Le groupe
Biographie :

Laibach est un groupe de musique industrielle, expérimentale et avant-gardiste slovène, originaire de Trbovlje. Mêlant influences diverses (electro-industriel, martial industrial, dark wave néo-classique notamment), c'est l'un des premiers groupes de ce genre musical à avoir atteint une renommée internationale, à l'instar de Ministry. Il doit notamment son succès à une reprise de "Live Is Life" de Opus, parue sur l'album "Opus Dei", publié par le label Mute Records, mais sa renommée dans le milieu industriel remonte à ses débuts. Le nom du groupe est dû au nom en allemand de la ville slovène de Ljubljana. Le groupe appartient à un collectif d'artistes slovènes rassemblés sous l'appellation Neue Slowenische Kunst (NSK).

Discographie :

1985 : "Laibach"
1986 : "Nova Akropola"
1987 : "Opus Dei"
1992 : "Kapital"
1996 : "Jesus Christ Superstars"
2003 : "WAT"
2006 : "Volk"
2014 : "Spectre"
2017 : "Also Sprach Zarathustra"


La chronique


Le nouvel opus de Laibach s'appelle "Also Sprach Zarathustra" et comme à son habitude il est déroutant. L’album "Spectre" sorti il y a 3 ans maintenant, était déjà une surprise avec des morceaux très electro emmenés au chant par la voix frotté au gros gravier de Milan Fras et une Mina Spiler particulièrement robotique et martiale. Si certains ont été déçus, c’est pour moi un des albums fétiches de ma discothèque. C’est donc avec une curiosité grandissante que j’attendais d’avoir "Also Sprach Zarathustra" dans les mains !

De manière générale, à la première écoute, le ressenti que j’en ai c’est que cet album serait parfait pour une bande originale de film. Et pour cause. Renseignements pris, en lisant plus tard la promotion jointe à l’album, j’apprends que le projet est né d'une oeuvre théâtrale sur Nietzsche (d'où le titre…). "Also Sprach Zarathustra" est en fait une réactualisation de la musique composée en 2016 par Laibach pour cette production. Evidemment, c'est une oeuvre de Laibach, donc le sujet n’est pas léger et sans fond. C'est logiquement une "version musicale" du livre Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche. Et bien que mon allemand soit un peu rouillé, il est suffisant pour saisir que les (quelques) textes reprennent les concepts de l’œuvre. A savoir, en faisant un gros raccourci, "L'homme comme un pont et non un but", "la volonté de s'élever pour devenir autonome", "les 3 transformations de l'esprit qui amène à la renaissance de l'esprit et la liberté de penser par soi-même".

Revenons d’abord sur l’aspect musical de l’objet. Si vous vous attendiez à danser comme vous avez dansé sur "Spectre", eh bien… vous serez déçus… ou pas d’ailleurs ! Ici les compositions et les sons utilisés sont extrêmement minimalistes laissant une atmosphère plutôt inquiétante, et la voix très rare de Milan Fras ne vient pas pour réchauffer l'ambiance. Froid vous avez dit ? Non. Glacial. L’opus débute par une ouverture symphonique digne des plus grands morceaux de la musique classique, profonde et émouvante et qui laisse imaginer un album dans la même veine. Que nenni. Dès le second morceau, Milan Fras déroule son conte philosophique en déclamant les phrases/concepts clé de Ainsi parlait Zarathoustra, soutenu par des sons synthétiques qui me rappellent certaines compositions sombres de Dany Elfman, et ponctué par une rythmique peu présente, juste là pour souligner les propos parfois.

Quant au sujet philosophique de "Also Sprach Zarathustra", qui n’intéressera peut-être pas tous les auditeurs, il est brillamment illustré et construit de façon à ce que le propos du livre soit respecté. Au fur et à mesure des morceaux, Laibach réussit à mettre en musique l’Homme qui sort de son carcan et parvient à élever son esprit. L’aboutissement de cet état est symbolisé dans les deux derniers morceaux de l’album. "Vor Sonnen – Aufgang" est la dernière étape avant de pouvoir atteindre la plénitude de l’esprit, "Von Den Drei Verwandlungen" (les fameuses 3 transformations de l’esprit). Musicalement cela se traduit par une mélodie enfin lumineuse et libérée, légère et poétique. Mina Spiler y pose les mots de sublime manière. Sa voix qui était si tranchante sur "Spectre" est ici d’une douceur infinie.

En résumé, Laibach est aussi libre que le concept de Zarathoustra. Ce groupe ne fait bien que ce qui lui plaît et livre un album philosophique plein d’audace. Que vous soyez sensible ou non au message véhiculé, allongez-vous confortablement, vissez-vous un casque sur les oreilles, fermez les yeux et savourez. Simplement.


Miss Bungle
Juillet 2017


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.laibach.org