C’est chaud, frais, bleu, blanc aveuglant, sans âge et pourtant… Elle est sublime cette photographie de Stéphane C, tout comme celle de Adrien Kanter (à l’intérieur) qui rappelle la division bleu / rouge… chaud / froid. Le Réveil Des Tropiques ? Mais bordel il se cache quoi dans ces deux galettes ?
J’entame la découverte du CD rouge, les oreilles alertes, prêtes à avaler ce qui va se passer. Très, très, mais alors très prog’, le groupe nous baigne dans une ambiance intimiste. On s’imagine dans la pénombre, avec justes les vibrations de l’instrument (rejoint par ses congénères plus loin), et on veut se laisser happer. Bruitiste, noise, rock, prog’, électronique, jazzy, psychotique… Tendre, énervé, équilibré, désaxé, le groupe a ici improvisé un savant mélange donnant naissance à un univers addictif créé par des instruments multiples (guitare, synthétiseurs, batterie, saxophone et basse). Nos joyeux lurons poussent le vice jusqu’à nous fourrer des morceaux de plus de dix-sept minutes et on ne s’en plaint pas ("Yonaguni"). Le type d’expérimentations qui ne s’écoute pas vraiment, qui se vit plutôt. J’imagine très bien un concert du quintette, assis par terre dans une pièce chaleureuse, sombre, des amplis un peu partout, des jeux de lumières à vous faire devenir fou, tous armés de ses bouts de carton imbibés d’acide. Je pense qu’on vivrait quelque chose de fort, de mental, d’unique et que le retour à la réalité serait d’autant plus difficile que nous aurions voyagé loin (il suffit de constater le nom des villes qui font office de titres).
Rien ne sert de blablater des heures sur ce qui ne s’explique pas. Le Réveil Des Tropiques est une pièce expérimentale profonde et introspective. Si vous êtes ouverts et avides de nouvelles sensations, gardez-vous une petite heure et demie et tentez de plonger dans cet amas de sons psychédéliques et illuminés.
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