Le groupe
Biographie :

Lacrimas Profundere est fondé en 1993 par le guitariste Oliver Schmid. A cette période, le groupe est influencé en premier lieu par le doom, qu’il mixe avec une voix féminine et des éléments classiques. Avec la venue de la chanteuse Anja Hötzendorfer, Lacrimas Profundere capte suffisamment l’attention pour sortir un premier album, "…And The Wings Embraced Us", sorti en 1995, et suivi en 1997 de "La Naissance D’Un Rêve". Le groupe signe ensuite chez Napalm Records, pour un contrat de cinq album. C’est à ce moment qu’un harpiste rejoint le groupe, pour l’album "Memorandum" (1999). "Burning : A Wish" est, en 2001, le premier album à recevoir de l’attention de la part de la presse internationale, ce qui permet au groupe de concrétiser sa première tournée internationale, comprenant autant l’Europe que l’Amérique Latine. En Avril 2007, Christopher Schmid, chanteur et membre fondateur, jette l’éponge. Après une brève intervention de Peter Kafka, chanteur de Sonicslave, au poste vacant, celui-ci prend finalement le poste de bassiste, et Rob Vitacca devient le nouveau chanteur de Lacrimas Profundere. Le premier album avec cette nouvelle voix est "Songs For The Last View", sorti en 2008. L'album suivant, "The Grandiose Nowhere", sort fin Avril 2010. "Antiadore" sort le 24 Mai 2013 chez Napalm Records. Trois ans après "Antiadore", Lacrimas Profundere annonce avoir signé chez Oblivion / SPV pour la sortie de "Hope Is Here" le 12 Août 2016. "Bleeding The Stars" sort en Juillet 2019 avec un nouveau chanteur, Julian Larre. "How To Shroud Yourself With Night" sort en Août 2022.

Discographie :

1995 : "…And The Wings Embraced Us"
1997 : "La Naissance D’Un Rêve"
1997 : "The Crown Of Leaving" (EP)
1998 : "The Embrace And The Eclipse" (EP)
1999 : "Memorandum"
2001 : "Burning: A Wish"
2002 : "Fall, I Will Follow"
2004 : "Ave End"
2006 : "Again It’s Over" (EP)
2006 : "Filthy Notes For Frozen Hearts"
2008 : "Songs For The Last View"
2010 : "The Grandiose Nowhere"
2013 : "Antiadore"
2016 : "Hope Is Here"
2019 : "Bleeding The Stars"
2022 : "How To Shroud Yourself With Night"


Les chroniques


"How To Shroud Yourself With Night"
Note : 19/20

Lacrimas Profundere revient donner vie à la mélancolie. Créé en 1993 en Allemagne en tant que Dark Eternity, le groupe changera rapidement de nom pour devenir celui que l’on connaît aujourd’hui. En 2022, Oliver Nikolas Schmid (guitare), Dominik Scholz (batterie), Julian Larre (chant) et Ilker Ersin (basse, ex-Freedom Call) annoncent la sortie de leur douzième album, "How To Shroud Yourself With Night".

L’album débute sur la sombre "Wall Of Gloom" et ses tonalités majestueuses. Le son lancinant mêlé au chant expressif du vocaliste accueille des choeurs féminins ainsi que quelques éclats de voix plus agressifs, créant une diversité entêtante sur les refrains pesants, laissant les leads aériens nous mener à "A Cloak Of Woven Stars", une composition plus énergique qui propose quelques riffs lourds pour créer un contraste avec les éléments les plus motivants. Le chant nous dévoile à nouveau tout un panel de tonalités allant de cris viscéraux à des parties plus douces avant que "Nebula" ne vienne raviver cette quiétude inquiétante dans laquelle le groupe développe des sonorités planantes qui explosent lors des refrains. A nouveau, les choeurs donnent du relief au morceau, tout comme sur "In A Lengthening Shadow" et ses influences gothiques parfaitement identifiables et presque joyeuses. Le son sera parfait pour fédérer les fosses du monde entier avant de les assommer à nouveau avec "The Curtain Of White Silence", sur lequel le vocaliste nous offre une performance brute suivie d’influences death metal ravageuses pour créer une vague d’intensité incroyable.

"Unseen" prend la suite avec quelques claviers mystérieux sur lesquels la rythmique s’enflamme, tempérée par quelques éléments plus hypnotiques accompagnant le chant, puis "The Vastness Of Infinity" nous dévoile peu à peu un son majestueux peuplé par des touches mystérieuses. Les riffs imposants accueillent des leads plus calmes et mélodieux avant que "To Disappear In You" n’apporte cette touche énergique à la noirceur attirante. On notera également des parties plus agressives dominées par une double pédale vive et des hurlements massifs, puis "An Invisible Beginning" nous transporte à nouveau dans une quiétude apaisante en compagnie de ces riffs épais et de ces refrains entêtants. Le groupe referme l’album avec "Shroud Of Night", une dernière composition qui pioche dans ses influences premières tout en ajoutant cette touche plus moderne aux sonorités gothiques aussi pesantes qu’attirantes et hypnotiques, alliant lourdeur et efficacité brute.

Quand j’ai découvert Lacrimas Profundere, j’ai immédiatement été happé par la sincérité de leur musique. Au fil des albums, le groupe a évolué, et "How To Shroud Yourself With Night" sonne comme une sorte de retour aux sources de la mélancolie et de la noirceur comme on l’aime.


Matthieu
Octobre 2022




"Bleeding The Stars"
Note : 16/20

Elevés au rang de poids lourds du metal gothique à travers les années et les productions de qualité, Lacrimas Profundere revient après un remaniement de line-up conséquent. Toujours aux commandes depuis 1993, Oliver Nikolas Schmid (guitare) a récupéré le batteur Dominik Scholz (parti en 2013) et recruté Julian Larre (chant) pour composer et enregistrer "Bleeding The Stars", le douzième album de la formation allemande. Et si vous connaissiez le groupe avant comme c’est mon cas, laissez-moi vous dire que le changement est de taille !

L’album débute avec la lente "I Knew And Will Forever Know". L’ambiance est pesante, la mélancolie présente à chaque note, et le chant de Julian se mue parfois en hurlement de tristesse. On passe à présent à "Celestite Woman", toujours aussi empreinte de cette douce langueur, mais la voix devient également plus grave, rappelant un célèbre groupe venu d’Helsinki. Le mix de la voix et le mélange entre deux tonalités rend parfaitement bien, et les riffs sont également de qualité. Alors qu’elle démarre très doucement, "The Kingdom Solicitude" explosera d’un coup, et les hurlements du frontman feront leur retour, apportant cette touche agressive à l’univers gothique des Allemands.

Retour sur ces sonorités aériennes et douces qui font la part belle à la mélancolie et aux harmoniques plus légères, "Mother Of Doom" est un titre qui met en avant le son de la basse, qui ronronne tranquillement en arrière-plan alors que "Father Of Fate" est plus directe. Le son est plus violent, les riffs tranchants et même si le chant reste principalement clair, quelques hurlement s’inviteront sur le refrain. C’est à nouveau sur la puissance de l’atmosphère instaurée que la martiale "Like Screams In Empty Walls" joue au maximum, laissant au guitariste la possibilité de caler quelques riffs dissonants, pendant que la session rythmique fournit une base plus que solide. Mêlant à nouveau harmoniques légères et guitares lourdes "The Reaper" semble être une sorte de pont entre l’album précédent et celui-ci, permettant aux fans de retrouver un peu de cette douleur permanente qui flotte dans l’atmosphère lorsque Lacrimas Profundere joue.

"After All Those Infinities" est sans nul doute le morceau le plus énergique de cet album, mais il est pas questions pour les Allemands d’oublier ces éléments qui façonnent leur style. C’est donc un clavier et un double chant qui rejoint rapidement la rythmique, alors qu’"A Sip Of Multiverse" repart sur des tonalités douces et calmes. Plus lourd, le refrain arrive après une pause qui enfonce à nouveau le cran de la mélancolie, mais c’est sur "A Sleeping Throne" que l’album s’achève. Pas de réelle surprise pour ce morceau qui reste très appréciable, mêlant habilement des riffs pesants et des harmoniques plus douces, sur une section rythmique assez groovy.

Si le départ de la quasi-totalité des musiciens de la formation faisait peur aux fans, Lacrimas Profundere ne s’est pas laissé abattre et "Bleeding The Stars" est né. Bien qu’un peu différent de ce que l’on connaissait au groupe, il s’inscrit comme la pierre du renouveau dans cette discographie déjà très fournie. Leur future tournée avec les géants finlandais du style ne pourra que confirmer cette impression !


Matthieu
Août 2019




"Antiadore"
Note : 13/20

Je l’avoue, je m’étais attachée à Lacrimas Profundere. Malgré leur apparente volonté de se détacher de leur doom profond des débuts pour en arriver au rock gothique mélancolique et sirupeux d’aujourd’hui –décevant pour un certain nombre de fans–, un certain charme demeurait. Un peu niais, certes, mais agréable tout de même. De plus, comme je le disais déjà dans ma chronique précédente, le groupe n’a, selon moins, rien perdu lors de son changement de line-up, compte tenu des capacités vocales de Rob Vitacca. Ce dernier m’avait encouragé, il y a trois ans, à donner, voire redonner une chance à "The Grandiose Nowhere" qui ne m’avait pas convaincue dès les premières écoutes.

J’espérais retomber amoureuse des Allemands avec leur nouvel album. J’ai à présent le regret d’annoncer que ce n’est pas le cas. De fait, "Antiadore" est agréable. Le travail est réalisé avec soin, la production est à la hauteur, les compositions se tiennent dans leur désormais éternel carcan "paroles soit disant dépressives (un titre comme "Still In Need", pourtant appréciable, pourrait l’être tellement plus s’il n’était pas desservi par des textes aussi clichés !) / refrain accrocheur". Et c’est tout pour les commentaires. Je veux dire : vraiment tout ! Parce que l’album a beau être relativement plaisant, malheureusement rien n’en ressort (si, quelques refrains : la belle affaire !). En fait, le problème est le suivant : si vous désirez vous faire une idée de "Antiadore", écoutez donc l’album précédent. Et celui qui l’a précédé. Vous vous ferez ainsi une représentation correcte de ce nouvel opus, qui a néanmoins quelque chose de plus : l’inspiration essoufflée.

J’espère avoir tort en disant que Lacrimas Profundere a fait le tour de la question musicale qui le concerne, mais cette sortie ne m’offre rien qui pourrait me prétendre le contraire. Je resterai donc sur une déception, et quelques titres agréables à écouter d’une oreille de temps à autre ("My Release In Pain", "My Chest"), en attendant, je l’espère, une suite plus convaincante.


Gloomy
Août 2013




"The Grandiose Nowhere"
Note : 14,5/20

Depuis son commencement, Lacrimas Profundere nous a habitué à une régularité métronomique concernant ses sorties : jamais plus de deux ans n’ont séparé deux albums, et ce sans même compter les nombreux EP’s. Ce "The Grandiose Nowhere" ne constitue aucunement une exception à cette "règle" établie, puisque son prédécesseur, "Songs For The Last View", avait vu le jour en 2008. Profitons de cette petite parenthèse pour rappeler que "Songs For The Last View" était le premier album à voir apparaître au chant Rob Vitacca, à la voix grave, profonde, et surtout terriblement modulable, ce qui m’avait à cette époque aisément séduite ! C’est donc presque logiquement que j’étais impatiente d’écouter ce nouvel opus, que j’espérais apprécier autant que son prédécesseur.

Des bâtiments très modernes en arrière-plan, un vieil homme, bagages auprès de lui, semblant visiblement perdu, le tout sous des tons bleutés : telle est la pochette de "The Grandiose Nowhere". Quant aux titres des morceaux en eux-mêmes, ils traduisent encore une fois sans peine le contenu des paroles. "Be Mine In Tears", "Not For Love", "Dead Heart Serenade",… Pas de doute là-dessus : le romantisme sucré (qui a dit "mièvre" ?) et mélodramatique est à nouveau de sortie ! Allez, c’est quand même comme ça que l’on apprécie Lacrimas Profundere, non ? On apprécie également Lacrimas Profundere grâce à ses mélodies aisément mémorisables. Bonne nouvelle pour les amateurs : elles aussi sont de la partie, bien évidemment ! Pourtant, mes premières impressions à la fin de ce nouvel opus n’étaient pas celle d’une personne bien convaincue. Pourquoi ? Alors que Rob Vitacca se montre aussi performant que précédemment ? Alors que les refrains restent toujours autant en tête ? Alors que Lacrimas Profundere demeure le Lacrimas Profundere que j’ai appris à autant affectionner ? J’ai envie de répondre que c’est justement pour la dernière des raisons citées que je suis d’abord restée sur ma faim. Oui, Lacrimas Profundere perdure dans son rock gothique plaisant. Cependant… c’est tout ! C’est agréable, mais on a l’impression de n’avoir vécu aucun changement entre les deux derniers albums. Je veux bien admettre que lorsqu’un groupe trouve une voie idéale à suivre, il ne s’en détourne pas aussitôt ! Ce qui n’empêche pas le renouvellement, même minime ! Ce manque cruel de rebondissement et de surprise m’a presque convaincue de poser ce disque définitivement dans la pile des "affaires classées" (comme ils disent dans la police). Quelque chose m’a pourtant convaincue d’insister un peu davantage. J’ai donc essayé, et sans regret !

Ma position ne subit pas de changement radical pour autant, mais les charmes de "The Grandiose Nowhere" me sont soudainement apparus comme plus évidents. L’atmosphère générale est en réalité plus sombre qu’auparavant, plus tragique et dramatique et, de ce fait, la part heavy et lourde des titres en ressort bien mieux. Malgré cela, impossible de ne pas sortir de cette écoute avec l’impression d’avoir profité d’une belle bouffée d’air frais, même si cela peut sembler incroyablement contradictoire. Et puis, Rob Vitacca, quoi ! Le chanteur du groupe mérite sa place peut-être plus que n’importe qui d’autre à ce poste, ai-je envie de dire en l’écoutant. Il est en effet capable de diffuser parfaitement cette mélancolie typique avec puissance et émotion. Pas de "choc" à l’horizon (ni dans un sens, ni dans l’autre, remarquons… Ce qui vaut finalement sans doute mieux qu’une déception crue !). Pas de coup de théâtre subit. Mais un attrait subtil et progressif, qui permettra aux auditeurs d’apprécier cet album à sa juste valeur, quoi qu’il en soit !


Gloomy
Avril 2010


Conclusion
Le site officiel : www.lacrimas.com