Si "Empty" était l’album de la révélation au public, présageons aisément que "Dualité" sera celui de la consécration, car tous les éléments nécessaires à une parfaite alchimie musicale sont réunis : précision, technicité abordable, émotion et originalité. Dans l’univers de la création artistique, et surtout dans le milieu du metal, rares sont les groupes qui avancent ainsi à pas de géant. Leiden réussit le pari d’une musique sombre et planante mais jamais niaise, loin de tout poncif du genre. D’un point de vue instrumental, l’amélioration des cordes se fait vite ressentir, avec des mélodies aériennes quoi que puissantes, lorgnant pour l’exemple vers la musique de The Old Dead Tree. La section n’est cependant pas en reste : effacée mais complice, modeste et intelligente, le duo basse batterie travaillant agréablement à la cohésion. Tempo lent et lourd, harmonies mêlées à un côté metal plus que déstabilisant, le tout baigné de samplers et de nappes sonores (percussions, piano …) qui agrémentent ce disque avec maestria. L’ ensemble se suffirait déjà à lui-même. Et pourtant, le chant, aujourd’hui plus axé sur Bérengère, donc plus pur encore, plus clair, finit de plonger l’auditeur dans une torpeur originelle. On ne se lasse pas de cette voix envoûtante, soutenue suffisamment tout de même par un chant guttural intéressant. C’est ainsi que l’on relève, au sein du metal puissant de Leiden, de véritables perles tel le morceau "Chimera", qui évoque, avec son duo voix piano, le dernier opus du groupe bordelais Nihil, tant la musique devient transe. Les textes voguent entre les langages, sans barrière, et les mots ne s’en sortent que plus torturés encore. Pour clôturer cet effort quasi-parfait, le son retranscrit à merveille les nuances de la musicalité toujours grandissante du groupe. Au final, l’on ne peut que saluer ce disque qui anéantit véritablement les lieux communs et le carcan du metal à chant féminin, genre qui tendrait à s’essouffler sans l’ apparition notoire de tels groupes.

"Empty"
Note : 15/20

Leiden nous livre un album de metal atmosphérique très sombre, très pesant et très envoûtant. La voix de leur chanteuse, Bérangère, est la cerise sur le gâteau. Entre chant lyrique, chant plus rock et voix parlée, son registre vocal est plutôt large, tout comme l'est l'éventail des langages utilisés : Français, anglais et allemand. Ce chant sublime est accompagné par la voix de Wilfried qui, lui, sévit plutôt dans un registre death et apporte ainsi un contraste saisissant. La musique est dans l'ensemble assez lente, voire lancinante. L'apport de sons electro, de notes de piano et de synthé accentue le côté sombre des compos, Leiden nous plonge littéralement dans une musique obscure où la seule éclaircie perceptible est la voix de Bérangère. Aucune comparaison n'est possible avec des groupes comme Lacuna Coil ou Theatre Of Tragedy (premières années). Le combo toulousain se démarque notamment de tous ces groupes mais également des groupes du collectif dont il fait partie, le colelctif Antistatic, plus habitué aux productions néo-metal. Personnellement, s'il fallait absolument coller une étiquette, je dirais que Leiden se situe quelque part entre The Gathering et Trail Of Tears. La production est très satisfaisante, le son est à l'image de la musique, à la fois lourd et clair. Les deux vidéo clips live sur la plage CD-ROM vous permettront de vous faire une petite idée de ce que donne Leiden en concert : mystique, puissant, efficace !

Petebull Mars 2004