pas un groupe festif non plus ! Guitares électriques et chant espagnol, ça ne se limite pas à Ska-P, hein ! Et d’ailleurs, de nombreux titres sur cet album nous le prouvent très facilement : "Sangre Por Sangre", "Pendejo", "El Diablo", et surtout le titre éponyme, "La Brigada De Los Muertos", sans conteste ma piste préférée de l’album, la plus aboutie et la plus représentative du groupe. C’est hargneux, direct, violent. Ca envoie des riffs à toute vitesse. Le chant est déchaîné, la batterie frappe fort. Par moments, un solo vient en rajouter une couche. Les backings nous ramènent aux plus grandes heures du hardcore "east coast" des années 90. Personnellement, j’y ai véritablement retrouvé tout ce que j’aimais tant parmi ces groupes hardcore, punk, crossover, que j’écoutais à cette époque-là. Et puisque justement on en est à aborder la capacité de Locomuerte à parfaitement aligner ces morceaux plus "sérieux", il me semble nécessaire de parler de "El Huevo", reprise version espagnole de ce que ceux qui ont quelques connaissances dans cette langue auront pu identifier comme étant le célèbre "L’Œuf" de Lofofora. Connu pour ses textes engagés et énervés, il paraissait presque naturel, évident, que cet autre quatuor parisien soit choisi pour être réarrangé à la sauce Locomuerte. Bon, moi qui ai fait LV1 allemand (mais qui ne sait toujours pas en aligner une phrase), il m’a fallu attendre le gimmick "Una raza para varios colores" pour pouvoir reconnaître cet hymne lofoforien, tellement la composition de la reprise diffère de l’original. Rassurez-vous, on retrouve évidemment ces sonorités très punk qui caractérisaient tant les débuts de la bande à Phil et Reuno, mais auxquelles Locomuerte sait ajouter avec efficacité et maestria sa touche personnelle. Un régal !

Bref, vous l’aurez compris, cette cuvée 2018 de Locomuerte ne fait pas dans la dentelle, et “"La Brigada De Los Muertos" est un album qui sent bon la sueur une fois qu’on est rentré dedans. Déchaînée, débridée, effrénée, tels sont les qualificatifs les mieux à même de décrire la musique des quatre Parisiens de Locomuerte, une musique sans concession, sans restriction, sans cadre, une musique sincère et énergique qui apporte une véritable bouffée d’air frais à la sauce hardcore / punk des années 1990 à l’auditeur nostalgique que je suis. Sans le moindre doute, Locomuerte poussera au pogo même les plus frileux, et ravivera au coeur des plus basés cette faible étincelle qui se transformera en bon gros feu de joie sous les riffs fous du quatuor parisien.


Nico
Mars 2018




"Traición Bendición"
Note : 17/20

Mordu de hardcore oldschool et séduit par le chant et l’atmosphère chicanos j’avais vraiment accroché à  "Maquina De Guerra", le premier opus de Locomuerte. Pas fous, les cocos ont attendu de voir si les mayas avaient raison et on donc décidé de sortir leur second opus fin 2013 pour être bien sûr que plus rien de cataclysmique ne pouvait arriver. Finalement on retrouve face à un artwork purement old school et bien marqué de ses influences.

Trêve de bavardages, parlons plutôt de ce qui nous intéresse. On rentre vite dans le vif du sujet avec "Manera Violenta". Enregistré et mixé par Benjamin Feuillade (Catherine Ringer) et masterisé par Allan Douches qu’il est inutile de présenter, le son est puissant sans exagération. Locomuerte ne fait pas dans la surenchère et possède même un léger côté crade qui confère à la musique une énergie supplémentaire. 36 minutes et 12 titres qui cartonnent oscillant entre rythmiques punks, chœurs à l’ancienne, gros palmutes et évidemment agrémentés de chant espagnol. Le tout se veut fédérateur et un peu plus tapageur que le premier opus ("Ronque", "Pa Mi Gente", "Traición Bendición", "HxC Deprende") sans pour autant oublier quelques mélodies vocales bien senties ("Ranfla", "Aguantate", "A Fuego", "Celoso") et des solos comme ceux qu’on avait bien kiffés sur leur premier effort ("Ranfla", "En La Calle Vivo"). Une poignée de titres ressort tout de même du lot avec un agrégat d’éléments hardcore olds chool vraiment accrocheurs. Nous avons par exemple "En La Calle Muero" et "Fuerte Y Fuerte" qui s’enchaînent ainsi que "En La Calle Vivo" qui ferme l’album tout en groove.

Lomuerte a la volonté de faire une musique simple et efficace. C’est réussi et ils font bien plus que ça en offrant un hardcore chaleureux et dont on n'a pas fait le tour au bout du deuxième titre. Locomuerte ça pique, c’est chaud, c’est un peu comme tremper un tampax de ta nana dans ton shot de tequila et te le mettre dans le… ben quoi, il paraît que c’est la mode dans certains pays ! Allez, repose cette boîte de super absorbants et va écouter le skeud, c’est plus sûr.


Kévin
Février 2014




"Máquina De Guerra"
Note : 17/20

Voici un album qui apporte de la fraîcheur à un style renfermé sur lui-même, où les albums s'enchainent et se ressemblent. Locomuerte vient jeter un pavé dans la mare avec "Máquina De Guerra" pour se faire plaisir et réjouir nos oreilles passionnées. La galette commence avec "Bandolero" qui est à mon avis le titre le plus réussi et original des 10 pistes. Les guitares fusent, l'espagnol sonne merveilleusement bien et le refrain a des allures d'hymnes. D'ailleurs pas besoin d'être hispanophone pour prendre du plaisir à s'égosiller en chœur avec les musiciens lors du refrain.

L'album se poursuit avec "Corazon En La Calle", et on peut dire qu'ils y mettent du cœur à jouer ces parisiens. Les riffs quittent les sentiers battus du hardcore "classique" pour simplement se laisser guider par le plaisir de faire de la musique. Le son est honnête et plein grâce à un enregistrement puissant mais pas exagéré, chose qui devient presque rare dans ce milieu. Si vous avez envie de sauter partout sans raison laisser vous porter par le titre suivant "Guerilla Nota". Les parties grattes tournent et semblent rebondir. Un titre à vivre épaule contre épaule lors d'un concert ! Et c'est reparti sur une batterie bien punk avec "LM Vitamina" où le chanteur n'hésite pas à gueuler des mélodies bien trouvées et où les guitaristes remettent le solo au goût du jour. 2 minutes 44 survitaminées parfaites pour tout ceux qui ont du mal à se lever le matin. La basse ronde et précise entame "Tiro Pa' Matar" pour un titre qui essouffle l'auditeur autant que le chanteur. Noxy débite ses paroles vitesse grand V pour déboucher sur un duo chœur / batterie presque trop court tellement c'est bon ! "Barrio" c'est le titre qui envoie du gros son bien grave! La double pédale fait des siennes derrière des grattes énervées permettant au chanteur de se lâcher avec de grands et longs cris survoltés. Un bon palmute annonce "Loco", peut être la piste la moins aboutie malgré un chouette refrain à placer sous le signe du "crions tous ensemble !". Le huitième titre est un hommage à une des valeurs chère au monde du hardcore, la famille. Sous une étoile résolument old-school le groupe joue "Mi Familia", c'est propre, c'est bien fait, c'est du Locomuerte ! On ne sent rend quasiment pas compte que c'est déjà le titre "Rumble" qui prend la relève en restant un peu dans le même esprit que le titre précédent. L'album s'achève avec "Assessinando" où les "R" roulent avec grâce sur les distorsions pour boucler la boucle avec classe !

Un son vrai pour un groupe vrai. Aucun morceau à jeter sur ce premier album qui est une véritable réussite. Même la pochette impose le respect, elle est sobre certes, mais tellement belle... Locomuerte tamponne le hardcore Français de sa patte originale et défie les plus grands. Laissez le CD sur la platine puisque de toute manière cet album est à écouter en boucle, et pour les chanceux qui en auraient l'occasion, bougez à un concert transpirer avec ses acteurs montant de la scène hardcore nationale.


Kévin
Juin 2010


Conclusion
L'interview : Nico

Le site officiel : www.facebook.com/locomuerteofficial