Un nouvel album de Krokus, c'est un peu comme lorsque Deep Purple ou AC/DC sortent un nouvel album, après une existence de plus de trente-sept ans, les Suisses n'ont plus rien à prouver, et il n'y a plus rien à raconter si ce n'est comment est apprécié cet album.... Les membres s'en vont, reviennent, puis s'en vont de nouveau, puis reviennent encore... et voilà maintenant leur dix-septième album, eh oui, dix sept albums, il y en a qui n'étaient même pas encore conçus, ni pensés, ni même imaginés lorsque Krokus a pondu son premier album... Leur carrière n'a certes pas été celle d' AC/DC, car leur succès a été plus croissant dans les années 80 pour stagner quelque peu ensuite, hormis chez les passionnés, mais cela n'a en rien entaché la qualité de leur hard rock rafraîchissant.

Entre influences texanes proches d'un ZZ Top, et hard rock burné amoureux fou d'AC/DC, en passant par un hard rock country et mélodique un peu sauce Gotthard (ce qui est normal au vu de ce qu'à fait Chris Von Rhor pour ses compères helvètes), malgré les années, Krokus paye sa forme comme un jeunot qui a envie de tout ravager. C'est l'essence même du rock'n'roll qu'on retrouve sur ce "Dirty Dynamite". C'est vrai que sur plusieurs plans Krokus a des similitudes avec AC/DC, tout d'abord au niveau de la voix de Marc Storace qui possède un organe avec un timbre de voix proche des Brian Johnson et autre Bon Scott, et que les rythmiques de "Go Baby Go" ou "Hallelujah Rock'n'Roll" sont plus proches du groupe australien, voire très proches parfois que du "Hard Rock Hallelujah" de Lordi.

Mais la similitude avec AC/DC étant une des facettes de Krokus (on peut le sentir sur tous les morceaux quasiment) et leur évolution étant relativement stagnante, vu qu'ils n'ont pas trop bougé de ce qu'il faisaient avant, on peut donc aborder l'album avec une oreille objective. "Dirty Dynamite" n'apporte donc rien de nouveau, mais les douze titres qui sont sur cet album ont une pêche phénoménale, des petits brûlots qui donnent envie de bouger, de s'éclater et qui mettent une ambiance infernale finalement. Les rythmiques basse / batterie sont endiablées sur tout l'album, et une fois passés les trois premiers titres on passe à la vitesse de croisière avec "Dirty Dynamite", morceau très bluesy / country taillé dans le roc pour être diffusé sur toutes les ondes, dans les bars à thèmes, avec une danse sur le comptoir sans hésitation un peu à la manière du blockbuster Coyote Girls. A la différence d'AC/DC, Krokus arrive à varier les plaisirs au sein d'un même album, c'est à dire qu'à côté des morceaux très hard rock, rythmés et rock'n'roll, on peut se faire du bien sur des titres plus sirupeux, la "ballade" hard rock par excellence. Et ici c'est la reprise des Beatles qui fera office de ballade. Si Bananarama avait rendu "Help" sauce comique et pop, Krokus s'approprie véritablement la chanson et l'adapte parfaitement en lui donnant cette aspect romantique et "balladineux" à souhait pour nous donner envie de faire un gros câlin à la première personne sur qui nos yeux se poseront... Après c'est à vous de bien choisir le moment de mettre le morceau, sinon... Tant pis pour vous !!!

Alors, oui, si rien n'est véritablement révolutionnaire sur "Dirty Dynamite", si les morceaux font penser à du AC/DC-like époque "Highway To Hell / Back In Black", ça n'empêche pas l'album d'être véritablement palpitant et d'attirer l'oreille. On passe sincèrement un super bon moment pendant quarante cinq minutes. Il faut préparer l'été, prendre les claquettes, les lunettes de soleil... euh non, plutôt la harley, le cuir, le casque de la mort, le bandana, tonton Jack, et vent du cul dans la plaine, le dernier Krokus dans les esgourdes et le tour est joué haha, il n'y a pas de mal à se faire plaisir.