Le groupe
Biographie :

Latitudes est un groupe anglais de sludge combiné au post-metal, composé de Adam Crowley et Tim Blyth à la guitare, Mike Davies à la batterie, Jon Lyon à la basse, Rich Harper au clavier et Adam Symonds pour les quelques parties de chant. Après un premier EP en 2007, le groupe sort "Agonist" sur le label Shelsmusic. Trois ans plus tard et quelques concerts en plus, le groupe livre son second album "Individuation". Le troisième album, "Old Sunlight", sort en Janvier 2016 chez Debemur Morti Productions. "Part Island" sort en Avril 2019.

Discographie :

2007 : "Bleak Epiphanies In Slow Motion" (EP)
2009 : "Agonist"
2012 : "Individuation"
2016 : "Old Sunlight"
2019 : "Part Island"


Les chroniques


"Part Island"
Note : 15/20

Encore un groupe dont je vous avais déjà parlé, en l'occurrence Latitudes qui revient avec "Part Island", son quatrième album. Là encore, le groupe est difficile à cerner tant ses influences sont vastes mais ce qui est sûr, c'est que "Old Sunlight" proposait quelque chose d'intéressant donc c'est avec curiosité que l'on va se pencher sur ce nouveau méfait.

Premier constat, Latitudes n'a pas abandonné son amour des morceaux longs puisqu'on croise souvent des titres de six ou sept minutes voire plus sur "Part Island". Par contre, l'entame de "Underlie" qui ouvre l'album nous surprend avec son chant plein de fragilité sur fond de guitare acoustique. Il faut dire que "Old Sunlight" avait tout du magma musical et nous attaquait à la gorge d'entrée de jeu donc cette entrée en matière toute en douceur est d'autant plus surprenante. L'électrique revient bien vite puisqu'on l'entend déjà avant même la fin du morceau, mais même si l'ambiance se durcit un peu il reste toujours cette beauté rugueuse en arrière-plan et les lignes de chant magnifient encore cette impression de mélancolie. C'est d'ailleurs l'impression que laisse tout l'album, celle d'une musique un peu plus posée, plus triste et plus contrôlée. L'impression d'être pris d'assaut de tous les côtés par des morceaux aux allures de sables mouvants est moins prégnante sur "Part Island", le groupe préférant y développer des ambiances plus planantes et aux émotions plus puissantes. On y entend peut-être un peu plus de post-quelque chose cette fois (oui, c'est très précis comme étiquette) mais Latitudes n'y perd rien en personnalité ou en qualité. On change un peu de forme mais on sent l'honnêteté de la chose et la beauté des lignes de chant et des mélodies est assez saisissante.

Quelques gros riffs sont encore présents mais globalement la musique de Latitudes se fait un peu plus planante et éthérée cette fois. Pas forcément accessible pour autant puisque même si la musique du groupe a moins tendance à partir dans tous les sens, elle n'en reste pas moins massive. Ce nouvel album est émotionnellement plus fort mais moins éprouvant et épuisant que son prédécesseur, la violence n'y trouvant pas autant de place pour s'exprimer. "Old Sunlight" n'était pas un album brutal mais on sentait les influences Converge dans les riffs tordus et durs qui ont disparu ici. "Part Island" se rapproche plus de la scène post-core avec de longues plages planantes enrobées de mélodies mélancoliques. Finalement, la pochette résume bien l'album et la grisaille qui enserre la musique de Latitudes sur ce nouvel album. Un nouveau visage qui ne plaira peut-être pas à tout le monde mais qui convient plutôt bien au groupe et avec lequel il arrive à livrer de très beaux morceaux. Les ambiances sont prenantes et confèrent une homogénéité plus marquée que sur le précédent album, là encore le fait d'avoir resserré les différentes influences permet de donner un aspect plus compact à la musique de Latitudes.

Nouvel album plus posé, plus calme et moins torturé pour Latitudes mais toujours sombre, mélancolique et beau. On change un peu de forme mais la qualité est là et la personnalité du groupe n'en ressort pas changée ou altérée pour autant.


Murderworks
Mai 2019




"Old Sunlight"
Note : 16/20

Quand vous tombez sur un groupe dont les influences avouées vont de Rush à Blut Aus Nord en passant par Neurosis, Immolation, Converge, Mastodon et King Crimson, vous avez un petit coup de chaud ! Vous vous demandez sur quoi vous allez tomber et si vous allez bien pouvoir cerner la bête, et il se trouve que le groupe en question est Latitudes qui nous livre ici son troisième album, "Old Sunlight".

Et pour ne surtout pas ménager le pauvre auditeur venu se perdre dans les méandres de ce labyrinthe musical, le groupe attaque directement avec les 9 minutes de "Ordalian" qui servira de manifeste, une façon d'annoncer la couleur sans prendre de gants. Et finalement ce n'est pas plus mal, les groupes qui osent et qui prennent des risques sont toujours les bienvenus, même si on les maudit parfois quand il s'agit d'écrire quelque chose sur leur musique. Tout ça pour dire que malgré ses 44 minutes ce "Old Sunlight" est sacrément touffu et que vous n'êtes pas prêts d'en avoir fait le tour, et la prod' très étouffée et très compacte ne fait que renforcer cette impression. Structure tordues, musique tenant plus du magma musical que de la construction traditionnelle, ambiances lourdes et lumineuses à la fois, sans compter que comme sur les deux précédents albums "Old Sunlight" est majoritairement instrumental. Il y a certes du chant clair pour accrocher l'oreille de temps en temps mais il est assez rare, même si ses interventions sont toujours pertinentes et apportent un supplément de mélodie et de lumière parfois bienvenu. A ce titre, le break de "A Body Within A Body" est proprement magnifique, la superposition de ce chant clair très doux et aérien à l'orgue en arrière-plan est somptueux et m'a rappelé à raison ou non le "Organic But Not Mental" de Morthem Vlade Art. A noter d'ailleurs que cette fois Adam Symonds n'est plus un simple guest, il fait dorénavant partie du groupe.

Sorti du vague rapprochement que je viens d'effectuer, il est bien difficile de pointer un groupe qui évoluerait dans la même veine, j'ai bien peur que vous en soyez réduits à vous reporter aux influences citées par le groupes lui-même. Leurs influences prog se sentent dans les structures assez alambiquées, celle de Neurosis dans les riffs très torturés et beaux à la fois ainsi que dans la capacité à créer une musique évocatrice et basée sur les ambiances, quant à celle de Blut Aus Nord elle se sent dans les diverses dissonances que le groupe place régulièrement. A part ça, allez décrire un magma pareil à une personne qui n'a jamais écouté une note de la musique de Latitudes ! Un compliment artistique que de dire ça certes, mais un cauchemar pour les petits chroniqueurs que nous sommes. Et pourtant malgré l'intensité et la densité de l'album, on s'y plonge et on se rend compte que les 44 minutes sont passées très vite, la preuve que le groupe sait où il va et qu'il a le don de nous emmener avec lui. Il est rassurant de voir que certains groupes et labels prennent dorénavant quelques risques et prennent la peine de proposer quelque chose de personnel, on en a de plus de plus qui nous tombent dans les oreilles et c'est toujours un plaisir de découvrir des groupes qui créent des univers bien à eux.

Un troisième album toujours aussi impénétrable, sombre, mélodique, pesant, dense et immersif. Un cocktail personnel assez difficile à décrire qui devrait convenir aux plus aventureux d'entre vous.


Murderworks
Mars 2016




"Individuation"
Note : 19/20

Après avoir écouté, ré-écouté, décortiqué ce nouvel album de Latitudes, je ne suis toujours pas convaincu par l'artwork de "Individuation". Heureusement, c'est bien là le seul point noir de cet opus qui frôle la perfection.

L'album s'amorce avec une entrée en matière déjà mysterieuse et inquiétante, pesante, avant que la batterie ne vienne dynamiter le tout. Ca s'énerve franchement tantôt rapide, tantôt lourd, toujours puissant. Sans chant, "Hyperstatic Forge" nous propulse au coeur du sujet, un sujet drôlement bien maîtrisé. Esperont que la suite soit de la meme trempe ! Avec "Imitation Ruin", la formation nous transporte vers des sonorités un peu plus atypiques toujours mêlées à de grosses parties metal d'une qualité bien appréciable. Le chant fait son apparition, clair, se placant avec pudeur entre les notes de musique pour ne pas couvrir le reste. Latitudes n'applique pas (ou peu) le schéma couplet-refrain et profite d'un format de morceau plutôt long (entrd 5 et 10 minutes en moyenne) pour nous raconter une nouvelle histoire à chaque piste. La force majeure de la formation réside dans sa capacité à exprimer ce qu'elle souhaite par le seul moyen de la musique ("Vortice Of Malady") et à user de structure inspirées et plus ou moins complexes pour ne jamais nous lasser. Un titre court au programme quand même avec "Isleward" qui est finalement plus une sorte d'interlude proche de l'ambiance du début d'album. Impossible de s'ennuyer, l'opus est bien construit, l'enchaînement des titres judicieux, voix aériennes, mélodies, gros metal, on engloutit les pistes sans voir le temps passer avec "Shapeshifting" puis"Metabolic Pathways" qui fait naître en vous une sensation de malaise absolument divine. Après "The Glacial Body" qui est là pour parfaire un décor déja peint avec minutie, on attaque avec regret certes, mais en gardant à l'esprit qu'on arrive à l'aboutissement de l'album, à son apogée, "Individuation (Telos)".

Avec cet album, "Individuation" me scotche littéralement tant les mélodies et les ambiances sont travaillées. On parle souvent "d'univers" d'un groupe pour en évoquer sa musique. Ici, l'auditeur est complètement transporté sur une autre planète. Un album tout simplement magnifique, extrêmement abouti, et qui aura en plus la capacité de séduire un large public sans proposer une série de clichés prêts à satisfaire les goûts individuels de chacun.


Kévin
Novembre 2013


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/latitudesmusic