"Vestiges Abrutissants"
Note : 14/20
2024 marque les dix ans de Liquid Flesh. Pendant ce temps, et malgré deux années de
pause, le groupe mené par Gastric Luke (guitare, Demenseed), et complété à ce jour par
Putrid Bruce (basse / chant, Influence Néfaste, Epitaphe) et Acid Bapt (batterie) a créé
trois albums, mais le style du groupe a évolué. "Vestiges Abrutissants", leur nouvel EP, vient
mettre un coup de jeune à quelques anciens morceaux.
On commence avec "Tenafly Viper", une composition du premier album, qui devient largement
plus massive, couplant son groove accrocheur à des parties brutes et un blast énergique. Le
chant est également largement plus agressif que sur la version originale, conservant la
touche malsaine et le sample humoristique, puis c’est avec "Police Python 666" - issu de la
compilation WAFFY 3 sortie lors du Covid - de nous apporter sa rage. Des éclats de voix
suraigus s’invitent dans le mélange gras et old school qui nous roule dessus, mais il est
temps pour les riffs saccadés de "Torture De Sévir", adoptant plus ou moins la même approche
que le morceau précédent avec une puissance de frappe similaire. Des harmoniques
cinglantes viennent parfois ajouter un voile plus dissonant à la rythmique qui prendra fin
pour laisser "Soupe Humaine" injecter ses influences death / doom et ralentir le tempo par
moments, tout en explosant à nouveau lors des parties virulentes. Pour clore cet EP et faire
honneur à leurs racines, les trois musiciens ont décidé de créer "L'Oeil Du Maître", une reprise
et adaptation en français du morceau "Eyemaster" d’Entombed, formation suédoise
légendaire, qui figurait sur leur album "Wolverine Blues" sorti en 1993, et qui bénéficie elle
aussi d’une version plus moderne, tout en conservant sa touche unique - et c’est une
réussite.
Le cap est dix ans est passé pour Liquid Flesh, et le groupe compte bien continuer à nous
proposer son death metal bête et méchant sans renier ses anciens titres. "Vestiges Abrutissants" offre un vent de fraîcheur putride sur ses premiers amours que l’on apprécie
beaucoup plus.
"Dolores"
Note : 14/20
Pas de temps à perdre pour Liquid Flesh ! Créé en 2014, mais arrêté en 2016 puis ramené
à la vie en 2018 par Gastric Luke (guitare, Demenseed), le groupe peut également
compter sur Putrid Bruce (basse / chant, Epitaphe, Influence Néfaste) et plus récemment
Niels Quiais (batterie, Nightmare, Titans Fall Harder) pour nous faire rencontrer "Dolores",
son troisième album, qui sort chez Time to Kill Records.
Avec "Urbex Macabre", le premier morceau, le groupe dévoile un son old school lent et
inquiétant qui se transformera en une accélération plus agressive, complétée par des
hurlements gras et massifs. Les tonalités sombres nous entourent en permanence avant de
nous entraîner sur "La Danse Des Ombres", le titre suivant, qui alimente un groove accrocheur
et entêtant sur lequel les parties vocales s’écrasent, suivies par un court final avant "Tapage
Nocturne" et ses leads travaillés. Le son reste relativement pesant et oppressant, en
particulier lorsque les voix fantomatiques apparaissent entre deux accélérations plus vives
aux racines thrash. Le groupe continue avec "Dose Létale Médiane", où les harmoniques
aériennes renforcent le sentiment d’inquiétude permanent tout en proposant un son
entraînant, mais le morceau est assez court, et il cessera pour laisser "Tribunal Fantomatique"
nous dévoiler son introduction angoissante.
A nouveau, les influences death’n’roll
remuantes s’intègrent à l’atmosphère lourde en créant un contraste très vivant, tout comme
sur la longue "Océan De Failles" qui laisse cette voix étrange nous mener à la rythmique
saccadée. Le titre jouera avec des racines old school plus brutes et agressives pour
alimenter la folie de ses leads, avant de revenir à des sonorités presques dansantes plus
accessibles avec "Cauchemar Blanc". Bien que très différente des autres, cette composition
s’intègre relativement bien au répertoire du groupe, tout comme "Bicéphale" qui propose une
introduction angoissante avant de laisser la saturation revenir nous écraser entre deux
parties plus aériennes. Le final lancinant nous conduit à "Sans Relâche" et à ses riffs rapides
aux influences thrash tranchantes sur lesquelles le groupe ajoute aisément sa touche
enjouée avant de nous laisser avec "Brouillard Hypnotique", la dernière composition, qui mêle
dissonance et groove sombre pour créer un son accrocheur avant que les éléments death
metal ne reviennent à la charge pour lui donner une touche plus agressive pour finalement
s’éteindre lentement.
Les riffs accrocheurs de Liquid Flesh sont faits d’influences brutes mais entêtantes, leur
autorisant une liberté de composition assez large. "Dolores" et son fantôme vont vous hanter
du début à la fin, rendant l’expérience étrange.
"Chair Liquide"
Note : 17/20
Vous en avez marre des sons trop lisses ? "Chair Liquide" est là pour vous. Formé en 2014
par Gastric Luke (guitare / basse / chant, Demenseed, ex-Dreams Reflection), Glaviar
(batterie, Demenseed, ex-Dreams Reflection) et Gerbator (chant, Aghone, Nocturnal
Depression, ex-Grim Landscape), le groupe sort un album puis se sépare en 2016. Il faut
attendre 2018 pour leur grand retour avec un nouveau vocaliste, Putrid Bruce (basse / chant,
Epitaphe, Influence Néfaste), et c’est "Chair Liquide" que le trio nous verse dessus en 2020.
Vous connaissez le death metal, n’est ce pas ? Bien. Vous voyez ce que c’est que le
groove ? Le grind, le death’n’roll ? Les films d’horreur des années 80 ? Parfait, alors vous
mélangez le tout, vous secouez très fort et vous ouvrez. Entre "Vide-Ordures", un titre à
l’intro… particulière mais à la rythmique aussi grasse et remuante qu’un pot de rillettes au
centre d’un mosh pit. Et sans mauvais jeu de mots (d’accord, je mens), le son est aussi
putride qu’une journée portes ouverte à la morgue, et on le constate également sur "Chair
Liquide", l’entraînant titre éponyme. Du gras, des harmoniques sanglantes et surtout ce côté
old school à la fois dans les riffs et dans le growl caverneux, tout ce que l’on aime. Une
basse groovy débute "Necroville", un titre hurlé en français avec cette touche death’n’roll,
tout comme "Toxic Blues", qui pioche également dans des influences hard rock.
"Angoisse"
repioche dans des influences plus axées death old school et une violence omniprésente,
dispensée par des sonorités dissonantes, grasses et parfois lentes. Le final du titre rappelle
une ambiance horrifique, suivi par "Twin Freaks", un très court titre entre blues, psyché et
jazz, avant de retomber sur un death metal morbide pour "Pluie Acide". Entre old school,
lourdeur et riffs saccadés, le titre nous marche dessus sans l’ombre d’un doute. Les growls
caverneux se mêlent à un chant plus compréhensible mais non moins inquiétant avant
"Morbide Divination", le dernier morceau. Très entraînant, le morceau est également d’une
efficacité monstrueuse, entre lourdeur, influences intrigantes et groovy, une bonne dose de
blast et un final mystérieux.
Pour être honnête, je ne savais pas que Liquid Flesh s’était reformé. Et quel plaisir
d’écouter "Chair Liquide", un brulôt de death metal entre old school, horreur et hrindcore. Le
groupe n’a pas perdu de sa maîtrise avec le temps, et j’ai hâte de voir ça sur scène !
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