Parfois, laisser les amateurs décrire leurs groupes ou artistes préférés peut occasionner des dérapages, surtout avec les sous-genres du metal. Cependant, il peut arriver que lesdits amateurs agissent comme des sages et dans le cas de Leah, ses amateurs ne pouvaient avoir meilleure description pour elle : l’Enya du metal. Si la célèbre chanteuse irlandaise avait fait carrière dans le metal, certainement que le travail de Leah en serait l’adéquate représentation.

L’introduction de clavier d’"Archangel", la pièce d’ouverture de l’album, viendra confirmer cette description. Cela rappelle en effet le travail de la célèbre chanteuse irlandaise. Le tout se transpose rapidement en un metal / hard rock alliant des mélodies propulsées par la voix aérienne de Leah ainsi que des arrangements plus heavy, typiques du metal mélodique / gothique. Les influences folkloriques qui pourraient également justifier son titre d’Enya du metal font leur subtile apparition sur la pièce "No More Fear". Ce n’est rien d’exubérant par contre, et ça demeure simpliste dans l’approche, l’essentiel de la pièce s’en tenant surtout au metal mélodique. "Unshakable" mettra beaucoup plus de l’avant les instrumentations folk et celtiques, du même coup montrant une facette également moyen-orientale. La ballade "Speak To Me", quant à elle, rappellera plutôt l’univers de Loreena McKennit, mettant bien de l’avant la voix de Leah, avec encore une fois des arrangements metal moderne bien assumés.

Leah s’est entourée de musiciens chevronnés tels que Timo Somers à la guitare (Arjen Lucassen’s Supersonic Revolution, Vengeance), Sander Zoer à la batterie (Delain) ainsi que Mark Jansen (Epica, MaYaN, After Forever) entre autres, avec l’aide également d'Oliver Philipps (Everon, Phantasma) à la production. D’ailleurs, vous ne serez pas surpris si je vous dis que la pièce la plus proche du metal symphonique est bien entendue celle sur laquelle Mark Jansen y va de ses habituels growls.

Ce que j’apprécie particulièrement dans cet album est que Leah ne tente pas coûte que coûte de produire une musique "crossover" forcée entre le metal et le folk, mais plutôt d’en faire une expérience entière, parfait amalgame entre les deux univers.

Après un premier album et plusieurs EP / singles à son actif, Leah nous sort un deuxième opus "Kings & Queens" largement soutenu par les fans, puisqu'il a été financé par eux via une campagne dite de crowdfunding. C'est un format particulier puisqu'il s'agit ici de 15 morceaux, ce qui est devenu assez rare pour un album d'arriver avec autant de morceaux (en dehors des bonus). La difficulté résidant dans la dynamique de l'album, puis qu’ici on arrive tout de même à 80 minutes de musique !

La voix douce et mélodieuse de Leah nous emporte dans son univers de rois et de reines, un brin celtique, un brin rock, un peu de metal et beaucoup de délicatesse. Elle est accompagné de quelques musiciens de session pour l'enregistrement, emprunté à Delain ou encore Blind Guardian. Alors si on se penche sur le descriptif donné de cet album via le site officiel, on parle de metal symphonique puissant et mélodique, variant entre celtique & rock et une voix enchanteresse. Alors la puissance brute, celle qui ferait dévisser les cervicale, ne cherchez pas, il n'y en a pas. C'est un album tout en douceur et en poésie, et la puissance symphonique réside dans l'orchestration riche et finement menée qui donne la couleur de Leah, qui habille l'univers féérique et celtique d'une cape et d'une épée pour mener sa douce croisade. La voix reste dans la même idée, douce et harmonieuse, et se pose sur les morceaux comme une plume. Je suis, du coup, moins d'accord avec son descriptif d'une puissance vocale qui est ici totalement absente. Les amateurs de musique celtique type Loreena Mackenitt ou encore Enya devraient grandement apprecier, tout comme ceux de Delain. Leah est entre ces deux mondes, variant d'un rock entêtant à des airs de harpes vaporeux. Les guitares sont tantôt discrètes mais soutiennent les mélodies, tantôt lourdes sur certains passages, avec de petits solos, pour que l'on n'oublie pas le côté metal de la jeune femme. Et ce mélange metalo-rock-celtique marche à merveille et passe agréablement sur les 13 morceaux de l'album. Oui 13, les deux derniers sont une reprise "Siuil A Ruin", morceau souvent repris par les groupes et musiciens celtiques justement, et dont l'origine est un air traditionnel irlandais. On a droit également à une version dite "rock", mais alors très soft et je pense que cette version est obsolète car encore trop douce, même si cela reste du coup dans la thématique de l'album.

Donc vous l'aurez compris, si vous cherchez du metal qui arrache, passez votre chemin. Leah nous montre ici un album des plus féminins, qui sonne très personnel et identitaire d'une envie de se démarquer de tout autre groupe du même style. C'est doux, c'est précieux et malgré 15 morceaux, la dynamique ne retombe pas trop et elle arrive à nous enchanter sur près de ces 80 minutes de morceaux ! Pari réussi, fan conquis ? Pour moi, malgré l'absence de morceaux bien metal qui du coup le rangerais plutôt dans la catégorie "rock", c'est oui !