Six ans après son premier album, le groupe de death progressif Lamentations est de retour cette fois chez Willowtip Records avec son deuxième album "Passion Of Depression". Si "Echoes In The Wind" sorti en 2016 était déjà bon dans un registre à la fois technique brutal et mélodique, le groupe passe la seconde et produit cette fois quelque chose de plus personnel.

Parce que certes ce premier album était bon et efficace dans le genre mais manquait peut-être d'un peu de personnalité pour vraiment se faire remarquer, un manque qui est comblé sur "Passion Of Depression" qui voit le groupe défricher un peu plus et tenter de nouvelles choses. "Prodigal" démarre l'album sur une veine très progressive justement et plutôt mélodique sur un rythme plus posé et mid-tempo. De gros coups de double grosse caisse mettent la pression et amènent une bonne dose d'agressivité dans un morceau assez nuancé qui propose une ambiance sombre et mélancolique. On retrouve les ingrédients que distillait déjà "Echoes In The Wind" mais intégrés de façon plus subtile et plus personnelle cette fois, l'équilibre est bien géré entre la mélodie, la brutalité et la technicité et Lamentations fait vite entendre qu'il a bien travaillé pendant six ans. On entend même du piano et de la guitare acoustique sur un break évidemment très calme et mélodique en plein milieu de morceau qui laisse aussi un peu de place à du chant clair. "Anew" enchaîne avec un démarrage en acoustique d'ailleurs avec là encore de bien belles mélodies avant d'embrayer sur un death metal très progressif une fois de plus. Les accélérations et les tapis de double grosse caisse sont bien là, les blasts aussi et Lamentations nous met un bon coup de boost après un premier morceau plus posé. Toujours est-il que même sur un morceau plus brutal comme celui-ci, on sent que le groupe propose quelque chose de plus subtil, de plus finement ciselé que sur son précédent album. On a donc un death metal progressif moins frontal, plus nuancé et plus original qui se fait entendre sur "Passion Of Depression", ce qui devrait permettre au groupe de sortir du lot plus facilement.

Les passages acoustiques ou en chant clair renvoient parfois à Opeth évidemment mais sans que l'influence soit trop flagrante, comme sur le break très progressif de "Shiver" qui nous fait passer par plus d'une ambiance pendant ses dix minutes. Un passage qui a tout du calme avant la tempête puisque le groupe balance un passage brutal et puissant juste derrière, le contraste est destructeur une fois de plus et la puissance n'en est que décuplée. Quelques petites expérimentations se font entendre aussi notamment avec un passage dont le rythme n'est pas loin de la samba ! "Sombre", quant à lui, démarre de façon plus dramatique et cinématographique avec des orchestrations de toute beauté et des ambiances immersives. Un long morceau de onze minutes qui passe lui aussi par pas mal de sonorités différentes avec des passages très mélodiques en chant clair, d'autres très techniques et touffus et une bonne dose de brutalité au milieu de tout ça. Malgré toute cette richesse et cette variété d'ambiances et de sonorités, "Passion Of Depression" ne se fait jamais trop complexe ou inaccessible, Lamentations met suffisamment les mélodies et les ambiances en avant pour que l'ensemble captive facilement. Le groove n'est pas oublié non plus et "Sombre" nous fait justement entendre des riffs brise-nuque très efficaces en milieu de morceau. La brutalité, même si moins frontale, est toujours présente et un morceau comme "Ire" est tout de même assez méchant et même si la mélodie trouve toujours un moyen de se faire entendre cela reste plus agressif que le reste de l'album.

Lamentations a donc bien bossé pendant six ans et "Passion Of Depression" met clairement la barre un cran au-dessus par rapport à "Echoes In The Wind". On retrouve la même personnalité mais de façon bien plus affirmée avec un death progressif toujours technique, brutal et mélodique mais dont tous les éléments s'imbriquent de manière plus subtile et plus fine. Cela donne un album plus varié, plus profond et plus riche qui développe un univers plus personnel et devrait permettre à Lamentations de tirer son épingle du jeu.